Rencontre dramatique (ft Anton)

Janvier 2022

Drame. C’est le seul mot que trouve notre Irene pour décrire ce qu’il vient de se passer. Un jeune garçon, de quinze ans, vient de se blesser en essayant de faire un porté avec une jeune fille peut-être un peu…disons…pas assez délicate. Elle s’est élancée à la Dirty Dancing et hop, le pauvre garçon s’est retrouvé avec un coude déboité. Bonne nouvelle : on ne voit pas l’os. Mais Evan se sent mal, à des nausées, est prêt à s’évanouir. Irene appelle les secours et les parents qui rejoignent le petit à l’hôpital pendant que la quarantenaire essaie d’appeler tous les parents pour qu’ils viennent chercher leurs enfants. Ils ont beau avoir entre 14 et 17 ans, elle ne veut pas les laisser rentrer seuls. Ça a toujours été une règle dans son groupe. Si les parents inscrivent leurs jeunes, ils doivent s’engager à les récupérer. Ou un titulaire ou une personne de confiance. En tout cas, ce n’est pas compliqué, elle ne veut pas prendre le risque qu’il leur arrive quoi que ce soit en sortant de l’école de danse. Ils ne sont peut-être plus de sa responsabilité, mais elle aurait aimé que l’on fasse cela pour ses filles. Surtout que sa meilleure amie a perdu sa fille qui s’est fait enlever jeune alors elle ne veut absolument pas que cela arrive à qui que ce soit d’autre dans cette ville. Bon c’est compliqué, mais elle fait ce qu’elle peut.

Quand tout le monde est rentré, la professeure de danse va directement à l’hôpital pour prendre des nouvelles de jeune garçon. Elle n’est pas de la famille, mais elle espère pouvoir avoir des nouvelles et le voir. Arrivant aux urgences, elle demande où il est, dit que c’est elle qui a appelé les secours, que c’est un peu sa faute. Avec chance, très grande chance, ils acceptent de l’adresser au docteur qui s’occupe de lui, qu’ils appellent. Ils lui demandent de patienter et la rousse le fait, assise sur une chaise, attendant le chirurgien traumatologue. Stressée, elle se mord le bout des doigts qui pourraient presque saigner, mais elle se contient.

@Anton Meyer

Janvier 2022

Elle s’y attendait, Irene. Elle n’allait pas avoir de réponses facilement. Elle ne fait pas partie de la famille. Elle n’allait pas utiliser ses charmes pour amadouer le charmant docteur non plus. Ce n’était pas son genre. Mais pas du tout. Elle avait perdu son mari trois ans plus tôt et user de ses charmes, même pour un soir, c’était encore le tromper pour elle. Elle ne voulait pas donner l’impression d’être libre. Parce que bien qu’elle soit veuve, elle n’était pas libre comme on l’entendait. Puis elle avait ses filles qui lui rappelaient tous les jours leur père. Elles lui ressemblaient tellement. Enfin bref, tout ça pour dire qu’elle savait qu’elle n’aurait aucune information. Elle tenta tout de même : « Je ne suis pas de la famille, je suis sa professeure de danse classique. C’est donc un peu, beaucoup, de ma faute s’il est là. J’aimerais juste savoir s’il va bien. Par un oui ou par un non, peu m’importe, je veux juste être sûre que ça va. Sinon j’aurais à faire à ses parents, ce qui est tout à fait normal. Enfin voilà, juste ; va-t-il bien ou non ? ». Quelque part elle savait qu’il n’allait pas trop mal puisque les parents d’Evan ne l’avaient pas appelé pour lui faire la morale ou pour lui dire qu’il ne viendrait plus jamais aux cours de la rousse.

Elle regardait le médecin, qui était tout de même vachement plus grand qu’elle et elle finit par voir passer, derrière lui, la famille du jeune garçon de quinze ans. Elle voulut les appeler, mais ne le fit pas, préférant respecter leur intimité. Logique, n’est-ce pas ? Elle était seulement là pour savoir s’il allait bien ou pas. Dans le cas de « ou pas », elle n’en demanderait pas plus, sachant très bien qu’elle n’en saurait pas plus de toute façon.

Irene avait envie de pleurer. Elle pleurait facilement, depuis trois ans, et elle avait envie de pleurer parce qu’elle s’en voulait tellement d’avoir fait faire cet exercice à un jeune garçon gringalet avec une jeune fille qui n’a peur de rien. Bien qu’elle ne soit pas bien grosse non plus, contrairement à la jeune Irene de quatorze ans qui avait eu des problèmes de poids. La prof avait donc envie de pleurer, mais elle ne laissa rien paraître. Du moins c’est ce qu’elle pensait en tout cas.

@Anton Meyer

Janvier 2022

En fait Irene eu l’air surprise parce qu’elle était surprise que le docteur lui donne tant d’informations. Elle n’en demandait pas tant. Un « oui » ou un « non » lui aurait largement suffit. Mais elle n’allait pas se plaindre. Seulement s’en vouloir un peu plus. Et, dans un élan de…quelque chose, elle prit le médecin dans ses bras. Pour le remercier, oui, voilà. Mais elle se recula rapidement, prise de tournis, se maintenant à la première chose qui lui tombait sous la main : le haut d’une chaise. Elle s’y assit et mis sa tête entre ses mains. Cette odeur…cette odeur qu’elle avait tant sentie pendant des années, puis plus d’un coup. L’odeur de son mari décédé deux ans plus tôt. C’était encore frais. Ils s’étaient aimés pendant des années, avaient eu deux filles merveilleuses qui lui faisaient penser à lui tous les jours, mais cette odeur…Elle avait longtemps espéré la ressentir un jour. Elle commença donc à sangloter, mal, complètement prise par ses émotions. D’abord elle envoie un jeune garçon à l’hôpital et, ensuite, elle sent LE parfum. Et comme une idiote elle ne se souvenait plus du nom de celui-ci. Un peu avant sa mort, son défunt mari avait cassé le flacon et avait dit qu’il en rachèterait.

Dans une sorte de petite folie (qu’elle espérait ne pas entendre dans la bouche du médecin comme « vous êtes folles, je vais appeler un psychiatre »), elle releva la tête, le visage ruisselant de larmes, et demanda : « Je peux vous demander le nom de votre parfum s’il vous plaît ? ... ». Elle se rendit directement compte que celma semblait bizarre, alors elle se justifia, sans entrer dans les détails : « Mon mari a dit qu’il devait en racheter mais je ne me souviens plus du nom. ». Venait-elle réellement de mentir ? A son état le docteur allait directement voir que quelque chose clochait. Soit que son mari la battait et qu’elle était désespéré pour cela, soit parce qu’il n’était plus de ce monde.

@Anton Meyer