(lili-eva) conseils sur la vie

Lili-Eva. Plusieurs mois qu'il ne l'avait pas vu. Quatre ? Six plutôt. Alors, il l'avait invitée. Chez lui. Prendre un verre. Pour se remémorer des temps d'antan, des soirées folkloriques médecine/pharma. C'est là qu'il l'avait rencontrée. Entre deux verres et ils avaient sympathisé. Puis, ils avaient gardé contact. Peut-être une des seules filles qu'il ne s'est pas tapé entre temps. Elle était jolie mais, il ne voulait pas. Peut-être qu'il la considérait comme une sœur à cette époque. Ou peut-être qu'il s'était pris un râteau à cette époque. Il ne se rappelait plus très bien. Mais, Archibald préféra penser qu'il ne s'était pas pris un vent.
Il était comme ça Archibald, ne cherchons plus à comprendre. Alors, il l'avait invitée. Archibald préférait passer une bonne soirée et comment ne pas passer une bonne soirée accompagnée de Lili. Oui, ça serait forcément une bonne soirée. Il pensa à tout ce qu'ils allaient se dire et tout ce qu'Archibald allait lui demandait surtout.
Archibald ne niait pas le fait qu'il était légèrement intéressé. Il avait besoin de conseils. Sur Lazlo, son fils. Comment tempérer un bad boy des plages ? Il ne savait pas et il espérait que la douceur de Lili l'aiderait. Peut-être qu'elle avait elle aussi un enfant caché. Ca serait une belle coïncidence et ça serait probable. Il ne lui connaissait pas d'enfant. Rien qui ressemble à un marmot, de près ou de loin.
Alors, il avait besoin des conseils de la belle. Des conseils sur la vie. Comment gérer cette situation de crise ? Elle devait savoir elle, parce qu'elle était médecin. Elle ne devait pas tout savoir sur la vie vu qu'elle était  supérieure ? Archibald pouffa et roula des yeux. Lili-Eva était une des seules qui n'avaient pas pris la grosse tête car elle avait réussi un satané concours. Tant mieux d'ailleurs. C'est peut-être pour ça qu'il avait bien accroché avec elle. Bien accroché dans le sens amical et qu'il n'avait pas voulu la draguer et la foutre dans son plumard.
Il entendit la sonnette. C'était sûrement elle. Qui ça pouvait bien être d'autre ? Il lui ouvrit la porte et lui offrit un de ses plus beaux sourires. " Entrez gente dame. Je vous présente mon humble demeure. " Il lui fit une courbette. Archibald n'avait pas envie de se battre au sérieux. Comme... presque toujours en fait. Elle devait être habituée depuis le temps. Il la laissa entrer et lui fit la bise. " Tu vas bien aujourd'hui ? " Effectivement, ça faisait un bail. Mais, maintenant, elle était là, c'est tout ce qui compte au final.

Attentive, j’avais fixé mon calendrier comme si ma vie en dépendait. J’avais du retard. J’avais beau fixé le calendrier… je retardais. Peu n’importe le nombre de fois où je comptais le nombre de jour, vingt-huit jours, ça tombait il y avait une semaine maintenant. Bien sur que je savais qu’un choc nerveux pouvait probablement expliquer pourquoi j’avais du retard. Mais je savais également que nous étions encore en essais trois semaines plutôt. J’avais doucement soupiré devant mon calendrier. Enfilant un coupe-vent, j’étais descendu à la pharmacie et j’en étais ressortie avec un test de grossesse.

La tête à demi dans les nuages j’étais revenue à la maison en me sentant étonnamment perdue. J’avais tristement habitude de faire les tests de grossesses, même si je n’avais pas d’enfants. Mais ça serait le premier que je ferais sans avoir Christ dans la pièce à côté pour me rassurer et me dire que cette fois-ci c’était la bonne. Je connaissais la procédure trop bien et en attendant le résultat, j’avais jeté un œil sur mon téléphone pour voir qu’Archibald m’avait invité à un souper chez lui. J’avais accepté, persuadée que de rester dans la maison dans laquelle nous avions vécus, mon mari et moi, entre deux déploiements n’était pas nécessairement sain. Je tournais dans ma cage comme un lion emprisonné. C’était curieux comment les mêmes endroits pouvaient faire naître en moi des sentiments devenus contradictoire.

J’avais relevé les yeux vers le test pour voir le résultat : positif. Ma main composa machinalement le numéro du gynécologue spécialisé qui me suivait. Je pris rendez-vous. Si je me m’étais pas sentie aussi déstabilisée par tout ce que j’avais traversée au courant des trois dernières semaines, j’aurais sans doute sauté de joie. Mon mari m’aurait regardé avec les yeux brillants d’espoir – parce que lui avait encore espoir que ça fonctionne et que mon corps fasse ce qu’il était sensé faire. Pour la première fois de ma vie, j’étais paralysée par la peur à l’idée de tenter une grossesse sans l’homme que j’aimais à mes côtés. Je décidais donc de ne pas en parler, de faire exactement comme si ça n’existait pas. Après tout à part mon gynécologue, mon mari et quelques rares amis – majoritairement des médecins avec qui j’avais eu à faire lors de fausse-couche outre-mer, personne ne savait que je n’arrivais pas.

Je filais donc sur la douche me préparer pour me rendre chez Archibald. Du temps où je faisais médecine, il faisait sa pharmacie. Et c’était un chic type bien qu’il ait enchaîné les conquêtes – quelque chose que je n’avais pas fait. Mes cheveux noués lâchement sur mes épaules, j’avais enfilé une paire de jean et un chandail en laine coloré. Je m’étais persuadée à grand coup de coup de pied spirituel au derrière d’enfiler de beaux souliers de marche pour filer chez mon ami. Comme depuis ma fin de résidence, je n’avais été qu’accessoirement en Allemagne, je n’avais jamais mis les pieds chez lui. Je me surprenais presque à sourire – un léger sourire… mais c’était toujours ça de gagner, lorsqu’il m’ouvrit la porte. « Voici donc l’antre du tigre… » déclarais-je doucement, en retirant mes souliers pour prendre place et lui rendre la bise. « Je vais de mon mieux… » dis-je avec un pâle sourire. J’allais relativement bien parce que je n’avais pas fondu en larme ce matin en réalisant que le lit était vide. C’était des petites victoires qui n’aient probablement pas à ce que je garde réellement la tête hors de l’eau.« … et toi? » demandais-je pour attirer l'attention loin de moi.