Jusqu'au dernier gramme

Tu avais rendez-vous à l'hôpital fameuse visite de contrôle, cette visite que tu redoutais tous les mois, si seulement tu pouvais devenir une petite souris pour éviter cela. Devant la glace, tu te regardais ne sachant pas comment t'habiller, ta mère frappa à ta porte pour dire qu'il fallait partir. Attrapant une robe tu l'enfilas et fermas la porte de ta chambre à clé. Montant dans la voiture dans un silence total, tu n'avais pas envie de parler, alors tu regardais la route. L'hôpital n'était pas loin de chez vous. Tu descendis de la voiture sans rien, forçais d'être ici, forçais de monter sur cette putain de balance. Le médecin te regarda dans les yeux "Deux kilos en moins madame Engelwald". Le coup de massue, n'osant pas regarder ta mère, tu regardais la balance sans rien dire. Le silence était d'or dans la pièce. Il te donna une ordonnance, sans la regarder tu fourras le papier de merde dans ta sacoche.

Dans la voiture tu n'osais pas parler à ta mère, mais tu remarquas que la route qu'elle suivait "Mais tu vas où?". Toi tu voulais juste dormir, te mettre sous ta couette, envoyer un message à Kyle pour lui demande de passer, sous prétexte que tu avais besoin d'aide pour des cours. Alors que non tu voulais juste le voir lui, l'avoir prêt de toi. Tu poussas un hurlement quand elle freina d'un coup, te tournant vers elle "Mais, merde tu peux pas faire attention". tu mis tes cheveux en place, en poussant un long soupir tu reposas ta tête contre la fenêtre tout en regardant la ville passer sous tes yeux. Merde c'est pas vrai pensas-tu elle venait de s'arrêter devant un restaurant ! Elle allait vraiment te faire chier avec ça. Tu sortis de la voiture, claquant la porte assez fort. Rentrant dans le restaurant avec elle. Tu pris place à la table "Tu sais très bien que j'ai pas faim, il est trop tôt". Mensonge, encore un pour éviter de manger, tu commandas un perrier bien frais "Bref sinon tu vas comment ?". Oui il fallait changer de sujet rapidement pour ne pas parler de ton mal être. Le serveur déposa ta boisson et celle de ta mère

Évidemment, Kathryn espère bien faire, elle veut bien faire, elle veut soigner sa fille. Entendre que celle-ci a perdu deux kilos, cela la rend malade, cela rendrait malade n'importe qu'elle maman qui aime son enfant, évidemment. Kathryn aurait aimé que son bébé aille mieux, que son enfant ne soit pas ainsi victime de cette putain de maladie et elle ne comprend pas, elle ne comprend pas comment sa fille peut être tombée là-dedans, alors qu'elle est belle, qu'elle est magnifique même et qu'elle n'a pas besoin de se rendre malade pour l'être. Sa fille demande où elles vont. Kathryn ne répond pas, perdue dans ses pensées, perdue dans sa douleur, la douleur de ne pas pouvoir aider sa fille.

Elles manquent d'avoir un accident, Ida cri. Sa mère, encore une fois, ne répond pas. Elle sait que si elle le fait, elles vont se disputer, alors que sa fille se montre particulièrement désagréable, sans voir la peine de sa mère, sans voir la détresse dont elle est victime, à voir sa fille bousiller sa vie comme ça. Et elle rejoint un restaurant, proposant à sa fille de manger. La porte qui claque donne le ton de ce déjeuner. Et elle sait que ce sera long, que ce sera douloureux aussi.

«- Il n'est pas trop tôt, il est midi et demi passé mon poussin !» fait remarquer sa mère comme on les a conduit à une table.

Ida questionne sa mère, pour ne pas parler d'elle, certainement. Kathryn n'est pas sotte, elle sait parfaitement que sa fille se fiche un peu de tout ça, c'est une ado, elle veut juste détourner la conversation. Sa mère va bien, elle le sait, elle le croit, elle la voit tout les jours.

«- J'ai connu mieux.» se contente de répondre la mère alors qu'on lui apporte son mojito sans alcool. Elle a connu mieux, oui. Quand sa fille n'était pas anorexique et que son fils ne touchait pas un tas de saloperies. Kathryn soupire, observe la carte, la repose. «Et toi ? Tu passes tes journées enfermée, tu ne veux rien me dire, tu ne me parles jamais... Je veux juste comprendre, poussin...»

Tu n'aimes pas être enfermée trop longtemps avec ta mère, tu n'aimes pas être trop longtemps dans la même pièce car tu sais qu'elle t'en veut, que quelque part elle ne comprend pas, qu'elle se sent coupable. Toi tu t'en fous, tu regardes la route, la ville qui défile sous tes yeux de gamine blonde, tu regardes en pensant à cette mère de famille qui poussa la poussette, ou encore à ce vieux qui à du mal à marcher. Sans savoir pourquoi ce vieux te donne envie de pleurer, tu sens les larmes monter dans tes yeux, alors tu t'essuies le visage, tu n'as même pas le temps de penser à autre chose, que ta mère provoque presque un accident. Tu t'énerves comme toujours, merde tu peux être vraiment méchante Ida quand tu le veux. Mais ce n'est pas pour autant que tu dis pardon, loin de là toi tu es comme ça. Tu demandes jamais pardon, tu vexes les gens, tu peux faire mal et même si tu le regrettes, jamais tu ne pourrais demander pardon. Alors ton regard noir se pose sur celle qui est ta génitrice, pour ensuite tourner la tête.

merde un restaurant, ce n'était pas possible, elle pouvait vraiment être chiante ta mère. Tu avais dans tes mains ton perrier, tu ne savais pas quoi lui dire "Si maman il est beaucoup trop tôt, j'ai pris mon petit déjeuner, il y'a même pas une heure!". mensonge, tu ne déjeunais plus le matin, tu prenais juste un café sans sucre, pour bien te réveiller. Tu pousses un long soupir, oui tu étais toujours enfermée dans ta chambre quand l'école se terminait. "Tu sais je travaille, j'ai beaucoup de retard à rattraper à cause de l'hospitalisation". Tu avais dis hospitalisation plus fort, plus gravement. Oui tu lui en voulais tellement de ce passage. Tu reposas ton verre tout en la regardant dans les yeux "Tu sais le moment où je voyais plus personne, où j'étais enfermée dans une chambre blanche, avec des médecins qui venaient dans ma chambre comme si je n'étais pas là. Tu le sais le moment ou je t'ai supplié de me reprendre". Le serveur arriva pour prendre votre commande l'ai gênée "Tu veux que je mange ? D'accord". Tu posas tes yeux noirs sur le pauvre serveur "Une salade verte, sans sauce". Sourire sur ton visage, sourire diabolique.

La femme soupire alors que sa fille insiste en disant qu'il est beaucoup trop tôt, qu'elle a prit son petit déjeuner il y a une heure de cela, qu'elle n'a pas faim. Mais elle a vraiment pensé que sa mère allait la croire ? La blonde est loin d'être sotte, loin d'être aveugle, elle sait parfaitement qu'Ida ne déjeune pas, ou plus, le matin et qu'elle ne prend qu'un café pour se réveiller, qu'elle limite drastiquement les calories qu'elle ingurgite. La mère de famille la soupçonne bien, en plus de ses apports, de faire du sport pour dépenser ce qu'elle avale, dans sa quête destructrice de la minceur, de la maigreur.

«- Mais tu n'as rien mangé, tu n'as pris qu'un café...» objecte sa mère.

Comme sa fille lui demande comment elle va, Kathryn répond, avant de reporter l'attention sur sa fille, en faisant remarquer qu'elle ne la voit guère, alors que celle-ci passe le plus clair de son temps dans sa chambre. Ida le prend mal, faisant valoir qu'elle s'enferme pour travailler ses cours. Elle appuie sur l'hospitalisation pour rappeler qu'elle est en retard, qu'elle a manqué des cours. Sa mère le sait et comprend bien le message.

«- Non Ida, tu n'as pas le droit de me le reprocher, tu sais très bien que ce n'est pas moi qui ai voulu... Les médecins ont dit que c'était mieux pour toi !»

Mais sa fille parle encore, enfonce le clou. Ida mentionne le fait que sa mère avait refusé de la faire sortir, quand sa fille le lui avait demandé. Il fallait l'accord parental. Parce qu'Ida est mineure. Et la maman avait refusé car sa fille n'avait pas atteint le poids de sorti qui avait été fixé à son arrivée. Et la mère s'inquiétait de l'avenir de sa fille, quand cette dernière serait majeure.

«- Avec une portion de frites, s'il vous plaît. Et pour moi l'assiette de produits de la mer en grillade. Les frites, en accompagnement.» demande-t-elle.

Et finalement, elle se tourne vers sa fille, l'observe quelques secondes.

«- Poussin... Comment tu trouve Angelika ? Et comment tu me trouve ?» demande la blonde en essayant de provoquer un déclic.

"Arrête de me souler maman ! D'accord, fait ta vie je fais la mienne" Tu pouvais vraiment être méchante, des mots qui blessent comme des armes, des couteaux pointus qui s'enfoncent doucement dans la chair pour y laisser des traces, des cicatrices qui n'arrivent jamais à se refermer. Qui s'ouvrent même si jamais le couteau ouvre encore la plaie. Toi Ida tu étais le couteau qui doucement s'enfoncent dans le coeur de ta mère, qui s'enfoncent de plus en plus loin toujours plus fort. Le couteau qui n'a pas envie de partir qui aime voir sa victime souffrir. Sourire sur le visage, tu aimais voir ta mère dans cet état, tu aimais lui faire payer ta souffrance, car oui tu lui en voulais pour toutes choses qui pouvaient t'arriver quand elle osa commander des frites tu poussas un long soupir "Vraiment maman? Mais c'est pas possible!". Tu passas ta main sur ton visage, ta mère était vraiment pas possible quand elle s'y mettait. Tu laissas le serveur partir sans rien dire, tu sais très bien comment éviter de manger. Ton portable vibra c'était lui, le seul qui pouvait te comprendre. Sans vraiment faire attention à la question de ta mère, tu tapas ta réponse à Kyle, oui il fallait que tu puisses le voir. Que tu saches qu'il est là pour toi. Tu relevas la tête pour regarder ta mère "Angel' est belle, tu le sais maman! Tu veux vraiment me comparer à Ange'". Le serveur déposa ta salade verte devant toi, avec les frites. Mon dieu tous le gras que cette assiette comportait. Tu passas ta main dans les cheveux tout en remerciant le serveur "Toi aussi tu es belle maman, mais je comprends pas ta question ? Bref bon appétit". Tu regardas l'assiette de ta mère avec un léger dégout, tu plantas ta fourchette dans la salade en y prenant un tout petit bout que tu mâchas pendant des secondes, enfin des heures.

Tu avais envie de te faire toute petite, de quitter le restaurant pour aller chez toi, pour aller dans ta chambre, éviter de redevenir le couteau qui allait briser encore une fois ta mère. Tu reposas ta fourchette prenant un verre d'eau, l'eau coupait la fin c'était bien connu. Tu posas ton regard sur ta mère, elle était magnifique et toi tu étais vraiment une bitch avec elle mais, voilà tu ne pouvais pas lui dire pardon. Trop dur de prononcer des mots ainsi. Tu la regardas manger en imaginant le nombre de calories dans cette petite portion. Les frites étaient devant toi, tu en pris une sous le regard de ta mère, il fallait vraiment qu'elle t'observe. Tu la mis dans ta bouche enfin un tout petit bout que tu mâchas "Tu es contente?". Tu espérais que oui, jamais tu ne pourrais manger tout cela "Ah oui maman, Avec des copines j'aimerai partir en week-end,pas loin du tout et je voulais savoir si tu étais d'accord?". Grand sourire sur ton visage, oui tu savais comment faire craquer ta mère, enfin avec la discussion d'avant cela pouvait être dur.

Kathryn accuse le coup alors que sa fille lui demande d'arrêter de la saouler, des mots qu'elle emploie de plus en plus souvent. La mère ne sait plus quoi faire, quoi dire. La discussion est rompue avec sa fille et elle a beau essayer de venir en aide à cette dernière, il lui semble toujours que ce n'est pas possible, qu'elle ne peut rien faire. Parce que sa fille coupe court à la conversation, jette un froid, prend ses distances. La mère de famille soupire et songe qu'elle aimerait bien, parfois, que son enfant ait de nouveau six ans et que sa seule préoccupation soit d'avoir l'attention de sa mère, des bisous, des câlins et des cookies sur la table en rentrant de l'école. Ce temps là était malheureusement révolu. Les années avaient rattrapés Kathryn, son miroir en témoignait.

Elle ne se démonte pas, pourtant et elle commande des frites en espérant qu'Ida en mangera, en espérant réussir à soigner sa fille. Elle doit faire comprendre à cette dernière qu'elle joue avec sa vie, elle doit lui faire comprendre que toute sa famille tient à elle et qu'ils sont tous très inquiets de son physique, de son aspect, qui témoigne des douleurs de son esprit, sans qu'ils ne sachent comment ils peuvent lui venir en aide. Kathryn soupire comme sa fille dit qu'elle abuse. Et elle oriente finalement la conversation sur Angelika, sur elle-même.

«- La question est toute simple chérie. Tu dis que nous sommes belles, que nous sommes biens... Mais... nous sommes plus épaisses que toi... Et nous sommes biens, mais nous mangeons plus... tu comprends ce que je veux dire ma chérie ? Tu es très belle tu... tu n'as pas besoin de... t'infliger tout ça...»

Kathryn se sent si démunie face à son enfant, responsable de son état et en même temps elle ne sait pas ce qu'elle a put mal faire pour précipiter cette dernière dans cette direction. Elle ne comprends pas. Elle avait toujours fait attention à sa ligne, mais jamais aussi drastiquement, elle ne savait pas où sa fille avait put trouver de telles idées, où et comment elle avait put avoir l'idée de se mettre en danger comme ça.

«- Alors... pourquoi ? De quoi essais-tu de te punir ?» demande la mère.  

Elle observe sa fille qui grignote un bout de frite. C'est peu. Il fut un temps où Ida adorait ça, comme tout les enfants. Ce temps semblait si loin maintenant. Kathryn n'est pas contente, comme le suppose sa fille, non. Elles sont loin du compte.

«- Je ne te dis pas de toutes les manger... mais quelques unes.» répond sa mère.

Elle lève un sourcil, à la demande e sa fille pour partir un week-end avec des copines. Malheureusement elle n'a pas une très bonne opinion des amies de sa fille et notamment de Gabi Rosenthal, qui avait passé son temps à se montrer outrageuse à la fête du port. Et dire que son père n'était pas intervenu. Kathryn savait bien pourquoi. Alors qu'elle discutait avec Kenneth Fletcher, elle avait aperçu son voisin, en compagnie de cette fille qu'elle avait vu passer à son bras devant sa boutique. Préférer la compagnie de sa maîtresse à la protection de sa fille, elle ne pouvait pas le comprendre, mais ce n'était pas ses affaires.

«- Seulement si Angelika vous accompagne.» annonce la maman. «Prendre un peu l'air lui fera du bien, elle doit se ménager avec sa grossesse !»

Un prétexte, surtout, pour que sa fille aîné veille sur la seconde.