Vente sans pression feat. Hannah Weissmann

J’étais ici depuis plusieurs mois. J’avais fait un grand ménage dans les affaires de mon père et j’avais même récupéré son dossier médical. Il était temps pour moi de mettre sa maison en vente. Je ne pensais pas m’attacher à ce lieu. C’était un peu étrange de me dire que j’allais laisser partir cette jolie maison pour retourner à ma petite vie. Une vie qui se composait d’université et de temps passer au large à plonger en eaux profondes ou avec les baleines. J’avais tenté de ranger les choses au maximum. Je voulais faire une bonne impression à l’agente immobilière que j’avais trouvée. J’avais vu sa photo et je m’étais simplement dit qu’elle avait l’air gentille. Je ne connaissais pas vraiment la réputation de tout un chacun dans les environs et j’avais envie qu’une femme s’occupe de la vente de la maison. C’était personnel après tout sans compter que cette dernière devait parfaitement parler anglais sans quoi, j’allais avoir des problèmes pour bien comprendre les contrats de vente et le reste.

J’avais enfilé un pantalon noir avec un chemisier à fleurs. Mes cheveux étaient attachés dans un chignon bas alors que je portais mon éternel collier en or autour du cou. Je ne me trouvais pas si laide que ça, mais la quarantaine approchait tellement vite. J’avais l’impression de n’avoir rien fait de ma vie d’adulte au final en dehors de passer du temps avec les mammifères marins et les profondeurs de l’océan. J’avais préparé du café pour l’agente et moi. Je recommençais à faire rapidement le tour de la maison pour m’assurer que chaque chose était à sa place. Je replaçais les coussins décoratifs sur le canapé encore avant de passer nerveusement les mains sur mon pantalon. Il y avait encore quelques photographies, mais les vêtements et ce genre de choses avaient été sortis de la maison assez rapidement. Je n’avais conservé que ce qui me tenait vraiment à coeur. Je sentais mon coeur se serrer un peu avant d’entendre sonner à la porte.

Je laissais mes talons hauts claquer sur le plancher de bois avant de prendre une grande inspiration et afficher un grand sourire en ouvrant la porte à l’agente immobilière. La nervosité devait sans doute se lire un peu sur mon visage après tout.

- Bonjour, vous devez être madame Weissmann. Entrez, je vous pris et garder vos chaussures. Je suis Minna Hofman. Ravie de faire votre connaissance.

Je la laissais entrer dans la maison avant de fermer la porte et lui tendre la main pour la serrer.

- Vous désirez faire le tour d’abord ou bien prendre un café ? J’ai tenté de mettre la maison sous son meilleur jour, mais certaines pièces ne sont pas très modernes.

Seigneur, je rêvais de retourner sur un bateau en cet instant et profiter du calme de l'océan. Je parlais sans doute beaucoup trop en prime.

Sur le coup des quatorze heure, Hannah jette un regard à sa montre, se préparant à partir retrouver une cliente d'ici quelques minutes pour la vente d'une maison, à la suite d'un décès. Arrangeant ses affaires sur le bureau, Hannah range un dernier dossier avant d'attraper son sac à main et ses clés de voiture posées sur l'imposant meuble en bois vernis trônant au milieu de la pièce. Son gilet enveloppant rapidement ses épaules, elle glisse son sac à main sur l'une d'elles, avant de quitter le bureau, le bruit de ses escarpins la suivant dans le couloir.

S'engouffrant dans l'ascenseur, la trentenaire pousse un soupir alors que son téléphone sonne, acceptant l'appel malgré le nom d'un client affiché sur celui-ci. Une plaie. Quand elle arrive enfin dans le parking réservé à l'agence immobilière, le téléphone est encore vissé à son oreille. En approchant de la voiture, pourtant, elle continue de se montrer courtoise, sans presser l'homme au bout du fil, l'écoutant patiemment malgré le temps qui presse un peu.

L'appel passant sur le bluetooth du véhicule, Hannah laisse son téléphone choir sur le siège à ses côtés avant de prendre la route, se hâtant d'atteindre l'adresse qui lui avait été indiquée alors que sa cliente doit déjà l'attendre. La trentenaire jette un regard bref à sa montre, avant de reporter son attention sur la route instantanément et sur son appel.

Se garant en face de l'adresse indiquée, Hannah laisse son interlocuteur terminer de parler, avant de finalement pouvoir raccrocher la communication, promettant de le rappeler dès qu'elle aurait un moment. Sortant du véhicule, elle passe son sac à main par-dessus son épaule et s'empresse de rejoindre la porte de la maison, toquant à celle-ci, qui laisse bientôt paraître une silhouette dans son embrasure, au visage un peu nerveux, angoissé.

"- Bonjour Madame Hofman." la salut poliment Hannah. "Hannah Weissmann en effet, enchanté."

Entrant dans la maison, l'agent immobilier se rend rapidement compte que son interlocutrice est effectivement un peu nerveuse, alors qu'elle tente de le dissimuler en parlant, ses propos la trahissant pourtant. Et Hannah lui adresse un sourire qui se veut rassurant. Tout allait très bien se passer, elle n'avait pas à en douter.

"- Un café ne serait pas de refus, je vous remercie." décide la trentenaire en pensant que cela donnera le temps à son interlocutrice de retrouver un semblant de sérénité.