(MAYA) we are young

Boom. Boom. Le bruit du ballon qui rebondit sur le bitume. La meilleure de toutes les mélodies à tes oreilles. Le seul bruit qui arrive à faire taire absolument toutes tes inquiétudes en ce bas monde. Tout seul sur le terrain, tu sais que tu le resteras pas longtemps : outre le fait que ce bruit semble toujours attirer du monde pour jouer avec toi, tu sais très bien que Maya ne va pas tarder. Le point de ralliement, celui qui vous donne l'occasion de ne pas forcément vous envoyer un message pour vous retrouver et parler de tout.

Maya, elle est très vite devenue une amie indispensable pour toi. L'ironie ? C'est qu'il semble que sans Lisa dans la famille, ton entourage soit très limité. Enfin. Contrairement à Joah, t'as jamais rien eu contre ta nouvelle belle-mère... mais considérer une de tes amies comme ta belle-mère te fait encore un peu grincer des dents. Même si c'était un très beau mariage, après tout. Tu chasses cette idée de ton esprit. Pas la peine d'en faire tout un plat maintenant.

Tu mets quelques paniers, peut-être pour t'échauffer, mais surtout pour te vider pleinement la tête. C'est pas de Sophie, dont tu discuteras avec Maya, pour une fois. Parce que t'as fini de te plaindre de ne pas avoir de nouvelles d'elle. Pour une fois, t'es prêt à jouer avec elle sans raconter combien ta journée était longue à te demander si t'allais enfin recevoir un foutu sms. Non. En fait, t'as même envie de passer le reste de ton après midi avec elle, si elle n'a rien à faire. Parce que sa présence te fait un bien incommensurable et que t'es prêt à mettre en priorité votre amitié à ton besoin de comprendre ce qui a pu se passer avec Sophie.

@Maya Szabo

Il n'y a que ta relation avec le basket qui est stable dans ta vie. Tout est sur la tangente, entre disputes, incompréhensions, mais aussi améliorations. Toi qui as tendance à ne pas savoir t'arrêter, incapable de ne te concentrer que sur une seule chose, c'est bien le basket, seul, qui a cette capacité à te permettre d'organiser tes pensées, de focus ta concentration. Le sport, en général, aussi, mais le basket est la seule activité qui te permet réellement de vider ta tête de tout : tes pensées, tes inquiétudes, tes questions, tes deadlines. Effet positif comme négatif, mais à l'instant où tu quittes le terrain, les choses importantes te reviennent. Tu es juste plus serein.

C'est pour ça que t'es là, aussi. Te vider la tête de tout ça. Et ça marche.

Un sourire s'empare de toi quand tu lâches le ballon, ton réflexe prenant le dessus, tu attrapes les jambes de la personne qui s'est jetée sur toi. Y en a pas beaucoup qui le feraient : tes frères, pour t'embêter, mais tu es assuré par le poids et la sensation que ce n'est ni Josh, ni Joah, et Maya. Tu ricanes en la lâchant aussitôt qu'elle semble descendre de ton dos.

- Salut toi. Je ne t'ai pas vue arriver. Fourbe petite brune qui a dû s'avancer sans bruit, volontairement. Tu secoues la tête et lèves les yeux au ciel. Comment peux-tu être aussi prévisible. On peut rien te cacher, n'est-ce pas ? Si à d'autres t'aurais haussé les épaules avec dédain et râler que bof, quand elle est là, t'as du mal à jouer les rabat-joies. Même quand tu l'es vraiment. Et quand t'y arrives, elle te remonte toujours le moral, Maya. Ça va plutôt bien et toi ?

Le fait qu'elle soit là depuis que Sophie a cessé de répondre à tes messages pour t'écouter et te soutenir te fait un bien fou. Elle est celle qui t'a poussé à aller promener avec elle, qui t'a conseillé... et qui t'a empêché de dépasser la centaine de messages sans réponse. Tu t'es résigné désormais : même si ça te fait chier d'abandonner, tu garderas ta dignité, la prochaine fois.

- Tu viens pour me ridiculiser c'est ça ? Toi, t'es très bon au basket. Là où t'es le plus doué dans ta vie. Mais même si elle n'est pas aussi grande que toi, Maya est plutôt douée pour te faire sonner le K.O en un contre un.

@Maya Szabo

Tu souris en coin. C'est pas exactement comme un ninja que tu vois la brune. Enfin, tu ne peux pas nier qu'elle t'a eu par surprise et que t'aurais pu tout lâcher pour autant. Par chance, t'es assez solide et tes muscles ne sont pas là que pour la parade, si bien que t'as tenu et résisté à l'envie d'enlacer le sol de tout ton corps. Tu ne réponds pas plus que ça, sinon avec une moue pleine de doutes : d'ordinaire Maya est rapide, mais pas toujours discrète, tu trouves.

- C'est pas bien difficile, je suis un véritable livre ouvert. Enfin, presque. Tu te noies parfois vite dans tes pensées. L'hyperactivité ne t'aide pas vraiment à calmer cet aspect de ta personnalité, au contraire. C'en est parfois déroutant, d'ailleurs. Mais tu penses beaucoup à tout : l'université, le divorce de tes parents, ta relation avec ta mère, le remariage de ton père avec ton amie Lisa, grâce à qui d'ailleurs tu connais Maya puisqu'elles sont meilleures amies, tes potes, tes devoirs, Sophie, et désormais Maya. Maya qui commence à prendre une place importante dans tes pensées. Presque autant que Sophie, bien que tu ne saches plus sur quel pied danser ni avec l'une ni avec l'autre. Et en ce qui concerne la demoiselle face à toi, tu ignores pourquoi elle prend autant de place, un peu dans le déni, quand même. Toutes ces pensées que tu ne domines pas et que même ton psy a du mal à te faire mettre en ordre. Seul le basket le peut réellement.

- Ne m'en parle pas ! Si j'avais pu éviter d'être en amphithéâtre les trois quarts de la journée, je l'aurais fait. Mais Maya, elle, elle travaille. Un peu plus âgée que toi, elle a déjà fini ses études, la chanceuse. Toi qui as hâte de pouvoir t'en défaire. Ça ne se passe toujours pas mieux ? Tu sais qu'elle a fait le tour du sujet et qu'elle s'ennuie un peu parfois. Alors forcément, tu te poses la question.

Tu éclates de rire.

- Si j'avais su ! Maya, elle te met la pâté facilement. T'as peut-être plus de force, et penses sans doute qu'on ne peut pas comparer celle d'un homme et d'une femme sur le terrain, côté un peu arriéré de ta façon de penser, mais tu sais très bien que si les équipes étaient mixtes tu n'aurais jamais la victoire. Plus petite, elle est forcément plus rapide, véritable point faible de ton jeu. Mais bon, tu ne perds pas toujours contre elle non plus.

Tu roules des yeux.

- Si y avait un public, y aurait toute l'équipe. C'est plus simple d'organiser ce qu'il y a dans ma tête sans. Sans comprendre qu'elle était en mode second degré, alors que toi pas. Tu hausses les épaules. Je sais pas, peut-être une heure... mais j'appellerai pas s'échauffer le fait de mettre des paniers sans prendre le temps de courir.

Avec Maya, tu restes toi-même et toujours honnête. C'est vrai que tu ne lui dis pas tout, mais vous ne vous connaissez que depuis quelques temps et t'as toujours peur de tout outrepasser avec elle. Ce n'est pas l'idée que de lui rajouter de la charge mentale supplémentaire avec tes problèmes. Déjà qu'elle est bien assez gentille pour prendre le temps de t'écouter sans juger ce que t'as à dire et à te donner des conseils quoi qu'il en coûte, même quand elle n'a pas vraiment le temps. Et même que tu ne veuilles pas écouter.

- Mais tu es spéciale. T'es la seule à me trouver mystérieux ! Tu ricanes. Peut-être que ce soit les autres qui te connaissent trop. En même temps, quand on parle de Joah, pas vraiment étonnant non plus, hein. Dans tous les cas, oui, Maya est spéciale. Ça fait bien longtemps que tu n'as pas eu une amitié saine avec une fille, déjà, ou d'amitié tout court. Depuis Lisa, et votre relation est particulière : si elle reste ton amie, elle est aussi ta belle-mère. De quoi compliquer un peu ce qu'on appelle amitié entre vous. Etonnant, quand on y pense, que Maya soit la seule autre à qui t'as pas de mal à te confier - t'as Vicky, bien sûr, mais c'est pas la mêem chose - surtout quand on sait qu'elle est la meilleure amie de Lisa.

Tu hausses les épaules.

- On a vu des notions déjà enseignées, j'aurais tendance à dire que oui, du coup, même si non. Puis de toute façon, ce n'est pas tant toutes ces pensées qui viennent te parasiter, mais ton hyperactivité et ton trouble de la concentration. Quand déjà ta tête est vidée c'est compliquée, alors quand elle est pleine... Tu lui offres une moue de compassion. Je comprends. Si jamais tu cherches un taf pour coacher un élève en perdition, je suis sûr que mon père sera ravi... Tout à coup un sourire amusé naît sur ton visage. Ou ma mère, d'ailleurs. Alina, sujet plus que tabou dans tout ça, qui ne serait pas forcément ravie de payer la meilleure amie de la nouvelle femme de son ex-mari. Pouh que c'est compliqué ! Mais si tu peux titiller ta mère jusqu'à l'agacement, tu le fais.

- Je sais bien ! Donc tu peux me taquiner mais moi pas ? Injustice ! Tu lui adresses un clin d'oeil. Tu ne gagnes pas toujours facilement ?

Toi, mystérieux, c'est un comble ! Mais dans la bouche de Maya, ça sonne comme un compliment, alors pourquoi pas, après tout. Tu le vois, qu'elle fait beaucoup d'efforts avec toi. T'essaies aussi de ton côté, mais ça vient presque naturellement avec elle, donc tu forces pas tant que ça, finalement. Même si c'est pas ton genre de dire absolument tout ce que tu as sur le coeur.

Tu hausses les épaules.

- J'en ai aucune idée, très honnêtement, j'ai beau avoir suivi, ma concentration atteint vite ses limites surtout quand je connais déjà. Donc grave ou pas, au pire c'est pas grave. Ça vaudrait juste une mauvaise note, mais tant pis. Tu t'accroches comme tu peux, tes études sont importantes, mais tu ne peux pas aller contre ton TDAH aussi facilement que tu le voudrais. En perdition oui ! Mais promis, ce ne sont pas mes mots, je ne fais qu'emprunter ceux deux autres. Après tout, Alina pense encore parfois que c'est ton cas et que tu fais pas assez d'efforts, alors que le problème est ailleurs. Tu ricanes. Peu importe, tant que j'ai des meilleures notes. Et puis techniquement, elle ne sait pas que Maya est la meilleure amie de Lisa. Si ça te donne trop de choses à faire, je peux toujours demander à un des majors de ma promo, t'en fais pas.

Tu joues les surpris et outrés.

- Ah ouais, c'est pire que de l'injustice en fait ! Tu ricanes. Ça, j'imagine que tu le sauras jamais vraiment. Clin d'oeil ajouté à ça, c'est pas parce qu'elle te laisse pas faire que tu peux pas la taquiner un peu malgré tout.

Avec Maya, t'es jamais jugé et c'est ce que tu apprécies. Plus encore, il lui arrive de prendre ta défense, comme c'est actuellement le cas. T'as peut-être été un peu loin dans ton exagération, mais tout de même pas trop non plus. Juste ce qu'il faut, mêlé à l'avis de ta mère. Mais au moins, compte tenu de ton trouble de l'attention et de l'hyperactivité, tu es allé suffisamment loin, puisque tu es à l'université depuis plusieurs années déjà, et tu ne lâches pas. C'est peut-être ta plus grande fierté malgré tes difficultés.

- Peut-être, mais c'est pas très loin de la vérité non plus, je pense. Aux yeux de certains professeurs, t'es juste un feignant qui préfère mettre des paniers au basket que se concentrer sur sa copie. Mais soit, tu ne cherches pas. Tu souris et secoue la tête. Dans aucun monde, pas même parallèle, je ne pourrais te détester. Tu hausses les épaules. Ça me va, y a que comme ça que je pourrais m'améliorer, après tout. Comme ton coach, qui te hurle dessus pour rien, d'ailleurs. C'est comme ça qu'il t'a aidé à devenir meilleur.

Tu fais semblant d'être outré.

- Non non, c'est de la triche, je dis, DE LA TRICHE ! Ton jeu d'acteur tout pourri montre bien ton exagération bien plus que poussée. Tu ricanes. J'espère bien ! Ouais, voyons !

Tu te lances en ricanant dans cette compétition, te concentrant bien vite sur le jeu, comme tu sais si bien le faire soit quand t'es en hyperfocus soit quand tu lâches suffisamment d'endorphines pour arriver à prendre le dessus sur ton cerveau dopé aux hormones naturelles. Au final, tu finis au sol, à surjouer un peu, certes, mais bien éreinté, autant essoufflé qu'elle.

- Non, en effet. Vous êtes une adversaire de taille, mademoiselle Szabo !