♔ jan ackermann

06/08/2023

Il était arrivé en retard au barbecue familial, avait participé aux festivités et avait accepté la tradition familiale de faire la vaisselle. Tu l’avais pris en pitié, sachant que vous cette fois, vous étiez assez nombreux, ayant accepté aussi Lisa et sa mère dans les invités. Tu avais donc décidé, sans l’avis de personne, d’approcher de la cuisine à pas de loup pour venir l’aider. Au moins, pour pouvoir essuyer ce qu’il avait déjà fini de laver. Cependant, ta discrétion naturelle semble trop bien fonctionner avec lui, que tu te sens obligé de te racler la gorge pour que le blond remarque ta présence.

Il se retourne rapidement, te sourit et pouffe un peu.

- Hey Jan ! J’t’avais pas entendu. T’as b’soin d’qu’que chose ?

Qu’il demande, prêt à essuyer ses mains pour t’aider. Tu fronces un peu les sourcils sous sa manière de parler, de zapper quelques lettres dans ses paroles, mais bon… Il est comme ça, tu le sais depuis plus de dix ans. Tu bascules un peu la tête sur le côté, les mains ramenées vers toi, le temps de la réflexion et secoue la tête négativement. Il fronce les sourcils, ne comprenant pas ta présence ici pour le coup. Alors, dans un silence olympien, tu te contentes d’attraper un torchon pour commencer à attraper les assiettes qui trônent dans l’égouttoir et les essuie tranquillement.

Il te fait un sourire à son tour, se remettant au travail en silence. Vous êtes donc là, à faire ça pour bien avancer, entre les assiettes, les verres, les plats… Parce que bien sûr, qui dit barbecue, dit viande et graisse… Sauce et autre joyeuseté qui pouvait nourrir les morfales que vous étiez. Enfin, tes frères et tes sœurs plus que toi, bien sûr. Tu essayes de tout ranger à sa bonne place, évitant ainsi le courroux de Maman Dragon et décide de prendre la parole en premier, voyant bien dans le regard gris du goalie qu’il cherchait lui aussi à dire quelque chose.

- Comment tu vas depuis le temps ?
- Hum ?

Qu’il te demande, levant les yeux vers toi. Tu croises son regard, sans reposer la question. Tu sais comment il fonctionne, comment la réception en deux temps agit sur son cerveau. Il a toujours été comme ça, et tu le comprends d’une certaine manière. Pour cela que tu attends, le temps qu’il retrouve ses mots pour te répondre.

- Oh ça va ! J’ai été un peu prévenu au dernier moment pour le barbec’, mais j’pouvais pas dire non à Ande et j’avais rien prévu d’autre. Puis c’était l’occaz’ de revoir toute la famille.

Tu souris à ton tour, sachant très bien ce qu’il voulait dire. Tes frères et sœurs avaient parfois, dans leurs entourages des personnes avec un cadre familial bancal. La maison Ackermann devenait un refuge pour certains. Puis, connaissant un tant soit peu ta mère, quand elle avait vu la première fois le goalie au regard gris, vide, à peine majeur, évidemment qu’elle l’avait aussi prise sous son aile. Et lui, c’était bien la première fois qu’il voyait une structure familiale stable… Chaotique, mais soudée. Tu hoches la tête.

- Tu as bien fait. Et tu es toujours le bienvenu ici, sache le.
- J’sais bien. J’pourrais jamais vous r’mercier assez pour ça. Toi, tes frères, tes sœurs et tes parents.

Qu’il rajoute en s’occupant des verres.

- Oh et, félicitation pour ton nouveau bouquin. Je l’ai vu en librairie, j’ai r’connue ta patte. C’est quoi le titre...

Qu’il cherche, le regard plongé dans l’eau grise alors qu’il claque des doigts, comme pour chercher les mots et que le son l’aiderait à se focaliser. Tu bascules de nouveau la tête sur le côté, cherchant rapidement dans ta mémoire de quel livre il pouvait parler. Tu le laisses se concentrer en silence.

- T’sais… Avec les dino pas vraiment réel, mais pas enfantin… Avec un mot en f...
- La famille et les amis, la différence, c’est quoi ?
- Voilà !

Tu rigoles un peu. Oui, en effet. L’auteur avait voulu parler à des adolescents et voulait des dinosaures pour illustrer le tout. Alors tu avais opté pour des dessins ni enfantin, mais pas trop réaliste non plus. Tu souris un peu, terminant de tout sécher.

- Nan, mais j’ai beaucoup aimé ! Puis la façon d’illustrer les propos, c’était cool ! Surtout avec le… Le… machin qui vole là.

Moment de silence.

- Le… AH ! Pour illustrer le départ du nid familial ?
- Oui ! Et le…

Tu le vois qui ferme les yeux en réfléchissant, agitant sa main qui décrit un cercle. Tu essayes de voir où il veut en venir l’espace d’un instant. Ce qui est bien avec les gens comme vous, c’est que vous arrivez à vous comprendre mine de rien, avec si peu de mot…

- Le truc qui fait woou… Avec le machin au bout d’la queue...
- … AH ! Oui… Oui, pour illustrer les casseroles générationnelles.
- Ouais ! Nan mais c’est un chouette bouquin ! Du coup j’l’ai pris, même si j’ai pas d’gosse. J’suis sûr qu’ça va m’servir un jour, mais osef. C’est dans ma biblio et les sous iront un peu chez toi comme ça. Et du coup… Merde, il est où le truc...

Tu baisses la tête pour voir de quoi il parlait, mais en le voyant à moitié barboter dans l’évier, tâtonnant le fond, tu comprends rapidement le problème qui s’impose à lui.

- Tu trouves la…
- Bah j’la cherche…. Mais..
- Elle ne doit pas être bien loin, l’évier n’est pas si profond...
- Sait bien, j’ai l’fond, mais.. AH !

Qu’il dit en retirant le bouchon, victorieux. Tu rigoles un peu avec lui, profitant alors de finir de rincer l’évier avec lui, vous essuyant les mains pour ne pas avoir cette sensation d’humidité permanente sur les doigts. Tu pouffes un peu avec lui avant qu’il ne te tende les bras, attendant ton accord, que tu lui offres. Tu aimes bien ces discussions avec lui. C’est plus naturel d’une certaine manière, plus fluide. Il te tapote un peu le dos avant de te remercier avant de rejoindre le reste du monde dehors. Tu le suis du regard, sachant très bien que ce moment de flottement entre vous, loin des autres, avez pu aussi vous ressourcer socialement. Tu t’apprêtes alors à faire de même avant de sentir ton portable vibrer. Tu baisses la tête, regardes la notification et bug un peu en voyant le nom qui s’affiche dessus.

Maximilian… Hirsch...