Adentina • Drôle de samedi

Adentina
Quand on vient de divorcer, il y a des jours naturellement plus faciles que d’autres à supporter. Pour Valentina, ce n’était pas l’absence d’un homme dans sa vie qui parvenait à la mettre mal. Au fond, ces dernières années, elle avait pris une certaine habitude à être seule, à ce que son mari n'ait de mari que le titre. Finalement, il y avait bien longtemps qu’elle était seule, même mariée. Owen l’avait abandonnée, bien avant qu’elle ne soit divorcée, à tel point que gérer les enfants toute seule ne lui faisait pas peur. Les mener à leurs activités, les aider dans leurs devoirs, être présente pour eux malgré son travail, c’est ce qu’elle faisait au quotidien, bien avant que ne soit prononcé son divorce. Elle n’avait aucun problème avec ça. Non. Le problème pour elle était ailleurs. Il y avait une autre facette, dans le divorce, à laquelle elle n’était pas habituée : l’absence de ses enfants, une partie du temps.

Ce week-end, justement, les enfants étaient chez leur père et un  message d’Adeline lui avait confirmé, la veille, que ce dernier avait bel et bien pensé à les récupérer. Depuis le divorce, au moins, l’homme semblait avoir eu une prise de conscience suffisante pour au moins penser à ses enfants et ne pas les oublier à l’école. Elle avait pourtant redouté plus d’une fois que cela n’arrive. En dehors de quelques retards, cependant, Owen s’en sortait plutôt bien. Et si cela rassurait le cœur de la blonde, cela ne parvenait pas, cependant, à gommer son amertume de ces journées passées sans la chair de sa chair. Sans ses enfants. Ces week-ends là, elle avait tendance à travailler, donc, pour noyer son impatience de les retrouver et pouvoir se dégager du temps le reste de la semaine, quand ils étaient là. Elle avait dû, finalement, réorganiser sa vie en fonction de ce divorce, de ces impératifs.

Aujourd’hui, sa journée de travail s’annonçait cependant un peu particulière, par rapport à celles qu’elle avait d’ordinaire, comme elle ne travaillerait pas seule. Jetant un regard à l’horloge, d’ailleurs, elle se fait la réflexion que son directeur artistique, Adam, ne devrait plus tarder. Ils avaient des choses à boucler tous les deux et ce samedi leur avait semblé être l’opportunité idéale pour avancer sans être dérangé, quoique le cadre, chez Valentina elle-même, était un peu particulier, pour une rencontre professionnelle. C’était samedi, après tout. Autant se mettre un peu à l’aise.
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Adentina
Quand on vit un événement marquant, on remet en question toute sa vie et ses décisions. Depuis un an et quatre mois, Adam avait remis en perspective beaucoup de choses. Son travail. Sa famille. Ses amis. Sa vie. Avant ce terrible accident qui aurait pu coûter la vie à beaucoup de personnes, dont l'équipe éditoriale du Cosmopolitan Germany, l'homme était plutôt du genre à vivre insoucieusement. Quand la mort vous frôle, c'est là que vous vous dites qu'il faut profiter de chaque instant. C'est ce que s'était dit Adam en sortant de l'avion, encore sonné par l'objet non identifié qui s'était écrasé contre son front. Dire aux personnes qu'on aime qu'on les aime en fait parti.

Aujourd'hui, nous étions samedi. Un jour somme toute ordinaire, synonyme de détente et de relaxation pour certains, de travail pour d'autres. Pour Adam, il était question des deux. Loisir et travail se mélangeait dans d'étranges façons, ce qui n'était pas pour déplaire au quadra. Dossiers en main, il sonne une seule fois avant de patienter pour qu'on lui ouvre la porte. Qui est ce « on » ? Nulle autre que Valentina, celle pour qui son cœur bat différemment. Celle aux côtés de qui il était, ce jour là. Celle à qui il a tant de choses à dire depuis. Mots qu'il contient, qu'il mure derrière des sourires parce que le temps n'était pas venu.

Oh, il en a mis du temps avant de comprendre ses sentiments pour la jeune femme. Sa fierté, mise à mal il y a désormais quelques années, lui avait mis des bâtons dans les roues. Il aura fallut un presque crashe d'avion pour qu'il avoue tenir à cette jeune femme. Malgré son mariage. Malgré son mari. Malgré ses enfants. Quand on aime, on ne compte pas, après tout... Et Adam l'aime. Il en est certain. La question qui reste à élucider est : qu'éprouve la principale concernée ? Alors qu'il est dans ses pensées, la porte s'ouvre en grand et laisse apparaître la blonde. « Bonjour Val'. » lance l'homme avec bonhomie et chaleur. « Comment vas-tu en ce samedi ? » questionne-t-il alors qu'il pénètre dans l'habitation de Valentina, au cœur même de son intimité, pour le seconde fois en sept ans. « T'as changé la déco, depuis. » je note, mon regard traversant la pièce avant de se poser sur son hôte.
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Adentina
La sonnette de la porte d’entrée se faisant entendre, Valentina repose son magazine machinalement sur le présentoir, avant de se lever du canapé. Un coup d’oeil dans son miroir, furtif, pour vérifier son allure et la blonde ajuste sa tenue soigneusement, lissant le tissu, avant de s’observer encore un instant. Parfait. Ce n’est qu’après cet examen visuel rapide qu’elle se décide à ouvrir, gratifiant d’un grand sourire l’homme qui se tient devant la porte et la salue déjà lui-même chaleureusement. Des salutations que la maman lui rend avec la même chaleur.

”- Bonjour Adam ! Je t’en prie, entre, fait comme chez toi !” l’invite-t-elle à entrer. ”Très bien je te remercie. Et toi ?”

Très bien n’était peut-être pas le terme le plus exact. Elle ne pouvait pas être très bien en un week-end où elle n’avait pas ses enfants avec elle et où ses contacts se limitent donc à quelques messages rapides et un appel le soir. Pour son cœur de maman, c’était trop peu, trop douloureux, bien qu’elle doive apprendre à s’en satisfaire désormais. Avec cette garde, elle n’avait pas d’autres choix, de toute façon. Elle avait obtenu la garde de ses enfants la majeure partie du temps. Elle ne pouvait pas tout avoir, diraient certains. C’était bien cela qui l’avait longtemps retenu de prendre cette décision, qui l’avait longtemps maintenu dans un mariage qui ne fonctionnait plus.

Changé la déco. La quadragénaire opine d’un élégant mouvement de tête. Depuis la dernière fois qu’Adam était venu, évidemment, elle avait eu le temps de faire un grand ménage. En premier lieu, les affaires d’Owen avaient disparu de la maison. Avec leur divorce, les photographies s’étaient elle-même envolés, au profit de clichés de leurs enfants uniquement ou des proches de la jolie blonde. Dans l’élégante maison qu’elle occupait désormais seule avec ses enfants, il ne subsistait de traces de leur père que dans les chambres des enfants, à leur demande. Des vestiges qu’elle ne se serait pas permis de toucher, évidemment.

Plus que quelques cadres cependant, elle avait bel et bien cherché à se réapproprier totalement sa maison et aller de l’avant en changeant la déco, le mobilier, choisissant un style scandinave cocooning dans lequel elle se sentait bien et qui contrastait avec l’ancienne allure néo-classique trop chargée, trop ostentatoire, qu’ils avaient un jour choisi avec Owen. Avant que la blonde ne s’affirme, ne change.

”- Oui… Il y a quelques mois déjà. Un besoin de changer d’air, d’espaces…” justifie-t-elle. ”Je te sers quelque chose à boire ? Un café ?”
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