suspect d'un cauchemar éveillé ☾ Hector

Les drames s'accumulaient. Abraham n'en pouvait plus de toutes ses affaires. Son appartement forcé, où des cambrioleurs lui auraient dérobé des objets de valeur. Et en plus de cela, des traces de sang avaient été trouvées pendant la fouille de preuves.

Cela empêchait Abraham de se rendre dans son appartement, maintenant devenu le lieu de prédilection d'un probable meurtre car un cadavre avait été retrouvé dans un parc en sous-bois, près de chez lui.

Il pensait pouvoir aller tranquillement se poser, mais il ne pouvait plus. Il était comme à la rue. Heureusement, il avait des connaissances qui pourraient l'héberger. Il n'en était pas sûr, avec ce qui se passait, que les gens lui ouvriront la porte.

Abraham était le suspect numéro un de cette affaire. Il ne comprenait pas pourquoi d'ailleurs, mais cela relevait de la pensée justicière. Abraham devait impérativement se rendre au commissariat pour déposer sa plainte et se faire interroger.

Arrivant au commissariat de police, Abraham se fit fouiller à l'entrée puis accueilli au hall où des policiers lui demandèrent de patienter. S’assaillent, il attendit son tour en mastiquant un chewing-gum. Cette situation le rendait plus que nerveux.  

Son tour arriva et il avança lentement dans le bureau d'un inspecteur de police. Ce dernier était spécialisé dans les homicides. Abraham jeta sa gomme à mâcher dans la poubelle. Quand le policier l'invita à s'asseoir, il prit place sur le siège confortable.

« Je tiens d'abord à vous énoncer que je suis totalement innocent ! », fit-il en haussant involontaire la voix.

Il n'aurait pas dû dire directement cela, mais tant pis c'était dit. Il regarda l'inspecteur droit dans les yeux, comme s'il se mesurait à lui alors que pas du tout. Abraham ignorait comment se comporter dans une telle situation, qui plus est, était très embarrassante.

Hector venait tout juste d'arriver, en retard, d'ailleurs, à ce rendez-vous organisé par ses soeurs. Elles en avaient assez de le voir papillonner, fréquenter des femmes trop jeunes ou alors qui n'arrivait pas à la cheville de leur ancienne belle-soeur. Et là-dessus, il était bien d'accord. Son ex était une perle. C'est aussi pour ça, qu'il n'arrive pas à la sortir complètement de sa vie. C'est possiblement pour ça, également, qu'il n'arrive pas à maintenir une relation. Il s'ennuie, se lasse rapidement des femmes qu'il côtoie, en général.

Et s'il se présente à reculons, il se montre néanmoins aussi charmant qu'il lui est possible de l'être, s'excusant de son retard. Il en blague et lance, un sourire aux lèvres, que leur connaissance commune devrait être blâmée. Hector se fait pardonner en lui offrant un verre, celui qu'elle doit terminer seule avant même la réception de leur plat principal.

Il embarque dans sa voiture et se dirige rapidement sur les lieux du crime. Les agents qui ont trouvé le corps lui font un topo rapide, lui mentionnant également la présence de sang dans l'immeuble voisin. Hector marmonne puis hoche la tête, avant qu'on lui montre le corps. « Des signes de luttes. » Evidemment. Et pourtant, ne lui a-t-on pas précisé que le locataire vivant à l'appartement cambriolé avait prétendu ne pas avoir aperçu le voleur ou qui que ce soit d'étrange rôder ? Lorsque le sergent-détective Leoni demande a rencontrer le témoin, déjà désigné suspect, on lui indique qu'il est déjà en chemin pour le commissariat. Hector soupire. Il aurait bien aimé le rencontrer dans l'immédiat, avant qu'il ne puisse réfléchir et se remettre... Tant pis.

L'italien arrive presqu'au même moment. Le suspect, un grand brun baraqué, se fait fouiller. Hector passe devant en jetant un rapide coup d'oeil à la scène. Il semble normalement nerveux. Et déjà, Hector sait qu'il n'est pas coupable. La scène semble être un coup monté. Un cambriolage qui aurait mal tourné. Sans doute. Après tout, Eisenmann serait le roi des idiots, s'il s'était débarrassé du corps de sa victime à moins d'un kilomètre de chez lui. Il fait donc signe au policier en charge de l'accueil et de la fouille de faire entrer le suspect dans la salle d'interrogation. Il l'invite alors à s'asseoir. Le policier retourne à son poste, alors que le brun se présente, puis explique à Monsieur Eisenmann que des caméras sont présente à différents endroits et que leur entretien sera enregistré. Il observe ensuite Monsieur Eisenmann silencieusement, alors que ce dernier se tait brièvement.

« Je tiens d'abord à vous énoncer que je suis totalement innocent ! » Il monte la voix, et Hector grogne doucement. Il soutien le regard du témoin. Non pas pour le défier, mais plutôt pour tenter de lire en lui autre chose. « Détendez vous, Monsieur Einsenmann. Si j'ai demandé à vous rencontrer, c'est avant tout pour vous retirer de la liste des suspects. » qu'il lance, déjà lassé de ce petit jeu. « Auriez-vous l'amabilité de me donner votre version des faits ? »

La journée s'annonça être longue. Dans sa tête, Abraham se remémora la journée de la veille, avant de rejoindre son appartement. Il revenait de l'aéroport, rien de bien particulier. Il avait envie de se poser sur le canapé et c'était raté.

Quand il arriva, la porte était à demi-ouverte. Déjà, on devina que la porte avait été forcée. Abraham était rentré en toute discrétion, si jamais il surprenait le voleur. Il avait déjà déguerpi. Il ignorait à quelle heure cela s'était passé. Abraham avait direct appelé la police.

Imaginer qu'un meurtre avait été commis dans son appartement, cela donna un coup de froid à Abraham. Il frissonna. Il changera pour sûr d'appartement, ne pouvant vivre là où une personne innocente a été assassinée. Il soupira et finit par sortir de ses pensées.

Dans le bureau, il s'assit rapidement. Il devait se calmer car cela ne servait à rien de monter sur ses grands chevaux, surtout quand les gens n'étaient pas coupables. Abraham essaya donc de se détendre tout en fixant l'inspecteur Leoni. Son regard était moins dur, piétiné par l'angoisse.

« Je n'ai rien vu. Je suis rentré vers seize heures de l'après-midi, la porte était ouverte et j'ai regardé partout. Il manquait des objets de valeur et quelque broutilles onéreuses. Je n'ai pas vu le voleur s'enfuir. », dit-il d'une traite, en essayant de reprendre son souffle.

« Le cambriolage a dû se passer entre dix heures et seize heures puisque je suis parti le matin, à neuf heures trente. J'ai bien fermé la porte d'entrée, mais ça n'a pas suffi. »

Il regarda ses mains avant de relever les yeux.

« Dites-moi, le cadavre a été retrouvé ? »