Oups ! Surprise ! ~ Philou & Magda

Cette matinée ensoleillé est parfaite pour une journée comme celle là. En pyjama sur la terrasse ma tasse de café à la main, je me sens bien. Une journée sans travail une journée juste pour ne rien faire, ou dut moins se faire un peu plaisir. Et vue que le soleil qui se pointe, je n’ai qu’une envie aller m’occuper des chevaux. Alors, c’est simple, je prend mon téléphone, ah mince, je l’ai laisser dans ma chambre, bon tant pis, je préviendrais Philou plus tard, pour le moment je profite du petit matin, du soleil qui monte dans le ciel.
Une fois ma tasse de café finit, je prépare le petit déjeuner pour mes coloc préféré, puis je retourne dans ma chambre pour enfiler un leggins, un t-shirt, et enfile des baskets. Un allée retour à la boulangerie pour laisser des viennoiseries pour les copains, je leur laisse un petit mot, et quitte la coloc sans un bruit. Je me dirige vers ma voiture et direction le haras, ma maison de cœur à tout jamais.
Je suis comme une petite fille, excité comme un matin de noël. C’est à mis chemin que je me rend compte que je suis une sacré tête de linotte, j’ai oublié mon téléphone et donc oublié d’envoyer un message à Philippe. Bon et bien, il va avoir une surprise ce matin !
Je roule le sourire aux lèvres, j’allais retrouver mes repaires, un petit garçon qui n’en ai plus un, je sens que ça va être une bonne journée.
Je suis dans l’allée, me gare puis sort de la voiture sautillant comme une enfant. Je fais comme chez moi, et part directement vers les boxes, impatiente de caresser les chevaux. C’était paisible, apaisant, relaxant… Cette douleur, ce silence ça m’avait toujours fait du bien. Même si ça me ramène des années en arrières, qui me fait du mal et en même temps ça me fait du bien d’être ici. C’était un peu comme si j’étais proche de lui, de mon fils…. Je sais que ce n’est pas le cas, que ça n’a aucun rapport, avec ce que j’ai fais, mais, ça m’a toujours aidé à aller de l’avant.
J’entends un cheval s’énerver, un peu plus loin alors je tourne la tête et je vois cette silhouette que je reconnaîtrais entre milles.

- Hey ! Philou !

Je sais qu’il n’aime pas trop ce surnom, mais en même temps ça lui allait si bien petit. Il se faufilait partout tout le temps. Et puis, quand j’ai appris qu’il s’appelait Philippe c’était devenue une évidence.

- Désolé de débarquer comme ça…. j’ai voulu t’envoyer un message, et puis.. tu me connais…

Je lui fais une grimace, m’empresse d’avancer vers lui pour le prendre dans mes bras et lui faire un gros bisou sur la joue, qui claque bien. Pour moi, Philippe est comme un petit frère.

Quelle journée ne pouvait pas être bonne lorsque l’on aimait ce que l’on faisait ? Tous les matins, je n’hésitais pas une seule seconde à sortir du lit, à me dépêcher de rejoindre ce petit bout de paradis qu’était le centre équestre Freiheit. Et même si tout ne se passait pas comme prévu, même si des problèmes étaient présents. On ne pouvait pas tout apprécier dans son travail, bien au contraire. Le plus important était bien d’être passionné. Passer son temps près des chevaux, il n’y avait rien qui pouvait me faire plus plaisir.

Ce matin, c’était gestion du centre. Tout ce que je détestais mais c’était bien nécessaire. La comptabilité, il fallait s’en occuper pour préparer les salaires du mois, pour savoir quels travaux pourraient être effectués le mois suivant, pour payer toutes les factures et les impôts. Bien sûr, je ne serais pas moi si je n’étais pas allé m’occuper un peu des animaux. Habillé comme d’habitude à l’arrache, un pantalon de cavalier, ce qu’il mettait assez rarement et un simple haut à l’effigie du centre. Il s’occupait de sortir les chevaux dans les prés pour qu’ils ne restent pas enfermés, donnant des soins à ceux qui en avaient besoin. Il était toujours attentif au bien-être des animaux et les laisser enfermés était hors de question. Quitte à ce que les cavaliers cherchent leurs montures et mettent plus longtemps à les préparer, c’était préférable. Enfin pour moi en tout cas. Le bien-être animal était bien plus important que tout.

Occupé dans le box d’un étalon bien capricieux, à m’occuper de vérifier que tout allait bien, je sursautais légèrement en entendant les mots d’une autre personne, il n’avait pas entendu qui que ce soit entrer dans l’écurie. Encore heureux que je me trouve seul dans le box, la personne aurait bien pu se moquer de moi, très certainement pas méchamment, d’ailleurs. Parce que, rien qu’à ce surnom, je savais qui c’était. Je préférais que l’on m’appelle Phil, parce que je trouvais que mon prénom était celui d’une personne âgée mais Philou, rares étaient les personnes à utiliser ce nom avec une telle intonation. Heureux comme un gamin, je posais ce que j’avais dans la main en équilibre sur la porte du box, franchissant les quelques pas qui me séparaient de cette femme que j’appréciais tout particulièrement. Quel bonheur que de la retrouver ! Je la prenais dans mes bras et la serrais avec autant de tendresse que d’amour. Cette personne était comme ma grande sœur.

« Ce n’est pas grave du tout, tu me connais, tu es ici chez toi, tu viens quand tu veux, même si je ne suis pas là ! Ca me fait vraiment plaisir de te voir ! Tu ne travailles pas aujourd’hui ? Tu veux boire un café ou manger quelque chose ? »

Une accolade plus tard, je regarde ce petit garçon en souriant, oui, il sera toujours un petit garçon à mes yeux. Je souris quand il me dit que je suis ici chez moi, en effet, il a fort longtemps, ici c'était ma maison, l'endroit où je me suis sentit bien après l'adoption de mon enfant.
Je lui fais un gros bisous sur la joue avant de le regarder avec des étoiles pleins les yeux quand il évoque un café.

- Tu sais que je ne peux jamais dire non à un café !! Mais tu veux pas que je t'aide un peu avec les chevaux, j'ai toute ma journée.

Et pour une fois, je ne voulais pas rester enfermé dans l'appartement, après tout, j'ai jamais aimé être trop dans le même endroit, enfin, être enfermé, c'est pas non plus ce que j'aime tout court.  

- Tu me dis si je te dérange, où même tu me dis quoi faire, et je peux même te faire des consultes tout gratuit !

Pour lui, je peux faire beaucoup de chose, il est comme le petit frère, alors pour lui, je donnerai un rein.

- C'est quoi ton programme mon Philou ?

Je ne voulais pas non plus l'embêter bien au contraire, si je pouvais l'aider, je serai ravis. Les anciens propriétaires m'ont tellement tout appris, et puis mes années de médecines vétérinaires sont aussi un bon point pour moi.
J'évite quand même de l'appeler Philou quand il y a trop de monde autour de nous, il doit quand même garder un certain statut pour les autres.

Depuis que nous nous étions rencontrés dans l’endroit, ce dernier avait grandement changé. Ce n’était qu’un petit centre équestre dans son jus, où la santé des animaux passait bien avant l’état des lieux dans lequel ils vivaient. J’avais un peu révolutionné la chose depuis que j’avais racheté. Si les animaux étaient toujours, bien évidemment, le plus important, leur offrir le meilleur endroit possible était aussi très important pour moi. Nous autres humains aimaient vivre dans des endroits propres, rangés et surtout assez moderne alors, même si cela m’obligeait à faire, souvent, des travaux moi-même et rester un peu éloigné du bonheur de passer du temps avec les chevaux, les bâtiments étaient rénovés et en constants agrandissements. J’essayais de laisser cet aspect très convivial que j’avais connu, tout petit, lorsque je venais embêter Magda et surtout, essayer de l’aider dans ses tâches.

« Des consults gratuites ? C’est très mal me connaître de penser que je vais dire oui et ça, tu le sais parfaitement ! » dis-je doucement, non sans grogner encore un petit peu. C’était tout simplement hors de question. Je vérifiais avoir bien fermé mon box avant de venir glisser ma main dans celle de Magda, comme je le faisais toujours depuis que j’étais tout petit, pour l’emmener avec moi en direction de mon bureau.

« Pour le moment le programme, c’est de prendre un bon café avec quelques gâteaux ! Faut aller promener quelques chevaux après, leurs propriétaires sont partis en vacances et ne peuvent pas venir pendant plusieurs semaines. On le fera tous les deux si tu as envie ? »

Entrant tranquillement dans le grand bureau dans lequel je n’avais même pas le droit de mettre un seul pied, quand j’étais tout petit, toujours si fier d’avoir pu y établir mes quartiers. Mon bureau était toujours couvert de paperasse que je retardais le plus possible. Je partis enlever quelques affaires poser sur la petite table basse dans un coin pour que nous puissions nous installer sur le canapé. Puis, deux tasses de café attrapées, je les mettais sous la machine et laissais le café couler dedans.

« Tu veux des gâteaux avec ça ? »

Lui et sa fierté franchement, parfois il pourrait la mettre au fond de sa poche. Parce que pour moi c’est mon jour de repos et ça sera difficile de ne pas juste faire comme si j’étais une simple femme qui ne sait pas s’occuper des animaux. C’est encré en moi après tout.

- Gnia gnia

Lui dis-je en lui tirant la langue. J’ai beau être la plus vieille, je suis aussi la plus gamine entre nous deux. Je me laisse guider jusqu’à son bureau. Ça me rappelle de sacrés souvenirs, même s' il y a eu pas mal de changement. Mais j’y faisais mes devoirs pendant qu'à côté de moi, ils faisaient la compta.
Une balade !

- Je suis toujours partante, tu le sais bien !

Comment dire non à une promenade à dos de cheval, c’est juste le meilleur moyen de voir la nature. Installé dans le bureau, je regarde autour de moi et je lève les yeux au ciel quand je vois qu'il y a autant de papier partout. Il a besoin d’aide celui-là.

- Des biscuits, mais toujours Philou, voyons, tu me connais assez !

Il sait que je suis une grande gourmande pourtant pourquoi il me pose la question ! Je pourrais manger tout ce qui me passe devant le nez !


- Est-ce que tu aurais besoin d’un petit coup de main aussi pour tes papiers ? Tu en as partout.

Il ressemblait beaucoup trop à Wilhelm et ça me fait grandement sourire.

Bien évidemment que Magda était douée avec les chevaux, c’était elle qui m’avait en partie tout appris, et je l’en remerciais tous les jours, au moins dans ma tête, c’était certain. Mais je ne voulais surtout pas qu’elle passe sa journée de repos à s’occuper avec moi, enfin si, ça ne me dérangeait pas du tout mais je n’allais très certainement pas passer mon temps à lui donner du travail ! Tous les deux, nous savions très bien que travailler dans un centre équestre était loin d’être de tout repos, que c’était éreintant, même après des années à travailler dans ce milieu. Je n’allais très certainement pas lui imposer de retourner au travail le lendemain en étant bien plus épuisée qu’en partant.

Sa réaction me fit largement rire. C’était bien nous deux ça, à se crêper gentiment le chignon mais sans jamais arrêter de rigoler ensemble. La voyant rigoler, je lui fis un rapide petit clin d’œil complice. « Je sais, oui, je te demandais juste pour la forme ! Gourmande va ! » dis-je en riant doucement. Moi-même pour me consoler lorsque je m’occupais de la paperasse, j’avais tendance à avoir un paquet de gâteaux qui traînait constamment près de ma main. J’avais un placard complètement rempli de sucreries d’ailleurs et les partager avec Magda, je le faisais avec le plus grand des plaisirs. J'ouvris un placard et choisis très soigneusement l’un des paquets préférés de mon amie pour l’ouvrir et le poser sur la table basse. Pas besoin de les mettre dans un plat, de faire semblant que c’était quelque chose d’une grande qualité. Tous les deux, nous nous connaissions parfaitement bien et faire semblant serait uniquement débile.

Je laissais un petit rire sortir de mes lèvres en entendant Magda proposer son aide pour la paperasse. Tout de même, je ne lui redonnerais pas ma corvée. Je secouais alors légèrement la tête.

« Non merci ! Tu sais, je pense que je vais engager une secrétaire pour s’occuper de toute ma paperasse parce que je n’aime vraiment pas ça… Puis maintenant le centre peut très largement s’en permettre… » Je lui souris largement. Je n’avais absolument jamais aimé cela, les papiers et je n’avais absolument aucun mal à en parler. Je posais les tasses pleines de bon café sur la table basse puis me laissais tomber sur le canapé, attrapant Magda pour la serrer contre moi. Elle m’avait vraiment manqué.

L’odeur du bon café me fait automatiquement sourire. Mais la compagnie de Philou encore plus. Ca m’est impossible de ne pas me sentir bien ici. J’étais comme chez moi et puis Philipp c’est la famille, donc le paquet de biscuits sur la table, c’est juste la cerise sur le gâteau.
Collé contre mon “petit frère”, je ne pouvais que me sentir bien. Je relève un peu la tête, puis lui fais un gros bisou sur la joue.

- N’hésite pas à me demander, j’ai bien l’habitude, et puis aujourd’hui il y a des outils très pratiques sur les ordinateurs pour te faciliter la tâche.

J’attrape la tasse de café que je hume avant de la porter à mes lèvres et de prendre une bonne gorgée qui me fait du bien.

- Je suis très contente que tu t’en sorte, c’est magnifique ce que tu fais ici. C’est un vrai plaisir de venir à chaque fois. Je suis fière de toi Philipp.

Je ne mentais pas, Philou s’en sort très bien, il fait que de bonne chose pour que les animaux soient heureux et qui amène du monde pour faire vivre le centre.
Une gorgée de café et un biscuit engloutit, je regarde Philipp en souriant.

- Tu sais que tu es tout aussi désordonné que Wilh, c’est incroyable !

Et je passais pas mal de temps à nettoyer ce bureau, même si j’essaie avant tout de faire tous mes devoirs. Mais c’était ma façon à moi de les remercier.
J’ébouriffe les cheveux de Phil avant de me lever d’un bon, voilà que j’étais séparer d’un animal trop longtemps, j’avais grand besoin de leur contact, une vraie folle que je suis.

Cet endroit était notre maison. Autant pour Magda que pour moi parce que nous y avions vécu de très nombreuses choses, toutes aussi fortes les unes que les autres, quelles soient agréables ou non. Abandonner cet endroit, je n’y avais absolument jamais pensé et dès que la vétérinaire y allait, c’était comme si ma grande sœur revenait à la maison. C’était même totalement le cas. Magda était la sœur que je n’avais jamais eue. Un large sourire vint étirer mes lèvres en sentant son bisou. Je tournais rapidement le regard pour l’observer quelques secondes, venant même lui rendre con bisou avant d’aller attraper un gâteau pour le manger. Gourmand que j’étais.

« Oui, je sais… Mais même avec ces outils, je n’en ai pas envie. Ca me prend du temps que je pourrais passer avec les chevaux. Tu me connais, je vais finir par le faire à la dernière minute ! Mais je le ferais ! » dis-je en riant doucement. J’étais quelqu’un de très fréquemment en retard, on n’allait pas se le cacher mais jamais en ce qui concernait le centre. Certes au dernier moment mais jamais en retard. J’écoutais les mots de Magda en restant quelques secondes à réfléchir, voulant très clairement lui parler de quelque chose. Est-ce que je le devais… Ou pas du tout ? Mon regard glissa dans le sien qui réussit à me faire céder en une fraction de seconde.

« Merci… D’ailleurs, je sais que je ne devrais pas encore t’en parler parce que je suis en pleine négociation avec mon banquier mais… Je vais rénover d’autres bâtiments. Enfin pour le moment il faut encore que je les achète. Tu sais, les terrains qui sont à l’orée de la forêt un peu plus au Nord. Il y a un tel potentiel là-bas ! Je ne veux pas agrandir le centre, pour le moment il est bien comme il est mais je me dis que je pourrais créer une sorte de centre pour les chevaux maltraités ou en fin de vie. Comme ça ils auraient tous les soins qu’ils veulent, de la nourriture et un toit pour terminer leur vie dignement plutôt que d’être envoyés à l’abattoir. Et pour les animaux maltraités, quand ils seraient guéris, ils pourraient peut-être rester là-bas s’ils apprécient ou venir un peu dans le centre équestre ? dis-je doucement. C’était encore un projet mais cela faisait de très nombreuses années que j’y pensais, peut-être même avant d’acheter le centre équestre. Je baissais doucement la tête en attendant sa réaction, trouvant bien soudainement mon biscuit très passionnant à observer. Je savais très bien que j’allais devoir passer deux fois plus de temps au travail et embaucher deux fois plus de personnel mais cela me tenait vraiment à cœur.

Je me mis à rire. Ce bon vieux Wilh, c’était vrai qu’il était bien pire que moi. C’était drôle de voir que, de toute façon, c’était largement plus la passion des animaux que l’envie de la paperasse, qui faisait que quelqu’un choisissait ce travail. Je finis par me lever juste après Magda, comprenant presque ce qu’elle pouvait penser.

« On redescend ? »

Philou est devenu grand, bien trop à mon goût, cependant, heureusement qu’il a grandi faut dire. Quand il m’expose son plan, les miens changent. S' il veut faire un sanctuaire pour les chevaux, il va avoir besoin d’un vétérinaire… et qui de mieux que moi pour ça. J’aime cet endroit autant que lui, et les chevaux ont été mes premiers amis lors de ma nouvelle vie.

- Attends, tu me sors une bombe comme ça et tu crois que je vais rester sans rien dire ! C’est une idée géniale, Philou…

Et vue qu’il c’était mis debout, je m’empresse de le prendre dans mes bras, c’était une chouette idée, et avant de lui proposer mon aide, je dois aller voir un banquier, j’ai un peu d’argent de côté, autant investir dans quelques chose dans lequel je crois. Et j’ai toujours cru en lui.

- Tu vas m’en parler un peu plus autour des chevaux ?

Je voulais en savoir plus, c’était un projet vraiment incroyable, et je connais de belle manière d’accompagner les animaux en fin de vie sans qu’ils souffrent et sans qu’ils soient complètement remplis de produit chimique. La médecine douce pour animaux je connais bien.
Alors qu’on retourne auprès des chevaux, je le regarde en souriant. Je suis si fière de lui, mon petit frère. Il a tellement changé, mais pas son amour pour les équidés.

Des idées, j’en avait plein la tête mais il fallait dire que mon banquier réussissait assez souvent à freiner mes envies, le petit filou. Je détestais lorsqu’il faisait ça, même quand je savais que c’était surtout dans l’intérêt du centre équestre, son objectif n’étant pas non plus que mon affaire coule. Je savais très bien que Magda était tout aussi sensible que moi au bien-être animal et que voir des animaux en mauvaise santé, être traité comme s’ils étaient déjà morts, il n’y avait rien de pire. Je sais que je ne devrais pas du tout lui parler de ce projet que j’ai en tête depuis un bon moment mais elle s’y connaissait tellement dans ce domaine que je ne pouvait pas non plus rester loin de ses précieux conseils. Elle avait été l’un de mes mentors après tout. « Tu trouves vraiment que c’est une bonne idée ? Tu sais, tu me connais, tu peux me le dire si c’est encore l’une de mes idées farfelues totalement inutiles, je ne t’en voudrais absolument pas ! » dis-je en riant doucement. Je n’étais pas toujours le mieux placé pour les bonnes idées et Magda avait déjà pu me le dire par le passé. Mais je savais très bien au fond de moi qu’elle serait toujours sincère.

Je la serrais avec douceur contre moi avant de redescendre avec elle aux côtés des chevaux, me remettant tranquillement au travail en même temps. Les minutes passaient et plus je prenais de retard, moins je dormirais la nuit suivante. Son interrogation me fit doucement rire. Je lui lançais alors un petit regard en coin, je reconnaissais bien là sa curiosité que j’aimais tant. Je laissais alors mes épaules doucement se hausser avant de murmurer.

« Tu tiens vraiment à ce que je t’en parle ? Je viens de te dire que je ne devrais pas ! J’ai rendez-vous avec mon banquier demain, je devrais au moins voir selon ce qu’il me dit, tu ne crois pas ? Je stresse tellement que je crois que je ne vais pas dormir cette nuit d’ailleurs ! Mais… Enfin… Rah ! Si tu veux j’irais te montrer toute à l’heure ! »

Je sautille comme une enfant, j'ai envie d’avoir plus de détails. Surtout que s’il n’a pas assez de fond, je pourrais l’aider un peu. Je lui laisserai le contrôle pour gérer comme il le souhaite bien entendu. Je serai comme un bienfaiteur anonyme.
Je me retiens quelques minutes, en pesant le pour et le contre de lui parler de cette idée complètement folle, mais la sienne est si belle que je ne peux pas rester sans rien faire.
Alors que je suis en train de faire une palpation à un cheval sans vraiment y réfléchir, une fois terminé, je retourne près de Philou, et je lui murmure plein d’enthousiasme.

- On y va maintenant ?!

Est-ce qu’au plus meilleur moment de mes quarante ans, je me sens comme une enfant de quatre ans. Oui, totalement. Et est-ce que j’en ai honte, pas du tout !
Et s' il veut un architecte pour son projet, j’en connais un, je connais bien son animal, son Drago, je suis sûr qu’il pourrait faire un prix à Philipp.

- Allez, on y va !!!!

Je sautille comme une gamine, il n’avait plus grand choix, mis a part le chantage, cependant, je n’arriverai jamais à lui faire ça. Je l’aime trop mon Philou.
Un cheval se met à hennir et je souris.

- Tu vois, même lui il veut aller voir ton projet !


Je fini par me mettre à rire de bon cœur, alors que je m’approche du cheval pour le calmer.

- Oui, je sais, il est pas cool, il veut me faire languir après cette bombe qu’il me balance…. oui, ton gardien n'est pas cool.

Je crasse le museau de la bête, et lui fais un bisou entre les oreilles quand il se baisse vers moi. Je lance un regard à mon petit frère pour finir ma supplication, si là, il ne veut pas, je devrais être patiente.

La famille est une chose très importante pour moi, d’autant plus que mes amis. Peut-être était-ce pour cela que je considérais tant de mes proches comme faisant partie de ma famille, des proches pour lesquels je serais prêt à faire beaucoup de choses et auxquels il m’était franchement très compliqué de refuser quoi que ce soit. Très exactement comme Magda était en train de le faire. Il ne fallait pas exposer ses projets à l’avance, je partais du principe où cela ne ferait rien de mieux que de porter la poisse. J’étais un peu superstitieux et je ne l’avais absolument jamais caché, d’ailleurs. Dans un premier temps, je suis heureux que Magda ne m’interroge pas plus, en profitant pour me remettre tranquillement au travail. Puis finalement sa voix s’élève et elle me demande si je ne peux pas l’y emmener tout de suite. Ma réponse est silencieuse alors que je lui lance un regard en coin. Lui en parler était déjà trop et maintenant elle voulait que je l’y emmène ?

Apercevoir son enthousiasme n’eut pour effet que de me faire sourire un peu plus, très visiblement heureux. Non, il ne fallait pas, cela voulait dire que j’étais en train de craquer… Ma main glissa doucement sur mon visage pour tenter de retrouver mon calme, en vain alors qu’un cheval semblait totalement appuyer ses propos. Les éléments semblaient jouer contre moi ou alors, je ne savais tout simplement pas résister, une volonté visiblement loin de résister à toute épreuve. Je pris bien le temps de terminer ce que j’étais en train de faire avant de répondre et de me retourner vers Magda. Je savais qu’elle serait contente alors il fallait que je prenne des précautions pour ne pas abandonner ma tâche en cours. Un large sourire étira mes lèvres. « Choisis ta monture alors, on y sera plus vite comme ça ! »

Bien évidemment, la mienne était toute trouvée. Je partis vers le box de Tornado, le cheval qui m’appartenait et depuis de très nombreuses années et que j’appréciais grandement. J’installais tranquillement le matériel qui lui correspondait, laissant Magda faire de son côté, je lui faisais la plus grande des confiances.