A toi de me sauver la vie (Ft. Evelyn)

Cela devait faire environ 18h que j'étais de garde à l'hôpital. J'étais complètement exténuée, mais c'était une nuit qui ne finissait plus. L'urgence grouillait de patient et personne n'avait le temps d'une pause. J'avais décidé de rester un 24 heures afin d'aider les autres. Mon fils était avec ma soeur, alors il n'y avait aucun problème. Mon 24h arrivait enfin lorsqu'on m'appela à l'urgence, m'indiquant qu'un soldat était transporté d'urgence et qu'ils avaient besoin de cardio. En temps normal, j'aurais envoyé mon collègue, car je venais d'entrer dans la salle des chirurgien afin de me changer et partir, mais tout ce qui touchait l'armée me portait extrêmement à coeur. Lorsque j'arrivai, j'entrai au même moment que la civière avec le soldat. Je demandai les détails de sa condition et c'est lorsque je vins pour regarder son visage que je figeai. Non, mais je rêve...c'est certain que je rêve. Sloan? Mais... j'essayai de me reprendre, mais j'étais complètement figée. J'entendis alors la voix de ma soeur, qui est infirmière ici, que je secouai la tête.

"Evie! Qu'est-ce que tu fais! Salle de trauma 2 aller !!"

Je me réveillai et je fermai mes émotions afin de pouvoir fonctionner. Je courus vers la salle alors que les gens me suivaient et je commençai à l'examiner en posant des questions.

"Qu'est-ce qui s'est passé? Expliquez moi la situation"

Je commençai à écouter son coeur alors que mon regard se posa dans le sien qui était entreouverts.

"Sloan, c'est moi, ne t'inquiète pas, tout va bien aller, je te le promets...."

Je lançai un regard inquiet à ma soeur qui ne comprenait vraiment pas, car elle n'avait jamais vu Sloan, puis je continuai à l'examiner, écoutant les détails. Malgré la fatigue, une adrénaline venait de monter en moi. Non seulement je le connaissais, mais...pendant 5 ans, je croyais qu'il était mort.

Écoutant ce que le pompier avait à me dire, je commençais à réfléchir de mon côté. À mes souvenirs, il ne m'avait jamais parlé d'un problème cardiaque. Cependant, j'entendais quelque chose en écoutant son coeur, ses poumons, que je n'aimais pas du tout. Je me tournai vers ma soeur et d'un ton autoritaire, car malgré que c'était ma soeur, nous étions au travail, je devais rester professionnelle.

"Croft! Va me réserver une salle, je dois l'ouvrir d'urgence."

Je savais que ma soeur avait vu mes yeux paniqués. J'allais devoir lui expliquer le pourquoi, mais ce n'était surtout pas le moment. Lorsque je me retournai vers Sloan, il essaya de me répondre. Je fronçai les sourcils alors que je le voyais fermer les yeux. Bordel, je vais le perdre. Je montai sur la civière par dessus lui la seconde ou j'entendis que son coeur lachait par le moniteur.

"Pas le temps d'attendre! Dirigez nous vers la salle d'opération stat!"

Je commençai à masser son coeur. Il était hors de question qu'il meurt sous ma garde. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'il était devant moi. J'avais des souvenirs qui me revenaient en tête de lui et moi dans l'armée et non, je n'allais pas le perdre, pas maintenant alors que je venais de le retrouver. Je voyais les gens se pousser alors que nous passions dans l'urgence à toute vitesse. Je continuai le massage cardiaque de plus en plus fort.

"Reste avec moi Hampton! Tu n'as pas le droit de partir comme ça! Allez, tiens le coup! On est bientôt arrivé..."

Après 2 minutes, nous étions arrivés dans la salle d'opération et je descendis rapidement de la civière afin de laisser mon équipe le préparer. Il fallait que j'aille m'habiller et me désinfecter avant de commencer l'opération. Je regardais par la vitre et j'aperçu l'anesthésiste lui mettre un masque pour l'endormir. Je frottais mes mains qui tremblaient. Ma soeur vint alors me voir.

"Evie, ce n'est pas toi d'être nerveuse comme ça! Tu es peut-être trop fatiguée...on peut appeler l'autre cardiologue..."

Je regardai alors ma soeur en secouant la tête.

"Non, je vais bien"

Je me dirigeai alors dans la salle d'opération, commençant à opérer à coeur ouvert.

2 jours avaient passés depuis que j’avais ouvert sur une table d’opération le père de mon fils. J’avais découvert une anomalie qui pouvait simplement être traité par un médicament spécifique. Après l’opération, j’avais discuté avec ma sœur pour lui expliquer qui il était. J’avais appelé mes frères et sœurs afin qu’ils prennent soin de mon fils, car je ne voulais pas rentrer à la maison. Ma sœur m’avait apporté des vêtements et je dormais dans une salle de repos. Il n’avait toujours pas repris connaissance, mais ses signes vitaux étaient stables. Je m’étais endormie sur une chaise dans sa chambre et ma sœur venait de me réveiller, car je commençais mon shift de travail dans 30 minutes. Je pris la direction de la douche et je me préparai, repensant à tout ça. J’étais complètement sous le choc de le voir ici, dans cet état. J’avais tant à lui expliquer…

Je reçu un appel sur mon téléphone afin de me prévenir qu’il venait de se réveiller. Je pouvais sentir la nervosité s’emparer de moi. Comment allait-il réagir en me voyant? Je me dirigeais vers sa chambre, un café à la main. Je n’avais pas très bien dormi dans les derniers 48h. En arrivant à la porte de sa chambre, je l’aperçus dans son lit, les yeux un peu ouvert. C’était ma sœur qui était l’infirmière de garde dans cette section et elle venait de finir d’examiner ses signes vitaux. Lorsqu’elle me vit, je lui fis un signe de tête et elle quitta la chambre. Je me dirigeai près du lit, déposant mon café et le regardant.

« Hey Sloan….contente de te revoir parmi nous…. »

Je me tirai une chaise afin de m’asseoir près de lui en lui prenant la main. Je ne savais même pas quoi dire, ni par où commencer. Je restai donc professionnelle pour le moment.

« Comment te sens-tu?...j’ai dû t’ouvrir en salle d’opération… ton cœur a lâché deux fois et j’ai dû te ramener. Tu sauras que ça n’a pas été tâche facile, mais il était hors de question que je te laisse partir… »

J’affichai un petit sourire empathique. Je pouvais sentir mes émotions prendre le dessus et mes yeux se remplirent d’eau, mais…je me forçai à ne pas pleurer. Je lui serrai la main et…je ne pouvais plus me retenir.

« Je… Sloan, j’ai….je croyais que tu étais….je suis désolé… »

Ça y est, je ne pouvais plus me retenir. Quelques larmes silencieuses coulaient sur mon visage. Je n’en revenais pas qu’il était bien là, devant moi.

J’avais de la misère à m’exprimer. Je ne pouvais pas tout simplement lui expliquer le pourquoi du comment alors qu’il venait de vivre un stress immense à son cœur. Ce n’était pas le temps ni l’endroit pour discuter de tout ça. Il semblait ne pas croire que j’étais bien là. J’eus un petit sourire lorsqu’il prononça mon surnom et je passai une main dans ses cheveux.

« Shhh… je suis là, garde tes forces. Tu es entre de bonnes mains ici et je ne te quitte pas des yeux…Repose toi… »

J’aurais aimé qu’il m’écoute et reprenne des forces, mais bien sûr, il devait se poser mille et une questions. La question que je craignais le plus sorti de sa bouche. Je soupirai en baissant le regard. Comment pouvais-je bien lui expliquer cela. Je ne voulais pas lui annoncer qu’il était père tout de suite, car il m’en voudrait pour la vie. C’est pourquoi je décidai d’y aller en douceur.

« J’ai essayé de te rejoindre, pendant des mois…chaque jour…je…je n’y arrivais pas. J’ai dû… arrêter de travailler pendant un moment et l’armée n’était plus une option dans ma situation… »

Je sais, ma réponse était vraiment vague, mais l’important en ce moment, c’était qu’il comprenne que cela n’avait pas été intentionnel.

« Tu m’as tellement manqué…Je ne veux pas que tu penses que je t’ai abandonné ou oublié… »

J’entendis alors la porte derrière moi s’ouvrir et ma sœur m’indiquer qu’elle avait Nathan au téléphone. Mon regard se figea complètement. Merde, elle n’aurait pas pu ne rien dire!! Je regardai Sloan.

« Ce ne sera pas long, je dois prendre cet appel, je reviens… »

Je sorti de la chambre en fermant la porte et en lançant un regard noir à ma sœur qui venait de réaliser ce qu’elle venait de faire. Elle s’excusa et je passai devant elle en l’ignorant. Mon fils m’appelait, car il s’ennuyait. Je le comprenais, cela faisait 3 jours que je ne l’avais pas vu. Je lui parlai quelques instants avant de revenir dans la chambre.

« Pardonne-moi… Je devais absolument répondre.. »

« Je vais bien maintenant… »

Je lui fis un sourire réconfortant. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète pour moi, ce n’était pas le moment. Je ne voulais surtout pas qu’il pense que je l’avais oublié. Je ne l’avais jamais fait. Depuis mon retour en ville, je n’avais eu personne dans ma vie. Je m’étais consacrée à mon fils à 110%...notre fils et tant que je n’avais pas la confirmation de sa mort, j’avais toujours eu un petit espoir qu’il reviendrait…mais pas dans ces circonstances. Lorsqu’il m’expliqua qu’il avait eu peur pour moi car je ne revenais pas, je lui fis signe de tête voulant dire qu’il n’avait pas à s’inquiéter pour moi, mais au même moment, je dus prendre un appel. Étant mon fils, je le pris à l’extérieur avant de revenir dans la chambre. Il me demanda si tout allait bien.

« Oui oui, ne t’inquiète pas… nous aurons amplement de temps de discuter, mais tu dois reprendre des forces et te reposer… »

Étant la chirurgienne en charge, je devais lui annoncer qu’il allait devoir être sous médication pour le restant de sa vie…du moins, pour le moment, vu la condition de son cœur. Je passai une main dans ses cheveux, revenant près de lui en m’assoyant sur la chaise et je déposai un léger baiser sur son front. J’étais si heureuse de le revoir. Mon regard s’assombrit alors que je reprenais la parole.

« Je dois…je dois te parler quelque chose. Lorsque je t’ai opéré, j’ai trouvé une anomalie au niveau de ton cœur… j’ai pu réparer une bonne partie, mais… pour le moment, tu vas devoir rester sur la médication afin de régulariser le système. Si tu ne les prends pas, tu vas revenir sur ma table d’opération et j’aimerais bien que cela n’arrive pas. Théoriquement, te connaissant, je n’avais pas le droit d’opérer, mais personne n’était au courant sauf ma sœur…de plus, je ne fais pas assez confiance aux autres…tu me connais... »

J’eus un petit sourire en coin face à ma remarque. Lorsqu’il était question de quelqu’un que je connais, j’avais beaucoup de difficulté à laisser les autres faires à ma place. J’ai une confiance absolue en mes compétences, mais ce que j’avais fait était contre le règlement de l’hôpital et je savais que j’allais en entendre parler plus tard…