Ready for a trip ? (ft Ewa)

Irene se leva de son lit après une nuit de sommeil agitée. Elle avait fait un rêve bizarre avec un acrobate qui tombait au ralentit. Elle s’était réveillée en sursaut, comme si son cœur s’emballait. En réalité, elle ne s’en était rendu compte qu’au réveil, mais c’était elle l’acrobate. Certaines personnes font des rêves bizarres, certaines des rêves réalistes et d’autres des rêves qui n’ont rien à voir avec la réalité. C’était comme quand elle avait une impression de déjà-vu. Tout le monde avait ces sensations, non ? Peu importe, la mère de famille se leva pour aller préparer le petit déjeuner à ses filles. Son dos était un peu rouillé, il lui faisait mal. Peut-être devrait-elle aller voir un ostéopathe ou un kinésithérapeute. Il y avait une raison pour laquelle Irene faisait le petit déjeuner à SES filles et non pas à SA fille. En effet, Ewa, sa plus grande, avait accepté de venir passer une nuit chez elle. Ce qu’elle ne savait pas c’était qu’elle allait l’aider à convaincre sa sœur, qui était légèrement de mieux en mieux mais qui gardait une certaine armure sur elle pour ne pas laisser entrer qui que ce soit dans son intimité ou dans sa tête, de partir faire un voyage à trois. Irene avait à la fois hâte de leur annoncer. Pour cela, elle prit une carte et une sphère et alla réveiller Ewa gentiment. Nul doute qu’elle allait un peu rouspéter. A moins qu’elle ne soit déjà réveillée. « Chérie ? » fit-elle en toquant. Elle ne voulait pas entrer, voulant laisser une certaine intimité à ses filles. Irene n’avait pas énormément d’argent dans son portefeuille, mais elle avait envie de faire plaisir à ses filles. Elles en avaient besoin. Et si quand elles étaient plus jeunes et que leur père était encore là elle le faisait en les emmenant manger une bonne pièce de viande dans un restaurant spécialisé, elle ne savait plus quoi faire aujourd’hui pour Liwia. Ewa, elle, était plus dynamique et Liwia aussi fragile qu’un roseau. Bien sûr il s’agit là d’une métaphore.

@Ewa Ludwig

Passer une nuit chez maman. Voilà qui n'arrive pas souvent. Sûrement par fierté et envie de se prouver si indépendante. Ce qu'elle n'avoue pas c'est qu'elle adore retourner à la maison familiale, emplie de nombreux souvenirs joyeux et douloureux. Parfois la mémoire des moments passés avec son père lui fait encore mal, néanmoins pas autant qu'à une période. Aujourd'hui elle est capable d'avancer dans sa vie. Sa sœur en revanche reste encore un peu bloquée, même si elle commence à aller mieux. Les progrès ne doivent cependant pas en rester là, oh bien au contraire. Ewa espère voir son état continuer à s'améliorer au fil du temps. En tout cas c'est une bonne soirée qu'elles ont passé ensemble la veille, et elle s'est donc endormie sereine. La douce odeur du petit déjeuner vient chatouiller ses narines au réveil, même si elle peine à émerger. Un grognement répond donc à sa mère lorsque celle-ci frappe à la porte. Quelque chose qui sonne comme "encore cinq minutes". Pourtant Ewa finit par se lever à grand-peine et enfiler ses chaussons, allant ouvrir la porte. "B'jour m'man. Il est encore tôt, t'abuse." Qu'elle marmonne avec sa tête de déterrée à moitié endormie. Même si elle ne lui en veut pas réellement de l'avoir tirée des songes. Heureusement la délicieuse odeur de café qui titille son odorat la réveille petit à petit. Une fois qu'elle aurait pris une tasse ça ira mieux. Mais son regard se pose finalement sur ce que tient Irene entre les mains. Dans sa brume matinale elle ne capte pas bien de quoi il s'agit "Qu'est-ce que c'est ?"

Irene ne peut s’empêcher de ricaner à la réponse de sa fille. Cela lui rappelle des souvenirs. Des souvenirs un peu drôles, le week-end. Principalement le dimanche. Des dimanches pluvieux notamment. Il faut croire que les choses ne changent pas totalement. Du moins pas toujours. « Bonjour ma puce, et oui il est tôt, mais je préférais te parler avant que Liwia ne se réveille. ». D’ailleurs elle était sans doute déjà réveillée, mais restait dans son lit, à se morfondre. Ou pas. Qui sait ? En tout cas la belle rousse regarda ce qu’elle avait entre les mains et sourie grandement. « Je peux poser ça sur ton bureau ? » demande-t-elle en désignant les objets entre ses mains. Quand elle eut la réponse positive de son aînée, elle posa tout cela et la regarda avec un grand sourire, toujours. « On va faire un voyage toutes les trois ! J’ai économisé, il ne me manque que la destination et… » Irene désigna le globe et la carte avant de reprendre : « Tu vas m’aider à choisir. Ou du moins à trouver. On va éviter les pays trop chauds je n’en peux plus de cette chaleur. ». Elle regardait sa fille en attendant de voir un sourire ou, en tout cas, un air sur son visage qui lui donnerait une réponse. Comme, par exemple, qu’elle était contente, enjouée, prête à aider sa mère. Mais peut-être se trompait-elle. La connaissant elle avait sûrement trop de travail ou trop de culpabilité. Dans le sens où elle ne voudrait pas laisser sa mère qui n’était pas des plus riche (mais pas des plus pauvre) à payer tout toute seule. Ou peut-être ne se trompait-elle pas et Ewa serait très contente de ce voyage organisé. « Bien sûr ce n’est pas tout de suite, le temps que vous vous arrangiez pour être libres etc… ».

@Ewa Ludwig