Some discussion with friend - ft. Will

Il y a des clients, parfois, qui revêtent une aura particulière, qui deviennent plus que des clients. Qui, de fils en aiguille - ou d'aiguille en aiguille, en ce qui me concernent - deviennent de véritables amis, des proches. C'est assurément le cas de Nicola, que je tatoue depuis dix ans maintenant et qui arbore ainsi sur ma peau bien plus d'une ou deux de mes créations. Son corps est comme ma toile, plus si vierge que ça, que je peux orner au fil du temps de nos idées respectives. Cette fois, il est venu sans la moindre idée, s'en remettant parfaitement aux miennes, sûr et certain que je ferais quelque chose de bien et j'espère naturellement ne pas le décevoir. Fort heureusement, je connais suffisamment ses goûts et je le connais suffisamment lui pour pouvoir m'orienter sur quelque chose qui devrait, normalement, lui plaire. Ainsi, sur sa peau, j'ai pris la liberté de dessiner une moto, trace indélébile de son amour pour le deux roues, que nous partageons.

"- Janvier c'est très souvent une bonne période pour le tatouage. Les gens ont reçu de l'argent pour noël qu'ils dépensent en tatoos et ils savent qu'en le faisant maintenant ils seront tranquilles pour la période estivale, niveaux soins."

Je repose mon dermographe en même temps que je finis de lui répondre et lui adresse un sourire, en jetant mes gants dans la poubelle. J'ai terminé. J'en enfile une nouvelle paire pour pouvoir précautionneusement commencer le nettoyage et la stérilisation de tout mon bordel tandis que je le laisse aller regarder le résultat dans le grand miroir sur un mur de la pièce.

"- C'est vrai, tu aimes ?" je relève la tête vers lui en même temps que je passe un linge humide sur mon plateau. "De rien !"

Reportant mon attention sur mon nettoyage minutieux, je l'entends me proposer un verre après et mon cœur s'emballe stupidement dans ma poitrine à la pensée que nous puissions nous retrouver autour d'une bière. Qui n'est pourtant rien de plus qu'une action parfaitement normale que des milliers de personnes font à travers le monde. Je retiens un soupir, agacé par mes propres réactions. Ce n'est pas comme si cette invitation voulait dire quelque chose. Ce n'est pas comme si je pouvais me jeter à l'eau ou faire des plans sur la comète. Je ferme les yeux un instant, le temps de me reprendre, remerciant le ciel de m'être tourné juste avant pour entreprendre le nettoyage du fauteuil, lui évitant de voir mon trouble. Lorsque je me tourne vers lui, mon visage a retrouvé sa normalité.

"- Non, je n'ai personne après toi, alors avec plaisir !"