Adelaid&Tomas • take me away

Il y avait une sorte de festival aux arènes. Avec tout ce qu'il s'était passé ces derniers temps, ça faisait plus de six ans que tu essayais de profiter de la vie, comme si elle allait s'en aller bientôt. Tu ressemblais à un adolescent, parfois, à toujours vouloir faire des activités dans tous les sens, à supplier tes frères et soeurs pour t'accompagner. Le problème ? Aden ou Ulrich avaient leur vie, ils étaient posés. Ils n'avaient pas vraiment le même temps à t'accorder qu'avant que tu ne quittes le nid familial. Ils étaient toujours d'accord pour passer un peu de temps avec toi. Mais peut-être pas autant de temps que tu ne pouvais demander.

Adelaïd non plus, n'avait pas toutes ses journées, mais pourtant, c'était vers elle que tu allais, et à qui tu demandais toujours de passer du temps. Vous n'aviez pas tant d'écart, et elle était la seule à être plus jeune que toi : alors, elle pouvait comprendre tes lubies comme si tu étais toujours au début de tes trente ans, plutôt que bientôt au milieu de la quarantaine. Pour le coup, tu ne lui as pas beaucoup laissé le choix. Alors elle avait du te suivre. Te suivre parce que tu étais devenu insupportable, à te caler chez elle, et à demander toutes les cinq minutes «Alors, t'es prête ou quoiiii ?» ne lui laissant pas d'autre choix, pour te voir partir de son appart, que de t'accompagner dehors. T'étais trop heureux qu'elle ait accepté. Et honnêtement, t'avais l'impression que ça faisait un peu trop longtemps que t'avais pas passé de temps avec elle. Tu ne savais même pas comment elle allait, si elle s'alimentait correctement, si elle faisait du sport, si elle s'acceptait, si elle fréquentait quelqu'un qui lui disait tous les jours à quel point elle était merveilleuse.

Non, rien de tout ça. Et honnêtement, tu t'en voulais un peu, trop penché sur tes petits dramas personnels, et la volonté de passer ta meilleure vie. Non, t'en avais un peu marre de ce que tu montrait à tes frères et sœurs. Tu voulais qu'ils sachent que t'étais là, et qu'ils pouvaient te faire confiance, même si de l'extérieur, si on oubliait un peu ton caractère, tu ressemblais à un gamin instable : tu en étais bien loin.

Tu étais assis sur son canapé, les bras le long du dossier, et tu jetais ta tête en arrière. «On y va ?» demandais-tu en la voyant debout devant toi. Elle était prête, ça y est ?

Feat @Adelaïd Schuylers & @Tomas Schuylers

Il y avait un festival aux arènes Barclaycard et Adelaïd n’avait pas vraiment d’autre choix que de s’y rendre. L’un de ses frères aînés, celui qui la précédait en âge, en réalité, ne lui avait pas vraiment laissé le choix puisqu’il avait choisi de procéder à une demande pour le moins… Insistante. Il avait ainsi décidé de squatter le canapé de sa petite soeur et de ne pas s’en déloger tant qu’elle n’aurait pas cédé à sa requête, tant qu’elle n’aurait pas accepté de l’accompagner. Pourquoi elle en particulier ? Sûrement parce que le reste de la famille ne pouvait pas et avaient de bonnes excuses pour ça. Ulrich et Aden, notamment, étant mariés, ils avaient moins régulièrement à subir les lubies de Tomas. Pour être honnête, c’était surtout sur elle que ça tombait. L’écart d’âge était bien moindre qu’avec leur aîné à tous. Elle n’avait pas d’enfant, pas de mari… Elle était donc la victime idéale, en fin de compte, pour que son frère la prenne en chasse.

"- Oui, oui, presque !"

Elle était prête ? Oui et non. Enfin, ça dépendait surtout de ce que prête voulait dire. Elle portait une tenue basique, avait préparé son sac à main et c’était à peu près tout parce qu’elle ne savait même pas de quel genre de festival il était question, dans un premier temps et, dans un second, parce que de toute façon, elle n’était pas sûre de savoir comment elle devait s’habiller, au juste.

"- Je crois. Tu ne m’as même pas dit ce que nous allions voir." remarque la brune. "C’est un festival de quoi, au juste ?"

De musique ? Elle voit d’ici l’allure que les autres filles auront. Elle va détonner. Un festival de bouffe ? Elle n’espère pas, pas avec son nouveau régime. Un festival artistique ? Elle n’en sait fichtrement rien, en réalité et ça pourrait être utile qu’elle le sache. La seule chose dont elle est à peu près sûre, avec la mention d’un festival, c’est qu’ils vont beaucoup marcher et qu’un pantalon / basket est un combo qui semble approprié, du coup, pour éviter le mal aux pieds et l’horrible frottement entre les cuisses.

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Ade ne pouvait pas vraiment te dire non. La preuve, tu continuais à camper son canapé, car elle n'avait jamais été capable de te remettre à ta place, non pas que tu n'en avait pas cruellement besoin pourtant. La vérité était que ça ne te ferait pas mal. Mais Adelaid était trop gentille et tu avais beaucoup de chance à ce sujet.

Alors, tu l'attendais, patiemment, non sans répéter la même phrase, inlassablement. Tu eus toutefois ton regard qui s'éclaira quand ta petite soeur arriva devant toi, décrétant qu'elle était prête, bien qu'elle ignorait de quel genre de festival il s'agissait. Oh, mince... tu avais oublié de préciser. «C'est un festival de musique un peu jazzy mais dansante. Et il y a des dégustations de thé dans certains stands. Me dis pas que tu y as jamais été ! ça fait quelques années qu'ils viennent, ça s'appelle Jaz... non, Jazzie... non, Jaze.. Enfin, tu verras bien !» retorquais-tu en haussant les épaules avec une désinvolture très appuyée. Non mais !

Tu t'osais à jeter un coup d'oeil à sa soeur. Tu aimais bien comment elle s'était habillée. «En vrai, c'est un truc de famille d'être beau!» dis-tu fièrement, alors que toi, tu portais des grosses baskets, un short... un polo qui remontait le tout, bien que la casquette vissée à l'envers sur ta tête ne jouait guère en ta faveur. «ça te va très bien habillée comme ça. Mais de toute manière, tout te va, c'est révoltant.» Tu le pensais vraiment, même si Adelaid, elle, avait du mal à le voir.

Puis, toi, Tomas, tu te mis ensuite sur tes pieds, et t'avanças la porte avant de tendre la main à ta soeur, paume vers le ciel. «Après toi, chère soeur.»

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Un festival de musique un peu jazzy, dansante, avec des dégustations de thés. Elle lève un sourcil. Non, elle n’est définitivement pas habillée pour ce genre de choses mais force est de constater que de toute façon, elle ne le sera jamais. Ce n’est pas vraiment son genre de s'habiller comme il le faudrait pour ce genre de choses, de toute façon alors non, elle ne va pas retourner dans sa chambre se changer, tant pis. Elle fera avec, elle n’a pas vraiment le choix. De toute façon, elle n’aurait rien dans sa garde-robe qui correspondrait pour ce festival, partant de ce principe. Autant s’y rendre comme à son habitude, donc.

"- Non, je n’y suis jamais allé." remarque-t-elle, pensive.

Il faut dire que les festivals ne sont pas vraiment son truc, elle n'y va vraiment que pour lui. En prime, elle reste assez casanière, s’épanouissant davantage chez elle ou dans les bibliothèques que n’importe où ailleurs. Les cafés seraient un bon point de chute, aussi, si elle avait bien plus confiance en elle mais puisque ce n’est pas le cas, elle s’installe rarement à une table de ces derniers si elle n’est pas accompagnée. La solitude de son appartement et la compagnie de son bébé chien, c’est encore ce qu’il y a de plus rassurant pour elle. Enfin ça et le temps passé en famille, bien sûr.

Un truc de famille d’être beaux, bien sûr. Elle lève les yeux au ciel en riant. Ouai, lui il est beau. Elle, elle ressemble sûrement à une patate qui a essayé soit de s'habiller soit de se cacher dans ses fringues, elle ne sait pas trop, en réalité, elle-même, ce qu’elle essaie de faire quand il s’agit de s’habiller, sinon se couvrir avec des trucs qui lui vont à peu près.

"- Ben voyons. Allez Casanova arrête ça, j’suis ta sœur quand-même !" plaisante-t-elle avant de le suivre jusqu’à la porte pour sortir. "On prend ta voiture ou la mienne ?"

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Il n'y avait pas vraiment de tenue particulière à avoir pour un festival de Jazz, de toute manière, non ? Tomas avait rapidement scruté le visage de sa soeur, avec un peu de panique : et si elle décidait de retourner se changer ? Ah non, il ne l'attendrait pas encore 45 minutes. Elle l'ignorait, mais elle aurait trouvé là le meilleur moyen de se débarrasser de lui ! «Quoi ? Jamais ! mais je suis sûr que tu vas adorer en plus !» dit-il en jouant le faux offusqué.

Tomas se doutait bien que ça n'était pas le grand dada de sa soeur. Dès qu'il fallait sortir, Adelaïd se mettait en mode protection, comme si tout le monde allait vomir de dégout de son corps, alors qu'elle n'avait rien de moins bien ou de trop par rapport aux autres, malgré ce qu'elle pensait. Oui, elle n'était pas mince, dire le contraire aurait été un véritable mensonge. Mais elle n'était ni "grosse" ni moche. Tomas détestait ces deux termes, et encore plus quand on les appliquait à Ade. Pourtant, la jeune femme se mettait dans une optique de se protéger, se cacher, alors qu'elle se fermait juste clairement à une bonne partie de la vie : à la meilleure partie.
«Casanova, de suite. Je suis pas un Lannister, hein !» plaidoyait-il en riant de plus belle.

«Je t'aurais bien dit qu'on prenait les transports en commun... Mais on prend ma voiture;» Il ne voulait pas paniquer outre mesure Adelaid. «Et si tu veux, tu peux même conduire ! je ferai le gps : "dans 500m, tournez à gauche. tourner à gauche. L'autre gauche, Adelaïd."»

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Quand il explique le thème du festival, elle comprend mieux pourquoi elle n’y a jamais mis les pieds. Parce qu’elle est plutôt casanière, d’une part. D’une seconde, parce qu’elle a tendance à fuir tous les rassemblements de cette nature là, n’étant pas à l’aise pour en copier les codes. Elle sait qu’elle n’est probablement pas habillée pour un festival de musique, mais… Elle sait qu’elle n’est surtout pas capable de s’habiller en conséquence. Elle n’a pas ce qu’il faut. Ni au niveau de son corps, ni dans sa penderie. Alors tant pis. Elle va y aller, comme ça, pour faire plaisir à son frère, même si elle jure un peu dans le paysage et elle priera pour que, l’année prochaine, il trouve une autre victime. C’est un bon plan. Un plan qu’elle peut espérer suivre, en tout cas.

"- Jamais." confirme-t-elle avec un léger haussement des épaules.

De toute façon, elle est mieux chez elle, là où personne ne peut la voir. Où personne ne peut faire le moindre commentaire sur ce qu’elle mange, sur son allure, sur ce qu’elle porte. Là où personne ne peut faire le moindre commentaire sur ce gras qui lui pourrit la vie. Si elle en avait la possibilité, elle ne sortirait jamais. Elle préfère mille fois mieux une petite soirée avec un livre, son chien, loin du monde et des critiques, que de s’exposer. Elle préfère surtout parce qu’elle se sent plus en sécurité, comme ça.

"- Ouai puis j’suis pas fan de la mort par écrasement dans un ébouli de château, tu vois…"

Comme elle est prête à y aller, aussi prête que possible, en tout cas, la jeune femme lève un sourcil à la remarque de son frère, pouffant légèrement face à son imitation plus que… Discutable. Elle n’est pas si gauche. Pas pour ces choses là, tout du moins.

"- Tu te souviens tout de même que je suis enseignante ? Le ciel soit loué, je me souviens encore de ma droite et de ma gauche !"

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Adelaid n’a donc jamais été à un festival… Tomas soupira. Il connaissait les maux de sa sœur à merveille, et ça l’énervait de ne pas pouvoir faire mieux que de les connaître. Il aurait souhaité être en mesure de lui apprendre, de lui apprendre à avoir confiance et à croire à chacun de mots prononcés par la famille. Adelaid était belle, plus qu’elle ne pourrait jamais l’accepter, et quand leur mère le lui disait, ce n’était pas uniquement parce qu’elle était leur mère et que toutes les mamans disaient ça. Mais elle le disait parce que c’était la vérité. Une vérité qui, tant qu’elle ne l’aurait pas appréhendé, ne fera jamais que la retenir en arrière, et l’empêcher d’avancer. Tomas roule des yeux devant cette information. « Je ne sais même pas pourquoi je t’ai posé la question. Mais bon, il faut une première fois à tout, n’est-ce pas ? » râlait-il avant de finalement accélérer la cadence pour qu’ils partent.
Dans la famille, ils avaient des références pop culture un peu similaire, la preuve avec cette discussion un peu lunaire qu’ils avaient sur les éboulements de château. Pourtant, bien qu’il n’éprouvait pas les mêmes sentiments envers Adelaïd que Jaimie Lannister pouvait ressentir pour sa propre sœur, il se serait probablement jeté sur elle pour la protéger des décombres qui s’effondraient sur elle. L’amour fraternel, ça peut prendre différentes formes, hein ! « Allez, alors, dépêche-toi, avant que la maison tombe en ruine sur nos restes » lança-t-il en riant, lui donnant une légère tape sur les omoplates.
Tomas essaya de faire une vanne pour la blague. Il n’aimait pas trop laisser sa voiture à d’autres personnes, mais la famille faisait exception. Toutefois, il s’essayait à essayer de dédramatiser la situation en vannant le sens de l’orientation de sa sœur. Evidemment, elle est enseignante, et connaissait sa droite de sa gauche. Il n’empêchait qu’il était très fier de sa blague. « Roooh, si on peut plus rigoler » râlait-il de plus belle, avant de lancer ses clés à sa sœur. « C’est tout décidé, c’est toi qui conduis. Voilà, t’as tout gagné ! » dit-il en lui tirant la langue.

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Il faut une première fois à tout, affirme-t-il, et le pince les lèvres, hochant la tête. Oui, c'est ce qu'on dit. Est-ce que c'est forcément un précepte à suivre… ça, elle ne sait pas. Mais elle n'en fait pas la remarque, consciente que son grand frère a l'air plutôt heureux de la perspective de se rendre à ce festival avec elle. D'autant plus qu'elle est probablement sa dernière chance, qu'il ne sait pas à qui d'autre proposer cette sortie. Elle ne peut pas lui faire faux bond, alors. Elle ne ferait rien qui puisse ternir le sourire de son frère. D'aucun de ses frères.

Se dépêcher avant que la maison ne tombe en ruine sur leurs pauvres restes, rien que ça. Elle lève les yeux au ciel face à cette affirmation qu'il manifeste, qui n'a pas lieu d'être. La maison est loin de s'écrouler, loin de le risquer, mais elle distingue nettement la référence à game of thrones et à leur conversation précédente.

"- Je crois que ça n'est heureusement pas pour tout de suite mais… allons-y. Je ne voudrais pas que tu rate toutes les choses intéressantes que tu attends de ce festival." déclare-t-elle, honnêtement, y allant bien plus pour l'homme que pour elle-même.

Se posant la question de savoir qui conduit, elle se frotte à l'humour de son grand frère qui imagine un instant qu'il pourrait la laisser conduire et faire le GPS, essayer de la guider, imaginant qu'il pourrait être amené à corriger sa droite et sa gauche. Évidemment, étant enseignante, ce n'est pas le genre de chose que la brune confond souvent et elle ne manque pas de le faire remarquer, ce qui semble contrarier un peu son aîné, qui se plaint de ne plus pouvoir plaisanter. Ses lèvres s'étirent en un sourire.

"- Tu devrais t'inscrire au club des grands frères martyrisés !" remarque-t-elle. "Tu leur dira que ta petite sœur t'empêche de te moquer d'elle..."

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Il a sa propre vie, Tomas, c'est une certitude. Pourtant, il souffre de se rendre compte de tout ce dont Adelaid se prive, tout ça parce qu'elle n'accepte pas qui elle est, ni comment elle est. Il a de la peine de se rendre compte que sa vie suffit à rester cloitrée, car elle craint le regard des autres. Regard qu'elle exagère très probablement, car, elle l'ignore très certainement, mais bon nombre de ses amis d'enfance étaient en crush sur elle, kilos jugés en trop ou non. Il y a tellement de gens qui la trouve belle, et qui ne pensent pas que le poids est un bouclier à la beauté, qui ne pensent pas que le poids en trop la rend moche. Dans le fond, il n'y a qu'Adelaid qui pense que son poids fait d'elle une femme horrible, une femme inintéressante. Il aurait tellement aimé qu'elle sache se voir comme le reste du monde la voyait : elle était belle, elle avait du charme, c'était indéniable. Son meilleur ami au lycée disait d'elle qu'elle était "une femme fatale", d'ailleurs, ce que Tomas n'a d'ailleurs pas apprécié entendre de la bouche de son pote, qui regardait sa soeur avec les yeux d'un charrot, mais quelque part, il n'a jamais contredit pour autant.

Il essaie de presser Adelaid, histoire qu'elle n'ait pas le temps de rebrousser chemin, et de trouver une excuse pour ne pas venir avec lui. Il se sert de la référence à Game of Thrones, un peu comme une référence filée, puisqu'elle lui parlait des Lannister juste avant. Il rit et passa les mains sur ses omoplates, en la poussant dehors. «Sait-on jamais, je préfère ne pas prendre de risque.» dit-il, en prenant les clés au passage, et en refermant la porte derrière eux. Voilà, elle ne peut plus faire demi-tour, c'est trop tard! Il entend qu'Adelaid ne s'inclut pas dans le fait de passer un bon moment et de profiter du festival. Quelque part, ça l'ennuie un peu de savoir que sa soeur ne se voit pas passer un bon moment. Il aurait tant aimé qu'elle se dise qu'elle s'amusera, et que son frère était là pour s'en assurer. Mais non, on n'en est pas encore là. «Je suis sûr qu'il y a des choses qui te plairont aussi !» affirme-t-il alors qu'il met les clés dans les mains de sa soeur.

Il râlote en l'entendant ENCORE le remettre à sa place alors qu'il se moque d'elle. Toutefois, il pouffe. «Que tu crois ? C'est un sport qu'on pratique tous les midis à la salle. Alors j'y suis déjà inscrit, comme tu vois !» rit-il en arrivant devant la voiture, et en ouvrant sa portière pour entrer. Ils sont fin prêts !

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Fin prête, la quadragénaire donne le top-départ de la journée, non sans humour, remarquant qu’elle s’en voudrait de priver son frère de toutes les choses sympathiques qu’il attend de ce festival. Ils ont déjà suffisamment tardé, elle n’est pas certaine qu’ils ne soient pas en retard, même si elle ne l’espère pas. Enfin, du moment qu’ils ne ratent rien d’important, rien de ce que son aîné voudrait absolument voir… Ce sera le principal.

Il est sûr qu’il y aura des choses qui lui plairont aussi. Probablement. Mais rien qui lui manquera si elle les loupe à cause de leur retard, parce que de toute façon, elle ne saura pas ce qu’elle a manqué. Lui, en revanche, a l’air d’être un habitué de ce week-end. Alors autant y aller sans tarder, avant que leur retard ne les condamne à n’entrer que dans plusieurs heures, après une file d’attente interminable comme ça arrive parfois, dans ce genre de festival.

"- On verra ça !" affirme-t-elle en avançant, la porte fermée derrière elle par son frère, alors qu’elle avance en direction de la voiture.

Puisque c’est elle qui doit conduire, d’après lui, elle se dirige côté conducteur. Naturellement, l’homme ne manque pas de plaisanter, s’imaginant faire le GPS, sa sœur lui rappelant néanmoins qu’elle sait se souvenir de sa droite et sa gauche, alors qu’il émet l’idée qu’elle pourrait l’oublier. Mais bien sûr il plaisante et se plaint qu’elle ne le laisse pas faire, ce qui provoque un petit rire, tandis qu’elle s’installe sur son siège.

"- C’est donc ça que vous faites au lieu de bosser sur les programmes !"

Elle fait mine de s’étonner quand il affirme que le club des grand frères martyrisés, il l’a déjà rejoint, s’y rendant chaque midi avec ses collègues, comme le club en question se réunit de toute évidence dans leur salle de pause. Rien que ça. Elle pouffe, imaginant la scène, de grands gaillards comme lui, tout en muscles, occupés à se plaindre des vicissitudes de la vie et de petites ou grandes sœurs qui leur ferait la misère. Rien que ça.

"- Allez, redonne moi l’adresse au lieu de dire des bêtises va…."

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Evidemment, la réserve d'Adelaid lui fait rouler les yeux. Elle est agaçante, à toujours prendre les choses avec des pincettes de crainte de ne pas accepter. Est-ce qu'elle ne pouvait pas, pour une fois, se dire que ça allait bien se passer ? Ou ne pas regarder sa vie se dérouler sans elle ? Il avait l'impression qu'elle se satisfaisait de ça, et quelque part, ça lui faisait de la peine pour sa soeur. Mais il l'a compris avec le temps, il ne peut pas se battre pour elle si elle, elle n'a pas décidé d'engager son combat de son côté. Prendre les armes pour aider un allié qui n'est pas encore entré dans sa guerre, c'était inutile et cela revient à brasser de l'air dans le vent.
Pourtant, Tomas ne fait pas la moindre remarque à sa soeur. Elle a autre chose à penser, et il ne peut pas perpétuellement la mettre face à la vérité alors qu'elle s'évertue à tourner le dos dès que possible. «Oui, on verra !» dit-il seulement, en essayant, lui, de rester positif. Il n'y a rien pour Adelaid à rester cloitrée à la maison. Le monde avance sans elle, malheureusement, alors qu'elle aurait tant à gagner à se mêler à tout ce monde, qui n'est pas à calculer le moindre gramme en trop dans son assiette ou sur sa balance.

Il fait le boudeur, mais c'est simplement pour voir sourire sa soeur. Alors quand il lui affirme qu'il fait partie déjà du club des grands frères martyrisés et qu'il y participe chaque midi à la salle, il ne peut s'empêcher de noter l'air amusé sur le visage d'Adelaid. «Heho, je te permets pas. C'est une réunion qui dure juste le midi, et dans laquelle on raconte la dernière trouvaille de notre tyran de petite soeur. Fais gaffe, je vais leur faire un rapport détaillé. Et ils risquent de faire un rapport à la Police des Petites Soeurs.» La PPS. Qu'est-ce qu'il avait pu faire croire des inepties à sa soeur. Pour qu'elle soit sage, et qu'elle les laisse tranquille, Tomas avait fait croire que si elle n'était pas sage, la PPS viendrait et la mettrait dans une autre famille qui avait une petite soeur, pour la remplacer. Pas cool. Mais ça avait fonctionné, au moins jusqu'à ce qu'elle en parle des mois plus tard, en pleurant, aux parents. Tomas avait été puni, mais c'était une blague qui était restée entre eux.


«Je te la mets sur le GPS, attends.» répond-il, en faisant mine de rien, et en prenant sa tablette gps, en tapant l'adressse du festival.

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Tomas a raison sur un point : Adélaïd est réservée. Discrète. Peureuse. Peut-être même un peu trop. Et elle peut sentir la peine dans le regard de son frère, comme dans ceux de l’ensemble de sa fratrie en réalité, sentir leur désir qu'elle s'émancipe, qu'elle cesse d'observer la vie sans la vivre, qu’elle cesse d’avoir peur de tout mais…. Ils ne comprennent pas tout, pas vraiment. Elle ne se satisfait pas de cette existence, bien sûr que non. Mais cela la blesse bien moins que d’autres options. Vivre dans cette réserve, un peu recluse sur elle-même, c’est son moyen de se protéger. Le monde extérieur est intimidant, blessant, et elle n'est pas prête à l’affronter. C’est toujours difficile. Elle ne s’y sent pas à sa place, se sent dévisagée, pointée du doigt, car n’appartenant pas à la norme.

Elle garde ses pensées pour elle, ne voulant pas ajouter à la frustration de son frère, se contentant d'un sourire léger pour répondre à son propos. Cela n’empêche pas son frère, comme elle aurait pu s’y attendre, de faire mine de bouder. Un grand classique de la famille, à vrai dire, si bien que l’enseignante ne peut s'empêcher de sourire en le voyant ainsi. Il cherche toujours à la faire rire, à lui rappeler que la vie n'est pas uniquement un long chemin de croix.

"- Ah oui, la police des petites sœurs, carrément !?" joue-t-elle le jeu, alors que c’était les menaces qu’il lui faisait déjà quand ils étaient des enfants, avant de poursuivre. "Et qu’est-ce que je risque exactement, de quoi suis-je accusée ?" veut-elle savoir comme ils prennent la route.

Il allume le GPS et rentre l’adresse pour qu’ils puissent atteindre le festival, la brune se plongeant dans sa conduite, restant silencieuse. Un bon moyen de gérer l’évènement à venir. La foule. La norme. Les cases. Ces cases dans lesquelles elle ne rentre pas, comme toute la pop culture ou la société, dans sa globalité, le lui rappelle trop souvent.

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La police des petites sœurs, rien que ça. Une vieille menace sortie tout droit de leur enfance. Une vieille menace dont elle n’a plus entendu parler depuis bien longtemps. Plus ou moins depuis qu’ils ne sont plus des enfants, à vrai dire, et que l’homme ressort maintenant, comme cela lui arrive très occasionnellement. Elle ne s’y attendait pas vraiment. Mais comme d’habitude, elle joue le jeu, faisant mine d’être impressionnée, se demandant de quoi elle pourrait bien être accusée au juste et surtout, ce qu’elle risquait.

Il confirme, répétant son propos, même si en fin de compte elle ne risque pas grand chose, pour ne pas dire rien, si ce n’est d’avoir les oreilles qui sifflent pendant les réunions, si elle oblige son frère à parler d’elle et de ce qu’elle lui fait subir. Lui, la pauvre victime, dans sa réunion de victimes anonymes. Elle pouffe un peu, comme il continue, affirmant qu’elle est accusée d’être injuste et de le tyranniser. De bien grands mots, en réalité. Elle ne se souvient pas l’avoir déjà réellement tyrannisé. Ni lui ni aucun autre des membres de sa fratrie, d’ailleurs. Pas plus qu’ils ne l’avaient eux-mêmes tyrannisés, même s’il y avait bien eu une attaque ou deux à l’époque, dignes de toutes celles des grands-frères sur leurs petites sœurs.

"- Si tu continues tes accusations calomnieuses, je me verrais dans l’obligation de leur donner une sorte de résonance, tu sais…" souffle la demoiselle, le regard rivé sur la route. "Je pourrai me retrouver dans l’obligation de te torturer pour de vrai, juste pour ne pas être accusée à tort, ce serait terrible !" affirme-t-elle, lui jetant un rapide coup d'œil avant de se concentrer de nouveau sur sa route, pas le moins du monde sérieuse, naturellement.

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