Promotion marketing [Feat. Valentina Koenig]

Lors des sorties des nouveaux produits de sa marque, Nikolic avait tendance à accepter quelques interviews, mais il choisissait avec soin celles qui acceptaient. Il n'avait jamais signé pour être sur le devant de la scène et au fond, ça ne lui plaisait pas plus que ça, mais il faut savoir faire avec les règles de marketing actuelles. Chaque saison avait sa nouveauté et il se devait d'en parler devant les caméras. Mitch n'était pas un grand fan, mais l'avantage c'est qu'il présentait toujours bien, son image de marque était forgée depuis quelques temps déjà, ce qui l'aidait au niveau des interviews.

Aujourd'hui, c'est avec Cosmopolitan qu'il a rendu. Une certaine Valentina devait l'interroger. Par chance pour lui, le russe avait réussi à cacher son anosmie. Il laissait les petites mains travaillaient à l'abri des regards et récoltait les lauriers si ça fonctionnait lorsque la commercialisation se faisait. C'était triste à dire, mais le quadragénaire faisait simplement acte de présence au laboratoire, il n'était désormais plus utile. Et si d'aventure certains lui demandaient son avis sur la cocoction du jour, il trouvait toujours un moyen d'esquisser. Personne n'était au courant de sa perte d'odorat, et il comptait bien de ne pas l'ébruiter, déjà parce qu'il en souffrait assez, et puis, parce qu'il connaissait déjà comment tout cela allait se finir. Il s'étonnait d'ailleurs que l'information n'est pas encore fuité. L'odorat est l'un des sens les plus sollicités, mais personne n'avait de doute à ce sujet pour son plus grand soulagement. 

Après une petite séance de sport dans sa salle de musculation, il descendit à la cuisine afin se se préparer une coupe de fruits frais qu'il découpa en morceaux. Il prit ensuite une douche et revêtit un des nombreux costumes qui trônait dans son dressings. Un costume fait sur mesure évidemment. Pour l'occasion, il prit la peine d'attacher une cravate autour du col de sa chemise. Une fois prêt, il enfourcha sa moto et se dirigea vers les locaux du journal. Il s'annonça à l'accueil afin qu'on le redirige là où on l'attendait.

Le café fume dans la tasse, réchauffant les doigts de la directrice générale comme cette dernière s’octroie une pause en compagnie de quelques collaborateurs, après quelques longues heures de travail et une grosse réunion. Elle avait toujours des journées chargées, à mille à l’heure. Une vie de mère au foyer gérant d’une main de maître et ses enfants et sa carrière. Courir mener les enfants à la garderie le matin puis filer travailler, enchaîner les heures de réunions et de travail, déjeuner sur le pouce avec quelques collègues ou des partenaires potentiels, travailler encore, récupérer les enfants à l’école, endosser son rôle de maman pour eux, celui de maîtresse de maison pour veiller à leur confort et finir par le Yoga, telles étaient les journées de la trentenaire, toutes plus ou moins semblables les unes et les autres. Ses journées se ressemblaient, c’était le cas de le dire. Peut-être parce qu’elle avait une vision bien morne, aujourd’hui, de sa propre existence. Peut-être parce qu’elle s’ennuyait fermement dans son existence, qu’elle avait une foule de regrets au quotidien, en constatant l’état de sa vie, l’état de son mariage, la prison qu’était devenue son union sans plus réussir à la laisser s’épanouir.

Valentina adresse un sourire à ses collègues, s’éclipsant bien vite. Son café à peine souillé de ses lèvres, voilà qu’il lui faut déjà retourner au travail, comme celui-ci la rappelle à lui. Pour consacrer plus de temps à ses enfants et compenser l’absence de leur père, la blonde blinde ses rendez-vous, son agenda, occupant tout son temps en condensant au mieux ses journées. Son café pas encore avalé, elle s’empresse donc, déjà, de rejoindre l’élégant bureau au dernier étage du bâtiment, s’installant derrière l’élégant meuble d’acajou. Sa tasse posée à portée de main, la trentenaire sort ses dossiers, les arrange sur la table.

"- Faites entrer Monsieur Nikolic !" demande-t-elle en joignant son secrétariat.

Elle arrange encore un papier, boit deux gorgées de café encore chaud, avant de se parer de son plus joli sourire, l’homme entrant dans la pièce. Se levant pour l’accueillir, Valentina lui tend une main accueillante.

"- Bonjour, Valentina Koenig. Bienvenue chez Cosmopolitan, monsieur Nikolic. Puis-je vous offrir un café avant que nous commencions ?"

Comme tout le monde, le russe a des défauts, mais il y a certaines qu'il ne supporte pas, comme arriver en retard par exemple. Il fait toujours tout son possible pour arriver dix quinze minutes en avance afin de se laisser le temps d'apprécier les lieux. Et si dans le domaine personnel, il est toujours ponctuel, inutile de préciser qu'il l'est encore plus dans le monde professionnel, surtout quand il a des réunions.

Après l'avoir annoncé à la principale concernée, le quadragénaire est convié à patienter quelques instants dans l'espace dédié. Plusieurs canapés trônaient ainsi qu'une petite table basse sur laquelle trônait une pile de magazine. Mitch aurait pu en feuilleter quelques uns, mais il n'était pas très friand des journaux people, avec les derniers ragots sur des personnes qu'il ne connaissait même pas, ou alors les derniers dramas qui s'était passé sur la toile. Très peu pour lui, les romans ont de loin sa préférence.

Une jeune femme s'approcha de lui, lui indiquant que madame Koenig allait le recevoir. Il vérifia que son costume était bien en place, remit sa cravate, puis la suivit jusqu'à arriver devant une porte close. Elle toqua, annonça l'invité et s'éclipsa avec un large sourire pour laisser la place à Mitch. Ce dernier entra alors dans le bureau de la directrice générale du journal. Plus jeune qu'il l'aurait imaginé, mais qu'importe, il n'était pas du genre à s'attarder sur ce type de détails.

" - Enchanté madame Koenig."

Inutile qu'il se présente, elle savait à qui elle avait affaire face à elle. Une rapide poignée de main, elle lui proposa un café. Mitch ne carburait pas à la caféine, mais une fois de temps en temps pourquoi pas. Et puis, de toute façon maintenant, ne sentant plus aucune saveur, on pouvait bien lui donner n'importe quel liquide noirâtre en le faisant passer pour du café qu'il n'y verrait que du feu.

" - Avec grand plaisir, avec du sucre si c'est possible."

Malgré qu'il est perdu les saveurs, il avait tout de même gardé ses habitudes passées, et il aimait le café avec deux sucres.

Poliment, Valentina se présente à l’homme qu’elle reçoit ce jour et qui est une pointure dans sa discipline. A tel point que même si ce dernier ne se présente pas, elle sait parfaitement de qui il s’agit. Ce qui ne l’empêche pas de penser, une seconde, que c’est très prétentieux de la part de son interlocuteur de ne pas lui rendre la politesse. Très pédant. Si elle n’en fera aucune remarque, n’ayant pas pour habitude d’étriller qui que ce soit, encore moins quand un article du magasine reposait sur ces derniers, Valentina songe que même les plus grand couturiers ont la délicatesse de se présenter en serrant une main tendue, quand bien même leur nom célèbre pourrait les en dispenser. Mettant cela sur le compte, peut-être, de l’éducation russe de son interlocuteur, elle n’en fait pas cas, lui offrant un café  que l’homme accepte volontiers, demandant du sucre.

"- Très bien. Installez vous !"

Lui désignant un siège d’un signe de la main, la trentenaire contourne le bureau pour reprendre place dans son fauteuil face au parfumeur, appuyant sur un bouton de l’interphone pour contacter l’office, demandant deux cafés et du sucre avant de raccrocher, pour reporter son attention sur son visiteur du jour, adressant un large sourire à ce dernier.

"-  C’est un honneur de vous accueillir dans nos locaux, monsieur Nikolic. Comment allez-vous ?" questionne-t-elle poliment en attendant qu’on leur porte leurs tasses.

Quelques coups à la porte se faisant entendre assez rapidement, Valentina enjoint l’employé à entrer. Une jeune femme, la trentaine, le corps enveloppé dans un tailleur et les cheveux tirés à quatre épingle entre alors dans le bureau, gagnant le meuble pour déposer une tasse de café devant chacun d’eux avec une coupelle de sucre, avant de s’éclipser, remportant son plateau en même temps, les laissant seuls pour leur entrevue.

"- Quand vous êtes prêts, nous pouvons commencer." assure la mère de famille en attrapant un stylo et ouvrant son dossier devant elle.

Mitch est ce que beaucoup appellent un homme à plusieurs facettes, il peut se fondre dans différents décors sans attirer l'attention. Il peut être doux comme un agneau, comme impulsif lorsque la situation lui échappe. C'est aussi un homme qui aime avoir le contrôle, et lorsque tout lui échappe, il a tendance à combler par autre chose. Guère mieux dans le cas présent.

Les présentations faites, le russe accepte volontiers le café proposé par la blonde. Il n'est pas très caféine en temps normal, mais il apprécie tout de même d'en boire une tasse de temps en temps. Précisant qu'il aimerait du sucre avec, la jeune femme s'exécute et passe le message au travers un interphone tout en lui faisant signe de s'installer. Deux fauteuils trônaient de son côté séparés par le bureau de la journaliste. Mitch observa le bureau de la demoiselle en se faisant la remarque qu'il était organisé, chaque document semblait avoir une place attitrée, presque comme quelqu'un de maniaque, ou d'organisé tout simplement.

Prenant place dans un des deux fauteuils, le quadragénaire reporta son attention sur son interlocutrice. Jeune et jolie, en plus d'être compétente pour le poste qu'elle occupait. Un sourire se dessina sur son visage tandis qu'elle lui demandait comment il allait, après avoir prononcé les formules d'usage. Malheureusement Mitch ne savait jamais véritablement quand une personne était sincère, sa notoriété le plaçait dans une situation délicate, même s'il n'avait pas à se plaindre, le côté hypocrite des personnes uniquement intéressées par l'argent ou la célébrité devenait ennuyant. Il en était presque devenu froid, alors qu'au fond, il n'était pas du tout ce genre d'homme. Encore fallait-il le côtoyer en dehors de ce cercle dans lequel il s'était construit.

" - Je vais bien je vous remercie. Et vous même ?"

Il n'était pas froid et hautain au point de mettre sa petite personne en avant au détriment des autres. Plusieurs coups retentirent à la porte, la personne chargée des cafés déposa leurs tasses et partie aussi rapidement qu'elle était apparue.

" - Rien ne presse, on peut boire notre café tranquillement, sauf si votre emploi du temps vous oblige à boucler ce rendez-vous rapidement."

Il ne s'en formaliserait pas, il comprenait ce que c'était que d'avoir un emploi du temps chargé qui laissait peu de temps pour autre chose que le travail.

Elle a l'art et la manière, Valentina, pour s'adresser aux gens, pour se montrer polie... C'est quelque chose à quoi elle tient. Si elle n'est pas d'accord avec tous les préceptes qui lui ont été inculquées quand elle était jeune, pour ce qui est de la politesse la question ne se pose pas et elle aspirer à transmettre cette politesse à ses propres enfants. En bonne maîtresse des lieux, donc, la jeune femme sait recevoir, prendre soin des personnalités, célèbres ou moins, qui passent par son bureau à la rédaction comme par sa maison. Peu importe le statut de la personne qui lui fait face, Valentina se montre toujours aussi agréable, sans faire de distinction entre les rangs comme le voudraient pourtant nombre de ses semblables, qui avaient à coeur, avec élégance, de rappeler qu'ils étaient supérieurs. Qu'ils le pensaient, tout du moins. Beaucoup auraient ainsi accueillis Mitch comme un prince simplement pour sa célébrité, par intérêt, avec une idée en tête, un besoin de paraître. Valentina aspirait, elle, à se détacher de ce genre de comportements. Pour autant ça n'était pas toujours évident dans le cadre du travail où, naturellement, elle attendait effectivement souvent quelques chose de ses interlocuteurs.

"- Très bien je vous remercie."

Quelques coups donnés à la porte se font entendre et la rédactrice en chef invite son employée à entrer, celle-ci s'affairent quelques instants pour les servir avant de s'éclipser, les laissant seuls en tête à tête à leurs affaires. Car ils étaient bien là pour cela. Pour les affaires. Le travail. Et du fait de sa célébrité, Monsieur Nikolic avait peut-être un programme chargé, si bien que Valentina décide bien vite de ne pas perdre de temps, soucieuse de ne pas le retenir plus que nécessaire. Une préoccupation que l'homme balaye de quelques mots. Rien ne presse pour lui, de toute évidence.

"- Je craignais surtout d'accaparer trop de votre temps, j'imagine que vous êtes quelqu'un de très occupé."

Élégamment, Valentina versé une cuillère de sucre dans le café noire, remuant celui-ci tout en délicatesse d'un mouvement léger de la cuillère. Puis, soulevant la tasse elle porte celle-ci à hauteur de ses lèvres qu'elle trempe dans le liquide encore chaud. Reposant la tasse devant elle, la trentenaire reporté son attention sur l'homme lui faisant face.

"- Je me demandais... Qu'est-ce qui vous a poussé à devenir nez ? Est-ce... Parce que vous aviez les compétences pour et avez souhaité les exploiter ou, au contraire, avec vous développé vos aptitudes parce que vous vouliez travailler en parfumerie ?" s'enquit-elle sur le ton de la conversation pour satisfaire à sa curiosité.

Malgré ce que certains médias s'amusent à dire sur sa personne, Mitch est certes une personne qui a de l'importance, mais il n'a jamais utilisé sa notoriété pour obtenir quoique ce soit. Tout comme, sa fortune ne le place pas au-dessus des lois, il aime être traité comme une personne normale, pas quelqu'un d'influent, ni même comme un riche. Juste un citoyen lambda. Parfois ce qu'il était avant lui manquait un peu, mais il es loin de se plaindre du chemin qu'il a parcouru, il en est même très fier !

La jeune femme apporta leur tasse respective ainsi que le sucre comme demandé, puis quitta la pièce sans un bruit. Mitch avait toujours apprécié ce genre de personne, très professionnelle et qui en même temps, n'ont souvent pas la considération qu'elles méritent. Tout comme il avait en horreur les personnes qui comptent sur leur stagiaire pour leur apporter le café et faire leur photocopie. Ça n'avait aucun intérêt. Le russe était loin d'être le meilleur patron du monde, surtout en ce moment, il en avait bien conscience. Mais tout avait été si vite qu'il n'avait pas eu le temps de se préparer. Il était peut-être temps de remonter la pente et de remonter dans l'estime des gens non ?

Il avala une gorgée de café après y avoir vidé le sachet de sucre, puis il planta ses yeux dans le liquide noir, comme s'il attendait une réponse quelconque, un signe du destin peut-être. Les mots de son interlocutrice le sortit de ses pensées, il leva son regard vers elle avec un sourire.

" - Les avantages d'être le patron, c'est que je peux faire ce qu'il me plaît sans devoir rendre de compte à quelqu'un. Et puis, depuis le temps, les personnes ont appris à se débrouiller sans moi quand ils en ont la possibilité." annonça-t-il d'un ton léger.

Les personnes avec qui il travaillait savait pertinemment qu'il était souvent absent pour diverses raisons, notamment les interviews, les rencontres avec les partenaires et encore pleins d'autres tâches qui incombent à un patron, alors ils avaient appris à faire sans dans la mesure du possible.

" - Pour dire vrai, je n'étais pas du tout destiné à cette branche là. J'avais commencé des études de médecine pour faire plaisir, mais rapidement j'ai tout lâché pour suivre ma voie."

Son histoire était accessible dans les grandes lignes sur le net. Le fait qu'il avait fait des études de médecine puis abandonner, avant de se tourner vers la création de parfums. La vérité c'est que son père, avant même sa naissance, avait prédit qu'il prendrait la suite de la lignée en devenant à son tour un célèbre chirurgien, mais Mitch n'en avait pas la moindre envie, ce n'est pas ce qui lui plaisait.

" - Du coup, pour répondre à votre question, je dirai un mélange des deux. J'ai découvert ce métier lors de mes recherches, j'ai donc développé mes capacités au fur et à mesure, mais par chance, j'avais déjà certaines facilités dans ce domaine, ce qui m'a grandement aidé à mes débuts pour arriver ici aujourd'hui."

Malgré ce que certains pouvaient penser, Mitch tenait tout de même à garder une certaine distance avec les médias et paparazzis. Il pouvait confier certaines choses sur sa vie privée sans pour autant leur en donner autant que ce qu'ils aimeraient. Il préférait se livrer lui-même aux personnes si toutefois il les jugeait de confiance, mais dans les médias, il faisait attention à chacun des mots qu'il prononçait pour ne pas faire la une du dernier numéro de People ou autre magazine uniquement orienté ragots de célébrités.