Well... It's broken. [Christin & Karsten]

Tu es là, devant ton écran sans comprendre ce qui se passe. Tu soupires un peu et secoues la tête négativement. Pas que tu n’y comprennes rien en électronique, mais tu sais que ta patience va très rapidement disparaître et ton ordinateur portable va surtout finir à travers la fenêtre pour atterrir dans la piscine devant les yeux de ta femme inquiète qui est sur la terrasse. Ou alors elle va juste soupirer et appeler ta fille aînée à l’aide. Si tu ne l’avais pas déjà fait bien. Et bien sûr que tu l’avais déjà fait. Bien sûr que tu avais attrapé ton téléphone et envoyé un message bref et concis.

Tu soupires, n’attendant pas vraiment de réponse à ton texto, allant ensuite dans le salon pour te prendre un truc à boire avant d’aller dans ton atelier pour prendre un marteau. Tu récupères tes lunettes de protection et décides alors de finir de bricoler autre chose, en attendant que ta fille vienne. De toute façon, ce ne sera pas toi qui iras lui ouvrir, vu que ta femme aura l’ouïe plus fine pour reconnaître le bruit de moteur et pour l’accueillir comme il se doit. Tu tapotes alors encore pendant quelques minutes avant de prendre la ponceuse.

Tu t’étais pris une nouvelle lubie bricolage, faire un nid pour oiseau. Tu essayes donc de faire comme il faut le toit pour ensuite le peindre. De toute façon, ça te calme avant de lever la tête, voyant une ombre à l’entrée de ton atelier. Tu redresses la tête en enlevant ton casque et esquisse légèrement un sourire en voyant Christin sur le pas de la porte. Tu débranches tout, retires tes lunettes et fais signe.

- C’est dans mon bureau.

Que tu dis simplement, sans vraiment continuer ou confirmer le problème. Tu t’essuies les mains et sors de ton sanctuaire, venant embrasser ta femme sur la tempe avant de rejoindre ta fille devant le pauvre ordinateur…. Qui ne semble pas vouloir fonctionner avec toi. Là, ouvert, un écran blanc. Sans son.

- Promis, je ne l’ai pas frappé.

C’est rare, très rare même que son père l’a contacte en pleine journée pour lui demander de l’aide. Ce qui en soit est déjà rare. Mais si la froideur du texto qu’elle a reçu l’a fait rire plus qu’autre chose, elle comprend bien que cela est important. Prenant alors son ordinateur portable, son téléphone et des dossiers qu’elle gardera pour rentrer chez elle ensuite, Christin quitte son bureau, saluant au passage sa secrétaire et souhaitant une bonne soirée aux employés qu’elle croise pour aller à sa voiture.

Ses parents vivent dans le même quartier qu’elle, ce qui est plutôt arrangeant pour le coup. Elle ne sera pas loin pour rentrer et surtout pas loin de l’école de Monika. Gabriele est de toute façon déjà chez ses grands-parents. Christin n’a pas de doute quand au fait que si le problème de son père est plus compliqué que prévu à régler, sa mère ira chercher la plus grande à l’école. C’est donc sans grande crainte d’avoir des soucis d’organisation que la femme d’affaire quitte le parking de son entreprise pour rejoindre le domicile de ses parents.

Elle rigole un peu en entendant de la cour son père travailler dans son atelier. C’est son nouveau moyen de décompressé, bricoler quand quelque chose le contrarie. Ce qui d’ailleurs à bien faire rire la fratrie. Mais cela veut aussi dire que l’ordinateur du paternel ne va pas se laisser faire. Elle sourit en voyant qu’enfin, Karsten remarque sa présence et qu’il lui indique le bureau. Toujours aussi direct.

Sans attendre plus longtemps, elle va s’y installer histoire de voir ce qui se passe avec la machine. Non sans pouffer quand il annonce qu’il n’a pas frappé le pauvre ordinateur.

- Je me doute… l’écran et le clavier sont intactes.

Elle réfléchi quelques seconde avant de se mettre à tester quelques commandes pour essayer de voir le problème. Gardant son pc à côté pour être prête si elle se retrouve à en avoir besoin. Avant de lever la tête.

- Dis, tu veux bien me ramener un verre de coca ? Tu me stresses à rester debout dans mon dos comme ça.

Mains dans les poches, debout derrière ta fille, droit comme un i, tu la laisses approcher de la bestiole électronique qui décide de n’en faire qu’à sa tête. Tu la regardes faire, avec une telle rapidité que tu en soupires doucement. Pas parce que cela t’ennuie, mais parce que tu te doutes bien que le problème ne va pas non plus se régler d’un claquement de doigts. Tu serres doucement les dents avant de redresser la tête quand tu l’entends te parler. Oui non, logique. Tu fais toujours cet effet et si ça fonctionne en interrogatoire, contre tes propres enfants n’est pas la meilleure des options.

- Hum ?

Que tu demandes, mollement avant de hocher la tête pour descendre en bas. Juste avant, tu t’avances vers elle, l’embrassant sur le haut du crâne, comme un réflexe. Une habitude que tu as avec tes enfants depuis qu’ils sont tous petits. Une rare occasion de démontrer ton affection pour eux. Des rares moments quand tu es seul avec l’un d’eux. Tu n’es pas très démonstratif, mais il t’arrive de faire des écarts pour ne pas non plus être ce père absent qui cause des heures de thérapies pour tes progénitures. Tu le montres juste différemment. Tu recules ensuite pour descendre dans la cuisine.

Passage rapide pour récupérer la bouteille, en servir un verre, vérifier où était ta femme et ta petite fille. Tu souris légèrement avant de venir les embrasser sur la joue toutes les deux, expliquant la situation à Susanne avant de remonter pour poser presque sans bruit le verre à côté de ta fille.

- Tient.

Que tu souffles avant de reculer pour lui laisser de la place, allant te poser contre le mur le plus proche.

- Tu t’en sors ?

Sûrement que oui, mais tu avais aussi envie d’avoir son avis de vive voix.

Elle pouffe un peu quand son père réagit pour aller vers la cuisine. Secouant un peu la tête en souriant, Christin continue de chercher la cause des problèmes sur l’ordinateur de son père. Elle soupire un instant en comprenant et commencer à lancer la réparation en passant par son pc à elle. Juste quand son père revient avec le verre de coca. Souriante, elle prend le verre et se tourne tout en restant sur le fauteuil de bureau du paternel le remerciant. Elle boit une gorgée en surveillant du coin de l’œil l’avancement du logiciel lancé avant de se retourner un peu vers son père.

- C’est bien que tu m’ai appelé avant de détruire l’ordi… Je promets pas de réussir à le sauver, mais peut-être juste assez pour pouvoir récupérer ce qu’il y a dessus.

C’est que Christin connaît son père et sait bien que la patience avec les machines ce n’est pas son fort. Aussi, elle tente de le préparer mentalement au fait qu’il devra peut-être en changer. Au pire, elle pourra toujours lui en acheter un. Même si la femme s’est très bien que son père aurait du mal à accepter le fait que sa propre fille lui paye quoi que ce soit.

- Enfin en attendant que ça avance. Comment tu vas ? Toujours aussi occupé ? Maman m’a dit que tu n’es pas souvent à la maison ces derniers temps… Surtout quand tu bosses pas

Une bonne nouvelle tombe au moins. Le fait de l’avoir appelé a été un bon réflexe d’après elle. Elle te dit, bien sûr, qu’elle va essayer de sauver l’appareil devant elle, du moins assez pour qu’elle puisse sauver le maximum de document que tu as dessus. Heureusement que ce n’est que l’ordinateur personnel hein ? Et pas celui du travail. Tu te contentes alors de hocher la tête, lui faisant comprendre que, quoi qu’elle fasse, tu sais qu’elle peut y arriver. Tu lui fais confiance, cela se voit dans ton regard. Rien de plus, rien de moins. Calant ton dos contre le mur, mains sous les aisselles, tu soupires à la question.

- … Hum..

Tu sais ce qu’elle insinue. Quand tu n’es pas à la maison, tu es au travail et quand tu n’es pas au travail, tu es dans l’atelier de bricolage. Tu soupires un peu et secoues la tête. Tu as une règle que tu essayes de maintenir au maximum. C’est devenu compliqué avec les années, mais tu essayes… Ne pas faire venir de boulot à l’intérieur de la maison. Heureusement que ta femme est assez compréhensible et que tu peux, de temps en temps, te confier à elle… Mais là...

- Dossier compliqué.

Que tu dis en grimaçant. Tu cales tes mains dans les poches de ton jean et secoues la tête. Comment expliquer ça rapidement sans étaler les détails ? Bonne question. Et tu ne veux pas embêter ta fille avec ça, après tout. Tu hausses alors les épaules.

- Ça concerne des enfants…

Que tu dis. Tu baisses la tête un instant.

- Du coup, je fais des nids.

Le lien n’est pas facile à voir, mais pour la famille Ackermann, si. Niklas et Marko t’avaient déjà dit qu’à force, tu pourrais les vendre. Mais tu en donnais déjà à des associations de protection animalière, le zoo et le parc. Chaque année, des familles entières d’oiseaux nichaient dans tes créations. Tu redresses la tête et essayes de sourire à ta fille, mais elle comprendra bien que c’est juste un essai.

Elle se doutait bien que si son père passe autant de temps à bricoler, c’est qu’il est dans un des moments compliqués de sa carrière. Il n’a pas besoin d’en dire plus que ce qu’il fait à ce moment-là. Le cœur de mère de Christin se serre instantanément quand Karsten évoque le fait que son dossier actuel implique des enfants. Ce sont les pires et elle le sait. Aussi, elle ne demandera pas plus d’information.

- Je vois...

Il faut dire qu’après tant d’années, la famille Ackermann sait comment réagir en fonction des dossiers qu’il a, en fonction de s’ils sentent qu’il a besoin de parler ou non. Cette fois Christin se doute bien qu’il n’a pas envie de l’accabler avec ça et le logiciel finit son travail au même moment, comme s’il voulait éviter un silence gêné entre le père et sa fille.

- Alléluia, ça a fonctionné…

Christin n’était pas totalement sûr que ce qu’elle venait de faire aller fonctionner, mais visiblement si. Elle manipule encore deux trois trucs avant de se lever.

- Bon, on va le laisser faire une petite heure et ça devrait aller, pas besoin de rester devant pour le coup, on peut aller se poser tranquillement

Elle sourit un peu plus, profitant pour entraîner son père vers le salon, au moins, la discussion pourra partir sur autre chose.

- Monika voudrait passer les prochaines vacances scolaires chez vous… Toute les vacances, son père et moi on est pas d’accord, mais une partie si vous êtes ok pour nous c’est bon

Bien sûr qu’elle voit. Le code de la famille est clair sur le sujet, depuis le temps. Tu n’as jamais eu besoin d’en dire plus, pour le bien de la santé mentale des tiens. Et celle que tu as qui semble solide comme un roc et fragile à la fois pour ceux qui te connaissent parfaitement. Tu gardes alors les yeux baissés, pensant à ce fichu dossier qui tourne en rond parce qu’il manque des preuves. Mais tu préfères oublier temporairement, le temps de te redresser pour entendre que ta fille aînée avait enfin réglé ton problème informatique. Tu soupires un peu.

- Merci, ma Grande.

Que tu dis simplement avant de croiser son regard alors qu’elle se lève pour la suivre au rez-de-chaussée, être plus tranquille dans le salon et pouvoir parler d’autre chose. Tu restes debout, d’un geste lui proposant de se poser sur le canapé, dans un des fauteuils, à sa place habituelle, qu’importe. Elle est libre de déambuler dans cette maison comme s’il s’agissait de la sienne, de toute façon. Ce n’est pas toi qui l’en empêcheras ou même ta femme. Tu attends qu’elle se pose et fronces un peu les sourcils avant de la rejoindre, mains jointes sur tes genoux. Tu grimaces doucement et hoches la tête.

- Il faudra voir avec Susanne. Mais je ne pense pas qu’une à deux semaines soit impossibles. Voir trois, mais pas plus. Au pire, si elle ne veut pas passer les vacances avec vous, demande à tes frères et sœurs de la garder. Pas sûr que tous acceptent, mais tu peux tenter.

Tu hausses les épaules, essayant d’imaginer qui des cinq autres seraient aptes à garder ta petite-fille une semaine ou deux pendant les vacances scolaires. Lapin pourrait une semaine, si tout le monde s’organise correctement. Niklas pourrait aussi, s’il n’est pas en plein tournage. Marko, aucune idée. Possible. Est-ce qu’il voudrait ? À voir. Andreas pourrait sans poser de question, mais c’est à voir du coup avec son compagnon. Et il reste Zoira qui serait capable de les garder un mois entier si on l’écoutait.

- Mais c’est toujours un plaisir de la garder, elle et sa sœur. Tu le sais bien. Je n’ai pas le cœur à dire non à ta mère, si elle voudra les garder un peu plus, ceci dit.

Elle sourit un peu, écoutant son père. Bien sûr qu’il faudra demander à maman dragon avant de décider quoi que ce soit. C’est une chose que tout le monde sait dans la famille.

- Non mais… deux semaines pas plus. Max voudrait aussi profiter de ses filles. Je crois surtout que Monika a bien compris que son père ne repartira plus pendant longtemps et qu’elle compte ne pas changer ses habitudes. Gabriele… Elle reste collée à son père en permanence. Il ne peut pas la lâcher sans qu’elle pleure.

Elle pouffe un peu, faut dire que c’est comme ça à chaque fois que la petite avait l’occasion de voir son père. Ce qui est normal d’ailleurs quand on repense à la situation.

- On aimerait bien les emmener en vacances à la plage aussi. Je vous donnerais les dates quand on aura fait les réservations. Donc, Maman ne pourra pas dire qu’elle la garde toutes les vacances.

Elle jette un coup d’œil rapide à son téléphone professionnel qui vient de lui notifier un mail avant de le reposer. Elle pourra le lire plus tard, quand elle sera rentrée chez elle.

- J’y pense… ça fait combien de temps que vous n’êtes pas partie en vacances juste vous deux, Maman et toi ?

Ta fille aînée est d’accord avec toi en ce qui concerne ces enfants. De toute façon, tu ne peux pas non plus t’avancer sur la question. Tu souris un peu quand elle affirme d’ailleurs que depuis le retour de son mari, les petites ont vite compris que leur père n’allait pas repartir pour de suites. Une bonne chose. Vous en aviez parlé avec ce dernier d’ailleurs. Mais oui, tu peux comprendre que Gabriele a plus de mal, surtout à l’idée de quitter les bras du militaire.

- Ça me rappelle quelqu’un, ça…

Mais tu ne rajoutes rien de plus, repensant à ces journées où tu avais du boulot assez tard, que tu ne rentrais pas tout le temps à la maison et que les lendemains, tu avais deux pots de colle dans tes bras, incapables de bouger, râlant à la moindre séparation. Tu bascules légèrement la tête sur le côté quand elle parle de réservation, de date et hoches la tête. De toute façon, tout va être organisé en amont, tu auras les infos en temps et en heures. Tu suis du regard ta fille qui s’attarde un peu sur son téléphone avant de te poser une question qui te fait tiquer.

- De quoi ?

Tu réfléchis un peu, essayant de te rappeler quand, avec ta femme, vous aviez pris des congés ensemble et sans les enfants… Le calcul est vite fait de toute façon. Tu secoues la tête, grimaçant légèrement.

- Je n’ai pas mémoire qu’on en a vraiment pris… Après tout, vous êtes tous nés par groupement de deux, et malgré les différences d’âge, chacun n’était pas assez grand pour garder les autres après… Donc...

Oui, non.

- Je n’ai pas mémoire de ça, ma Grande… Malheureusement.