Melody • Cosmopolitan & Pornstar Martini

”- On se revoit dans deux semaines, ne t’inquiètes pas.” assure la demoiselle avec un grand sourire. ”Alors à bientôt Jimmy ?”

Un ultime sourire à l’attention du trentenaire, un dernier baiser déposé sur la commissure de ses lèvres et Erika quitte le salon du jeune homme, dans lequel elle vient de l’installer, avec son fauteuil, après leur petite affaire. Un rendez-vous dont elle a l’habitude, deux fois par mois, auprès de ce garçon qu’elle suit depuis quatre ans maintenant, en fauteuil depuis une dizaine d'années, des suites d’un accident de la route. Un chauffard, une priorité grillée et la vie d’un jeune homme transformée à jamais, telle était la triste histoire de Jimmy. Une histoire qui, bien sûr, l’avait touchée. Pourtant, dans son métier, elle devait se blinder au maximum. Des histoires comme celle-ci, elle en avait  déjà entendu quelques-unes. Bien trop, à son goût. Ils composaient une bonne partie de sa clientèle. Des jeunes hommes en grande majorité mais pas uniquement, percutés au hasard de leur vie par une destinée malicieuse. Injustice. Un mauvais sort qu’elle essayait de compenser, à sa mesure, en tentant de leur apporter un peu de normalité, de leur faire goûter à des relations humaines que beaucoup n’avaient plus, ou presque.

Quittant la rue, Erika prend la direction de Bergedorf comme sa journée s’achève, pressée de retrouver une amie au bar du Alt Löhbrugger hof hôtel, qu’elles apprécient particulièrement, depuis qu’elle avait été entraînés ici par une connaissance. L’endroit était calme et accueillant, présentait un décor plaisant, luxueux. Plusieurs fois, alors, elles étaient venues s’y perdre le temps d’un cocktail au prix indécent, bu presque plus vite qu’il n’avait été payé, presque plus vite que le temps travaillé pour se l’offrir.

En se garant sur le parking surveillé de l’établissement, la blonde se pare d’une paire de lunettes de soleil inutile, tout en verrouillant son téléphone, la voix d’Adèle mourant alors en même temps que l’écran. Puis, son sac à main trouvant sa place sur son épaule, elle avance en direction de la bâtisse, se dirigeant bientôt vers le bar à une table duquel elle prend place, attendant d’être rejointe par l’amie qui ne devrait, normalement, plus tarder.

Cosmopolitan & pornstar martini

@Erika Wald & @Melody Harper

La journée de Melody lui a semblé plutôt longue aujourd'hui. En effet, elle a bossé sur une nouvelle chorégraphie durant sa matinée et a également eu une représentation de danse en début d'après-midi. Pour autant, la quadragénaire ne se plaint pas, ayant tout de même cette chance inouïe d'avoir pu faire de sa passion un véritable boulot qu'elle apprécie énormément exercer. Certains n'ont malheureusement pas cette chance mais elle est bien déterminée à en profiter pleinement. Heureusement, elle a tout de même prévu autre chose et cette fois, en très bonne compagnie puisqu'elle a un rendez-vous avec Erika au Alt Löhbrugger hof hôtel. A peine rentrée chez elle qu'elle file rapidement prendre une bonne douche afin de se rafraîchir. Ensuite, elle enfile une jolie robe à manches longues accompagné d'une belle paire d'escarpins noirs dont elle a fait l'acquisition assez récemment. Une fois fin prête -ou presque-, la brune s'attelle à une toute autre tâche : son maquillage. Elle opte pour un maquillage assez léger qui, selon elle, l'embellit tout de même. Une fois fin prête, elle récupère son sac à main avant de quitter son logement.

Arrivée sur le parking, Melody gare sa voiture, vérifiant bien rapidement qu'elle n'a pas eu de message urgent de ses jumeaux. Rien. Ce qui est plutôt bon signe puisqu'ils sont à une fête d'anniversaire à laquelle ils attendaient impatiemment de se rendre. Ce qui laisse aussi l'occasion à leur mère de prendre un peu de temps pour elle. Elle range son téléphone dans son sac à main avant de sortir de sa voiture, rejoignant ensuite le bar où l'attend son amie. Lorsque la brune arrive sur place, Erika est déjà présente. Elle s'approche d'elle afin de lui faire la bise tout en arborant un immense sourire.

Salut Erika ! J'espère que tu ne m'as pas attendue trop longtemps ?

Lui demande-t-elle avant de prendre place à ses côtés, Melody étant réellement heureuse de voir son amie et de pouvoir passer un peu de temps en sa compagnie. Au fond, voir des gens lui fait un bien fou et en plus, Erika étant une très bonne amie, autant dire que cela tombe à pic. C'est d'ailleurs le moment qu'elle attendait le plus de sa journée.

Alors, comment tu vas ? Tu sais déjà ce que tu désires commander ?

Javajunkie

HJ:

Comme elle se perd sur l’écran de son téléphone, répondant à quelques messages pour le boulot sans pouvoir s’en empêcher, la jolie blonde est bientôt tirée de ses pensées par une silhouette qui approche de sa table. Relevant la tête, la quadragénaire reconnaît immédiatement Melody, à laquelle elle adresse un grand sourire avant d’éteindre l’écran de son téléphone pour poser celui-ci dans son sac à main. Déjà, la joue de son amie est contre la sienne, la saluant par une bise, avant que que la chorégraphe ne prenne place dans le siège faisant face à la blonde.

”- Oh non non, pas du tout, ne t’en fais pas !” affirme la quadragénaire. ”Je suis arrivé il y a tout juste cinq minutes ! Tu es parfaitement à l’heure, du reste !” poursuit-elle en jetant un regard à sa montre. ”Et même un peu en avance, toi aussi !” la rassure-t-elle alors.

Si elle va bien ? Oui, elle peut le dire. En ce moment, tout va pour le mieux. Enfin, elle n’a bien sûr toujours pas la moindre nouvelle de sa famille, aussi bien ses parents que son frère, mais rien de nouveau sous la lune. Depuis le temps, elle a l’habitude. Ce n’est pas comme si elle s’attend vraiment à ce que les choses changent avec eux, alors qu’ils la jugent depuis des années pour le métier qu’elle a décidé d’exercer, qu’ils ne comprennent pas.

”- On ne peut mieux !” assure-t-elle. ”Et toi ?”

Commander, ce n’est pas une mauvaise idée. Quoi donc ? Elle ne le sait pas encore. Il faut dire qu’elle n’a pas pris le temps de regarder la carte, même si elle connaît celle-ci presque par cœur, depuis le temps. Melody aussi, sûrement. Elles n’en sont pas à leur première visite toutes les deux. D’ailleurs, depuis le temps, les serveurs les connaissent bien et leurs offrent parfois quelques petits avantages, ravis de les revoir. Des amabilités que les deux femmes leurs rendent bien volontiers.

”- Peut-être un cosmo.”

Classique. On ne peut jamais se tromper avec un cosmo, dit-on. Il est même assez surprenant de ne pas voir ce cocktail sur une carte, tant il s'agit d'une valeur sûre auprès de la clientèle. Une valeur sûre que les restaurateurs n'hésitent jamais à exploiter. Ils auraient tort de le faire, à vrai dire.

”- Ou un pornstar.”

Ironie.

Erika dessine un sourire sur ses lèvres. Melody n’a vraiment pas à s’en faire pour son potentiel retard, la blonde ne l’a pas vraiment attendu. Pas longtemps. Elle ne s’est même pas aperçu des minutes qui passaient et, à en croire sa montre qu’elle consulte tout juste, la chorégraphe est dans les temps. En avance, même. Malgré qu’elle se soit perdue dans son travail, comme cela lui arrive régulièrement. C’est toujours ça, quand on a un boulot passion. Elle en sait quelque chose, bien que son travail soit pour le moins atypique. Elle se perd souvent un peu elle-même dans celui-ci, ne voyant pas toujours le temps qui passe avec certains clients. Ce sont des choses qui arrivent.

”- Ah ah, mais non, tu es parfaitement à l’heure ne t’en fais pas !”

Et si cela n’avait pas été le cas, de toute façon, Erika est beaucoup trop conciliante pour lui en faire le moindre reproche. Elle aurait assuré que tout allait bien. Parce que tout allait bien. Parce que cinq minutes de retard, ou dix, ce n’était pas grand chose. Parce que ce qui compte, c’est que Melody soit arrivée, ni plus ni moins. Le reste n’est que détails qui ne valent pas la peine que l’on se prenne la tête, loin de là.

”- Deux verres pour le prix d’un, pourquoi refuser ?” remarque Erika, sourire en coin, lorsque Melody affirme que le pornstar évoqué par Erika la tente bien.

La tentation, la blonde la connaît si bien, trop bien. Elle est de son quotidien, en fait totalement parti. Elle ne sait, du reste, pas toujours y résister. Loin de là. Alors finalement, peut-être bien qu’elle va partir, elle aussi, sur ce cocktail, plutôt que sur le cosmo. Tant pis pour l’image. D’autant plus que ce n’est jamais qu’un verre, qu’un nom. Et qu’elle sait son amie suffisamment intelligente pour ne pas se permettre la moindre remarque déplacée sur le sujet. Ce dont tout le monde n’est pas capable, elle ne le sait que trop bien.

”- Alors, raconte moi un peu, quoi de nouveau en ce moment ?” questionne la blonde en même temps qu’elle fait un signe de la main en direction de la serveuse, pour que cette dernière vienne prendre leurs commandes, comme elles ont semble-t-il pris leur décision question alcool.

Si Melody redoute de ne pas être à l’heure, il n’en est rien. A vrai dire, même si elle ne l’avait pas été, son amie ne lui en aurait pas tenu rigueur, elle-même étant parfois susceptible de se présenter en retard à un rendez-vous qu’elle aurait. Notamment quand elle devait voir Charlie, d’ailleurs, son meilleur ami. Une chance que ce dernier soit compréhensif là-dessus, quand les Allemands sont très à cheval sur la ponctualité. Il n’était toutefois pas toujours évident de quitter ses patients pour rejoindre ses amis. Elle s’en sentait parfois même un peu coupable après coup, songeant qu’elle avait été peut-être un peu brusque en partant retrouver “sa vie”.

”- Oui ! Le plus important !” affirme la blonde en gratifiant la portoricaine d’un large sourire. ”Et c’était tellement attendu !” remarque-t-elle.

En tout cas de son côté c’était bel et bien le cas. La blonde avait attendu impatiemment ce rendez-vous amical et cette occasion de sortir un peu de la routine. Elle ne doutait pas que cela soit aussi le cas de Melody, par ailleurs, laquelle jonglait entre l’éducation d’enfant et le travail. Un boulot pour le moins sportif et exigeant, du reste, qui devait parfois tirer un peu et lui donner envie de se détendre, de relâcher toutes les tensions de ces exercices aussi bien physiques que mentaux.

Pour la blonde, le choix de cocktail n’est finalement pas si difficile que ça, alors qu’elle opte pour un pornstar martini que son amie s’empresse de réclamer elle aussi. Ce cocktail, au nom évocateur, présentait le double avantage, en plus d’être bon, d’être servi dans deux verres. Un cocktail et une flûte de pétillant. Parfois même du champagne. Ici, c’était bel et bien du champagne par ailleurs. Rien d’étonnant au vu du standing de l’établissement étoilé.

”- Un fou ou une personne qui n’a aucun goût !” remarque Erika. ”Imagine, il y en a qui viennent dans les bars pour boire des mojitos ou des cuba libre qu’ils pourraient faire chez eux !”

Bon, d’accord, ils ont bien le droit d’aimer ce qu’ils veulent… Mais quitte à claquer 8 à 12€ dans un verre, autant partir sur un choix un peu plus exotique et un peu moins simple à réaliser. Du genre que l’on ne s’amuse pas à faire chez soi. A l’image de ce pornstar martini que, toute connaisseuse de la boisson soit-elle, Erika ne parvient jamais réellement à reproduire chez elle.

Le boulot, les enfants… Naturellement, Melody a une vie bien remplie, que la jolie blonde ne peut pas totalement comprendre non plus, dans le sens où elle n’a pas d’enfants. Et n’en veut pas, par ailleurs. Pas plus qu’elle ne cherche à se marier, fuyant aussi bien les épousailles que la maternité, voyant tout cela comme des chaînes qui la priveraient de sa vie, de sa liberté. De toute façon, quel homme ou quelle femme voudrait de quelqu’un comme elle, qui s’éffeuille sans scrupule devant l’écran de son ordinateur, entre autre ? Personne, probablement. Quant à la question des enfants, elle ne voudrait pas, en prime, imposer à qui que ce soit d’être harcelé dans la cour de récréation par rapport au métier que ferait sa mère. Hors de question. Toutes ces choses là, ce n’était donc pas pour elle.

La serveuse approchant pour prendre leurs commandes prive la blonde d’une occasion de répondre comme Melody lui retourne la question, remettant celle-ci à plus tard. Il ne leur faut qu’une poignée de secondes, toutefois, pour retrouver leur sollitude, comme la jeune femme s’éclipse aussi rapidement qu’elle est venue, la commande de leurs appéritifs enregistrée.

”- Pas grand chose, je dois dire. La seule chose globalement nouvelle dans mon existence ce doit être que j’ai quelques nouveaux clients et clientes en accompagnement depuis la dernière fois. Guère plus. Les jumeaux se portent bien ?”

Il est toujours particulièrement agréable de passer du temps avec ses proches, de retrouver ses amis pour une soirée. Et c’est ainsi qu’Erika avait attendu impatiemment cette soirée avec Melody, alors que celle-ci était prévue depuis un petit moment déjà. Et de toute évidence la réciproque était vraie pour la chorégraphe, celle-ci remarquant qu’elle ne le lui fait pas dire, sous-entendant ainsi qu’elle avait elle aussi eu grande hâte de cette petite soirée entre amies qu’elles allaient passer en tête à tête. Et elles allaient honorer cela comme il se devait par quelques cocktails sympathiques. D’autant plus que la blonde ne comprend pas bien ces gens qui viennent payer un prix exorbitant pour de simples whisky coca, rhum coca et autre. Comment pouvait-on dépenser autant pour des boissons que l’on pouvait faire chez soi, au lieu de profiter de toutes les saveurs nouvelles, spéciales et particulières que les bars avaient à offrir ?

"- C’est vrai.. Mais certains ont des goûts très particuliers dans ce cas !" remarque la quadragénaire, amusée.

Il ne lui viendrait sûrement pas à l’idée de sortir claquer un rein pour un mélange basique. Mais peut-être que certaines personnes n’aimaient tout simplement pas les cocktails. Il est vrai que certains avaient peur de payer si cher pour que cela ne leur plaise finalement pas. C’était effectivement un risque, Erika en convient. Elle-même avait déjà était déçue lorsqu'elle avait un jour goûté une caïpirinha. Elle n’avait jamais voulu tenter de nouveau l’expérience, depuis. Elle préférait se cantonner à des valeurs sûres et c’est vrai que, parfois, elle passait à côté de tentatives qu’elle aurait pu apprécier, parce qu’elle avait cette même crainte, la faisant rester le plus souvent sur ses incontournables.

Retrouver une amie, c’est toujours si agréable. Et l’occasion de prendre des nouvelles, de s’inquiéter de sa famille, de parler davantage qu’on ne le fait généralement par l’envoie de SMS, permettant ainsi que Melody s’épanche un peut au sujet de ses jumeaux… et de leur croissance ahurissante, qu’elle n’a pas le temps de voir passer. Erika opine de la tête. Bien qu’elle ne veuille pas d’enfants et ne comprendra jamais vraiment l’effet que cela fait de les voir grandir, cela ne l’empêche pas de compatir quelque peu.

"- Je ne prétendrai pas que je peux comprendre cela. Mais je pense que je vois ce que tu veux dire." acquiesce la blonde. "C’est vrai qu’ils prennent de l’âge… ça leur fait combien, maintenant ?" se demande-t-elle avant de poursuivre. "Pour ma part ça se passe bien oui. Mais c’est toujours un peu difficile quand-même. On prend l’habitude malheureusement, mais on ne s’y fait jamais vraiment."

Erika ne peut pas retenir un petit rire lorsque son interlocutrice affirme qu’il faut voir le bon côté des choses. Qu’en voyant le verre à moitié plein, on se rend vite compte que si certains ne boivent pas de cocktails élaborés, ça en fait plus pour ceux qui savent les apprécier. C’était une façon de voir les choses. Un peu pochtrone, peut-être, mais une façon tout de même. Pour autant, elle-même buvait-elle vraiment plus de cocktails élaborés sous prétexte que certains n’en buvaient pas du tout ? Elle en doutait fort, quoiqu’elle ait tout de même, elle devait bien l’avouer, une consommation assez importante de ces boissons aux saveurs exotiques. Boire un cocktail, ce n’était jamais seulement boire de l’alcool. C’était aussi un voyage des sens dont les saveurs se faisaient les pilotes, entraînant les papilles dans des décors exotiques. Lorsque leurs verres leur seront servies, elles pourraient toutes deux, d’ailleurs, en fermant les yeux, s’imaginer sur une plage au bout du monde. Entendre les cris d’oiseaux magnifiques, le bruissement de l’air marin dans les cocotiers… Elles pourraient peut-être même, en se laissant entraîner un peu plus, sentir sur leurs peaux la chaleur du soleil et les grains de sable chatouiller leurs voûtes plantaires.

”- Tu te sens vraiment d’attaque à boire toutes les parts des ignares ?” demande la blonde, de bonne humeur, plaisantant comme elle répond aux propos de son amie.

Treize ans, déjà.? Le temps file à une vitesse incroyable, emportant la jeunesse avec lui. Erika n'aurait pas pensé que les jumeaux pouvaient être déjà si grands. Ils l’étaient pourtant. A quel moment avaient-ils poussés tous les deux ? Cela restait un mystère. Si Erika n’a pas d’enfant à elle, si elle n’en veut pas, cela ne l’empêche pas de se faire la remarque qu’on ne les voit pas pousser. Est-ce donc la nuit que ces chenapans oeuvres, quand tout le monde est endormi ?

”- Cela pousse si vite…” acquiesce la blondinette.

Et si les enfants grandissent, cela est révélateur d’un autre fait qu’elles ne peuvent ignorer, ni l’une ni l’autre : elles prennent de l’âge. Pour l’une comme pour l’autre, la quarantaine est déjà bien entamée, presque terminée et la cinquantaine approche plus rapidement qu’il n’y paraît. Bientôt, les rhumatismes ne leur permettront peut-être plus de mener les vies qui sont les leurs aujourd’hui. Bientôt, la santé ne sera peut-être plus au rendez-vous. De quoi faire penser à la blonde, d’ailleurs, qu’elle a oublié de prendre rendez-vous pour un dépistage du cancer du sein, que son docteur lui recommande de réaliser à intervalle régulier, tous les deux ou trois ans. Rien que ça.

Melody évoquant son époux disparu, Erika conserve un silence religieux quelques instants, comprenant la peine de son interlocutrice. Si elle n’a jamais connu ce que Melody a pu vivre auprès de son époux, si les choses de l’amour émotionnel lui échappent, la blondinette n’en connaît pas moins la douleur du manque, de l’absence. Cette douleur contre laquelle on se sent impuissant. Contre laquelle on ne peut simplement rien faire. Elle vivait la même chose; quoiqu’il ne s’agisse pas d’une romance.

”- Je n’en doute pas non plus…” souffle-t-elle finalement avant d’apporter une réponse aux propos de son amie sur son métier. ”Non en effet ce n’est pas évident. Tant de vies brisées, de projets avortés, d’existences qui doivent se réorganiser… Ce n’est jamais facile, c’est certain ! Certains perdent jusqu'à l'envie de vivre. C'est très difficile.”