Oops I did it again [PV Roxy]

Les cours avaient repris. Vive la rentrée scolaire !!!
Ou pas... L'été s'évanouissait lentement et je regrettais déjà toutes ces supers journées à tout faire sauf aller en cours ! Il allait pas falloir que la transition soit trop brusque hein...
Aujourd'hui il faisait super beau et le soleil nous chauffait agréablement la peau, du coup pour la pause déjeuner on avait décidé avec mes deux BFF d'aller acheter à l'extérieur plutôt que d'aller s'enfermer à la cantine et de revenir manger dans la cour du lycée.
On était en train de déguster notre McDo, léchant avec délice nos doigts salés par les frites tout en racontant nos conneries et délires habituels sous les regards fascinés et envieux du groupe de nanas qui nous suivaient plus ou moins partout. C'était ça d'être populaire ! Les mecs nous voulaient, les filles nous enviaient. Certaines nous jalousaient et médisaient dans leur coin en nous détestant d'être le centre d'attention de tout le lycée, d'autres avaient la pseudo intelligence de se coller à nous histoire de profiter de notre train de vie plus qu'aisé et de notre popularité. On avait toujours notre petite Cour autour d nous !
Ida, Saskia et moi, on était le trop de choc ! Inséparables et indissociables ! Une blonde, une rousse et une brune ! Toutes trois différentes, mais toutes trois riches et toutes trois canons ! J'avais en plus pour moi l'attrait de la nouveauté, puisque j'étais la dernière arrivée du groupe, ce qui attirait d'autant plus les convoitises.  

- Gabi regarde, m'interrompit une des filles assise près de nous. C'est Hänsel !

Hänsel Downey ! Bad boy, petit con prétentieux insolent ultra sexy, coqueluche de ses dames et surtout, mon petit ami !
Häns', c'était le cliché même du beau brun ténébreux qui faisait fantasmer toutes les ados du coin. Il passait presque tous les jours devant le bahut et lorsqu'il le faisait, c'était comme si le temps s'arrêtait. Les filles cessaient toute activité afin de le regarder passer, gloussant entre elles et s'imaginant probablement entre ses bras pour une nuit ou pour la vie.
Il fallait dire aussi qu'il avait de quoi attirer les convoitises ! Il avait 20 ans donc il était sorti du lycée depuis quelques temps déjà. Il était indépendant, avait son propre appart, sa voiture et surtout... sa belle gueule en plus d'un caractère bien trempé. Il n'était pas à proprement dire le gendre idéal. Il était impulsif, séducteur, bagarreur, possessif, fumait, buvait, se droguait et dealait de temps à autres mais hé ! il portait un blouson en cuire avec une classe à en faire mouiller toutes les culottes ! Puis c'était bien connu, les filles adoraient les vilains garçons non ? De toute façon avec ses beaux yeux verts et son sourire enjôleur on lui aurait pardonné n'importe quoi.
Häns' plaisait et fascinait. Mais pas de bol pour les autres, il était à moi ! Avant de me rencontrer il était pire que Casanova, enchaînant les conquêtes les unes après les autres, mais j'avais réussi à le faire se ranger ! Du moins c'était ce que je me plaisais à croire. Car si à sa façon il m'aimait et bien que je l'ignorais, il me trompait aussi allègrement dans mon dos. Rien de bien grave pour lui, ce n'était que du sexe et ça ne changeait rien à ses sentiments à mon égard...
J'étais totalement dingue de lui !

Tournant mon visage dans sa direction, je souris et sautai à bas de la table sur laquelle j'étais assise afin d'aller à sa rencontre, moulée dans mes fringues de marque hors de prix. Evidemment, toutes les têtes se tournèrent vers nous, n'en manquant pas une miette. J'aimais être le centre de l'attention ! Du coup je m'en donnais à cœur joie et invitai Häns' à passer par dessus la barrière afin de me rejoindre, ce dont je n'eus pas à le prier bien longtemps. Sous les couinements excités des autres filles qui allaient pouvoir approcher leur idole d'encore plus près, il enjamba le tout avec souplesse pour me réceptionner dans ses bras, mes jambes enroulées autour de sa taille et mes lèvres déjà scellées aux siennes.
Je l'avais fait poiroter quasi un an avant de passer le pas avec lui, mais à présent qu'on l'avait fait je m'en sentais encore plus proche, si j'occultais le fait qu'il avait couché avec Ida au début de notre relation... Pour sa défense et comme ma meilleure amie s'en était défendue, notre couple n'était pas encore officiel mais ça m'avait blessé quand même... Je ne l'avais pas encore confronté à ce sujet et je ne savais pas encore si je le ferai mais là tout de suite en tout cas, je n'en avais pas envie. Je voulais juste profiter de lui !
J’œillai vers Julia, la sale garce qui m'avait balancé la bombe entre Ida et Hänsel sans doute dans le but de nous faire rompre et de se le récupérer derrière et sans la quitter de mon regard narquois, j'entrelaçai mes doigts à ceux de mon chéri afin de l’entraînai vers mes copines. Dans ta face, sale pétasse !

- Hé c'est mes frites ça !
- Plus maintenant !

Je me jetai sur lui afin de les récupérer en riant, mais il me fit basculer sur lui avant de me voler un baiser langoureux à en faire soupirer d'envie toutes nos spectatrices.
Hänsel resta le temps de la pause déjeuner avec nous, puis on prit un petit moment pour aller se poser juste entre nous avant la reprise des cours. On s'éloigna un peu des surveillants pour se poser sous quelques arbres. Il sortit de quoi fumer - ce qui était bien sur interdit dans l'enceinte du lycée - tandis que je m'allongeai sur lui, ma tête reposant sur ses genoux. On parla de choses et d'autres tout en se partageant la cigarette qui me tira un sourire et une œillade entendue  lorsque je réalisai qu'il n'y avait pas que du tabac à l'intérieur de sa roulée !
Tirant dessus tout en regardant le bleu du ciel, je me détendis et profitai du beau temps autant que de mon amoureux, mais mes pensées elles partirent un peu plus loin. Je pensai à Swann, mon ex petit ami fraîchement débarqué de Berlin à qui j'avais brisé le cœur en lui apprenant que j'étais en couple... Ça faisait des jours que j'essayais de lui parler et qu'il refusait tout contact, ce qui me bouffait... J'allais y retourner jusqu'à ce qu'il cède.
Je me demandais aussi ce que faisait Jesse. Ça faisait des mois que je n'avais pas de nouvelles de lui - depuis qu'il m'avait emmené à sa course de moto clandestine - mais il ne sortait jamais vraiment de ma tête... Il s'était passé quelque chose cette nuit là et j'étais sûre qu'il l'avait ressenti aussi du coup je n'avais pas compris pourquoi il avait d'un coup coupé tout contact avec moi... Je lui en voulais, même si quelque part je n'aurais pas du. J'étais avec Hänsel après tout. Et je l'aimais.
On se partagea le joint, profitant l'un de l'autre et de notre petit "bonheur", lorsque la cloche finit par sonner la reprise des cours. Rah et merde !

- Nooooon ! me plaignis-je. Rah fais chier... Te moque pas toi là ! Monsieur je-suis-en-année-sabbatique !

Je lui collai une pichenette sur l'épaule et me redressai, mais Häns' me retint et me ramena contre lui :

- Reste on s'en fout !

Je souris et revins m'installer à califourchon sur lui, glissant mes doigts dans ses cheveux si noirs. Il avait une telle tignasse ! J'adorais y accrocher mes mains...

- J'ai déjà séché ce cours bien trop de fois en trop peu de temps...
- Et alors ?
- Alors les filles vont pas pouvoir me couvrir éternellement et le principal m'a déjà à l'œil. Tu voudrais pas que je finisse en retenue ? le taquinai-je d'un air faussement accusateur.
- Tu sécheras la retenue !

Ah son pragmatisme ! J'éclatai de rire, puis l'embrassai avant d'attraper mon sac que je jetai sur mon épaule. J'avais vu sur la classe de français depuis là où on était. Mes camarades étaient déjà entrés et visiblement, se dispersaient étrangement à travers la salle. Chouette...
La prof allait pas choisir nos places en classe quand même ! On était plus en primaire et moi je voulais rester au fond avec Ida et Saskia !

- Je te vois ce soir ?
- Je dois aller patiner. Mais après si tu veux ?

Je m'éloignai en roulant volontairement du popotin, un regard malicieux jeté par dessus mon épaule avant de disparaître dans les couloirs du lycée. Je prenais mon temps, absolument pas presser de rejoindre le cours de français, réajustant mon maquillage dans mon petit miroir de poche. Un peu de parfum pour couvrir l'odeur de l'herbe, un chewing gum et go !
Discretos, je jetai un œil dans la salle de classe et décidai d'entrer par la porte située à l'arrière de la pièce. Ida et Saskia, mes deux "parteners in crime" m'aperçurent à travers la vitre de la porte et pouffèrent. Elles étaient séparées, ce qui voulait dire qu'elles avaient déjà du être prises en train de bavarder ou être également arrivées en retard ! On ne nous referait pas !
En mode mission commando, je guettai leur signe m'indiquant si la prof était tournée ou non vers le tableau et me faufilai en cours avant de me presser tout droit à la première place venue, juste à temps pour signer la feuille de présence.
Héhé ! Ni vue ni connue  !

Ou pas...?

Le retard en classe était chose courante pour les filles et moi. En général, on y allait quand on était prêtes et pas avant. Ça pouvait être à cause d'un passage aux toilettes de dernière minutes - bah oui quand une y allait, les deux autres suivaient c'était une règle élémentaire. J'aurais même dit, une règle de survie élémentaire. Dans toute l'histoire des filles étant allée seule aux toilettes, la seule était Hermione et elle s'y était faite attaquer par un troll ! on jouait pas avec ça ! -, ça pouvait être à cause d'une retouche maquillage, d'une fin de conversation ou comme ici, de mon amoureux venu me faire un coucou à la pause déjeuner.
Ça va c'était pas dramatique en soit de toute façon ! C'était pas grand chose quelques minutes de moins sur une ou deux heures de cours, ça n'allait pas foirer mon avenir ! La prof avait même pas encore commencé la leçon du jour ! Puis tant que j'arrivais à temps pour signer la feuille de présence...

Fière de mon petit manège, je trottinai sur la pointe des pieds afin d'éviter que mes talons hors de prix ne claquent sur le sol et ne signalent ma présence, puis me jetai sur une chaise vide à l'instant où mon voisin de devant se tournait pour me passer la feuille d'appel. Je me penchai au dessus de lui afin de lui piquer un stylo le faisant rougir au passage - queen Gabi venait de lui prendre son stylo et de lui sourire, rendez-vous compte ! -, puis j'inscris mon nom et mon prénom avant de donner le papier à l'élève suivante.
Chose faite, je soupirai et m'adossai à ma chaise en pouffant après avoir échangé un regard complice et satisfait avec Ida et Saskia tout aussi rieuses que moi, puis sortis mes affaires de mon sac. Je pensais avoir réussi ma manœuvre à la perfection, lorsque sans prévenir, la voix de madame Simmer retentit dans la classe.

- Heureuse de vous voir honorer ma salle de classe aujourd'hui Mademoiselle Rosenthal...

Je rentrai ma tête entre mes épaules en grimaçant lorsque la prof brisa le silence dans la salle et s'adressa à moi, faisant glousser la classe. Oops et merde raté ! Rah c'était passé à çaaaaaaaa ! Zut mais elle avait des yeux derrière la tête ou quoi ? Comment elle avait fait pour m'entendre ? J'avais fait vachement gaffe !  

Simmer se retourna et je me redressai sur mon assis pour lui offrir mon air le plus innocent, papillonnant de mes longs et épais cils noirs, un sourire angélique exagéré mais toujours adorable accroché à mes pulpeuses lèvres roses encore gonflées des baisers échangés avec mon amoureux.
Avec cette bouille là en général, je faisais flancher le monde et ce, depuis mon plus jeune âge. Je n'avais pas mit longtemps à comprendre même haute comme trois pommes que mes grands yeux bleus et la beauté douce de mon visage attendrissait chaque personne que je croisais et j'avais vite appris à en user ! Chaque fois que mes parents m'emmenaient quelque part, c'était toujours la même chose dès que les inconnus posaient leur regard sur moi : "Qu'elle est jolie !" "Qu'elle est mignonne !" "Mais qu'elle est belle !".
Merci papa et maman pour la génétique !

Je savais pertinemment que ma petite opération de séduction ne marcherait pas avec cette Roxy Simmer, mais j'étais habituée à minauder et à user de mon charme avec les profs pour les amadouer lorsque je me faisais prendre en flag de quelque chose. C'est juste qu'en général, ça marchait vachement mieux avec les hommes...
Combien de fois le prof de maths avait-il capitulé face à un sourire ou à une pauvre supplique de ma voix la plus charmeuse, lui promettant que je ne recommencerais plus ? Tout en sachant bien sûr que c'était du flan...
Ou encore le prof de bio lorsqu'il s'acharnait à vouloir me faire disséquer des animaux et que je m'arrangeais pour ne pas avoir à toucher le moindre bistouri ?

C'était un fait j'avais un physique qui séduisait. J'en avais conscience même si ça ne faisait pas de moi une pétasse orgueilleuse pour autant, mais j'aurais été sotte de l'ignorer avec toute la Cour que j'avais toujours autour de moi. De plus j'avais des bonnes notes sans trop me forcer. Du coup parfois - souvent - ça me donnait un peu trop d'assurance au sein du lycée.
Je m'autorisais les bavardages, les retards et tout le reste, parce que je le pouvais. Et aussi parce que je savais que mes conneries étaient une façon comme une autre d'attirer l'attention de papa lorsqu'il se désintéressait trop de moi... Comme cette fois où lors d'une sortie scolaire au musée, j'avais eu l'idée d'ajouter un peu de couleur à un tableau hors de prix à l'aide de mon rouge à lèvres, puis d'embrasser la statue d'une divinité grecque sur la joue afin d'y laisser la marque de ma bouche en cœur.
Le directeur m'avait passé un savon mais j'avais pas eu peur une seconde. Mon père étant un brillant avocat, il rattrapait toujours tout que ce fut à l'aide de sa verve professionnelle ou de son argent... Les relations entre nous allaient un peu mieux depuis qu'il avait appris que j'avais été droguée en boîte et presque violée, mais il se comportait à nouveau comme un con depuis qu'il m'avait surprise avec mon petit ami à poil dans le salon après ma première fois...
Il avait pété un de ces câbles ! Bon ok il avait sans doute été un peu choqué de tomber sur nos deux corps nus entrelacés et de voir les capotes et... sa bouteille de champagne à plusieurs millions d'euros qu'il gardait précieusement à la cave débouchée et à moitié vide, que j'avais choisi à la base juste parce que je trouvais l'étiquette jolie... Il avait qu'à la ranger ailleurs aussi ! Puis c'était quoi son délire d'avoir du champagne aussi cher ?

- Depuis le début du trimestre, j'ai dû vous voir deux fois Gabi...

Cette exagération !

- J'espère que cette fois vous avez une meilleure excuse pour votre retard ?

Voyons laquelle je lui avais pas encore sortie... Je pouvais pas lui dire que je prenais le soleil avec mon chéri tout en fumant un joint...
C'est vrai que j'avais pas mal séché et été en retard dernièrement... Mais c'était pour la bonne cause ! J'essayais de me réconcilier avec Swann... Chaque matin avant les cours j'allais à sa fac essayer de lui parler même si jusqu'à présent je n'avais eu pour toute réponse que des silences et des portes fermées ce qui commençait réellement à me bouffer de plus en plus... J'avais merdé j'aurais du lui dire que j'avais un amoureux mais je n'avais pas voulu le blesser.. Il fallait qu'il m'écoute et me laisse lui expliquer... Je ne voulais pas le perdre je tenais trop à lui...
Je ne perdis cela dit pas mon aplomb face à la professeur de français et m'adossai à ma chaise tout en croisant mes jambes avant de demander à la classe :

- Qu'est-ce que je dis toujours ?
- Une reine n'est jamais en retard. Ce sont les autres qui sont en avance.

Rah ce bel unisson !

- Princess' diaries ! crièrent Saskia et Ida en coeur.
- Yeah babies !

J'aimais beaucoup trop cette citation ! Lorsqu'on avait regardé ce film avec les filles et qu'on avait entendu cette phrase, on avait bondi sur le lit géant de Saskia en éclatant de rire et en criant dans tous les sens que c'était trop "nous" ! Depuis, on l'utilisait très souvent aussi bien les unes que les autres ! Dans le lycée, c'était devenu viral et en quelque sorte notre petite phrase fétiche.

On se fit un triple high five en riant fièrement avec notre complicité légendaire sous les gloussements de la classe, lorsqu'une voix que je connaissais que trop bien et ne supportais que trop peu, sembla penser que c'était une bonne idée de l'ouvrir...

- Ou la "reine" se faisait juste troncher dans un coin ouais...

Horripilée rien qu'au son de sa voix, je me tournai violemment vers Julia et la fusillai du regard, me retenant de lui sauter à la gorge. Je DÉTESTAIS cette meuf ! Cette sale pétasse blonde qui lorgnait mon copain de bien trop près et qui je le savais, avait déjà finit dans son lit !
Rien que la regarder me plongea dans des souvenirs un peu trop frais concernant son aînée... Je n'avais rien oublié du restaurant où je l'avais surprise avec mon copain à lui lécher l'oreille à moitié assise sur ses genoux, pas plus que je n'avais oublié la scène dramatique du bal masqué où elle m'avait balancé de but en blanc qu'au début de ma relation avec Hänsel, Ida, ma meilleure amie, couchait avec lui. A cause de cette poufiasse notre amitié avait manqué voler en éclats. C'était passé très près ! Heureusement, notre lien était plus fort que ça et après nous être violemment disputées et déchirées, on avait fini par trouver la force de nous parler et dépasser ça.
Cette meuf là me détestait et pour cause j'avais Häns' et pas elle alors qu'elle le voulait désespérément, mais la réciproque était vraie aussi. Je ne pouvais pas l'encadrer et la tension entre nous était plus que palpable dans la classe.
Punaise il avait fallu qu'elle débarque dans le même lycée que moi pour cette dernière année ! Elle était pas bien dans son ancien bahut sérieux ? D'autant qu'elle aurait du être diplômée depuis au moins deux ans déjà !

- J'en connais une en tout cas à qui ça ferait pas de mal ! Dommage que celui de qui t'aimerais recevoir les coups de reins préfère me les mettre à moi... la provoquai-je avec une insolente nonchalance, un sourire narquois à mes lèvres.
- Sale pétasse ! se leva Julia.

Moi je restai assise mais je ne la lâchai pas des yeux. Je ne voulais pas lui donner la satisfaction d'entrer dans son jeu mais je ne voulais pas non plus qu'elle pense que je m'écrasais ! C'était hors de question !
En revanche... le sourire torve qu'elle m'adressa me mit un désagréable doute au cœur et je me crispai légèrement lorsqu'elle se tourna vers la prof. Elle allait pas oser quand même !

- Madame j'ai vu le copain de Gabi qui n'appartient pas à l'établissement sauter le mur pour venir fumer avec elle dans la cour du lycée ! C'est pour ça qu'elle est en retard !

OH LA PUTE !
Je me décomposai sur place, n'arrivant pas à croire qu'elle venait vraiment de me balancer de la sorte et Hänsel en prime ! Oh putain j'allais me la faire ! J'allais l'étriper c'était sûr et certain ! Heureusement elle avait juste parler de fumer... Elle ne savait pas ce que contenait la cigarette et heureusement ! Car  là pour le coup si mon père savait pour la drogue il allait me tuer... Littéralement ce n'était pas une figure de style... Vu le passif compliqué de mon oncle avec ça, les cures de désintox et tout le bordel, il allait totalement flipper et cette fois l'établissement pour jeunes à problèmes où il voulait me coller, il m'y enverrait !
Je sentis une telle peur et une telle rage m'envahir à cette idée, à l'idée que quiconque de ma famille puisse découvrir ce travers que j'avais développé à force de traîner avec mon petit-ami et son groupe, que je ne parvins plus à me contenir. La substance illicite dans mon système n'aidant probablement pas à me faire garder mon calme... Mes prunelles étaient assassines et tout mon corps tremblait.
A deux doigts de craquer, je serrai mon poing fermement, prête à en découdre si jamais elle ajoutait un seul mot de plus !  

J'allais la tuer ! Sérieusement si elle rouvrait sa bouche de suceuse mal maquillée qu'elle avait OSE poser sur mon copain, je jurai que je ne répondrais plus de moi ! J'avais les poings si serrés que de petits croissants de lune commençaient à marquer mes paumes et que mes grand yeux pourtant d'un bleu translucide, paraissaient prendre la couleur du ciel avant la tempête.
D'OU elle me balançait pour la fumette et d'OU elle balançait Hänsel putain !? Si à cause de cette connasse je ne pouvais plus le voir tous les jours au lycée j'allais l'étriper ! D'habitude il se contentait de passer devant les grilles histoire de me faire un coucou, pas de les enjamber pour me rejoindre comme aujourd'hui, mais si jamais Simmer parlait de ça au Principal et qu'il savait que Hänsel n'avait plus l'âge d'être au lycée depuis perpète et pire qu'il était plutôt connu des services de police, il serait surveillé et tenu éloigné du bahut par les surveillants... Le côté un peu relou d'être dans un lycée privé ultra huppé... On ne rentrait - normalement - pas ici comme dans un moulin.

Heureusement, la prof intervint d'une voix tranchante qui fit taire tout le monde, mais qui n'eut pas le mérite de décrocher mon regard meurtrier de cette espèce de connasse qu'était Julia.
Madame Simmer était une de ces profs qu'on évitait d'embêter. Non pas parce qu'on avait peur d'elle -même si il valait mieux éviter de la chercher trop -, mais parce qu'on l'aimait bien. Elle était plutôt cool dans son genre puis elle avait le don de rendre sa matière intéressante. On ne venait pas dans sa salle de classe à reculons en général. Bon attention hein ! Les cours ça restait chiants ! Mais y'en avait qui l'étaient moins que d'autres et celui là en faisait partie...

Je souris de façon légèrement carnassière et moqueuse lorsque notre professeur remit Julia à sa place et priai de tout mon cœur pour qu'elle la ferme quant à l'âge de Hänsel qui avait déjà eu son diplôme depuis bien 3 ans maintenant...
Mais bon ma jubilation fut de courte durée :

- Gabi, venez me voir à la fin du cours s'il vous plait.
- Quoi ? Mais...!
- Pas d'entourloupe Melle Rosenthal.

Mais putain c'était pas juste ! J'avais rien fait !

- Je doute que votre père apprécie le fait que vous fumiez et encore moins dans l'enceinte du lycée.

Bon cette fois ce fut la prof qui se prit une œillade noire alors qu'elle se retournait pour continuer la leçon du jour après m'avoir menacé d'exclusion...
Je donnai un petit coup dans mon bureau avant de changer de position sur ma chaise avec humeur, mes bras croisés sur ma poitrine et mon regard tourné vers l'extérieur, boudeuse.
Putain sérieusement quoi! Je retirai ce que j'avais dit ! J'aimais pas ce cour et j'aimais pas cette prof, voilà ! Puis d'où elle me menaçait de me faire exclure ? Papa et maman faisaient partie des plus hauts donateurs de cet établissement alors hein ! C'était grâce à bibi qu'elle avait son salaire alors elle pouvait toujours courir pour me faire virer ! Puis qu'est-ce qu'elle en savait d'abord de ce qu'appréciait mon père ou non ? Même moi je le savais plus vraiment à force de si peu le voir !
Puis franchement je lui en avais tellement fait voir dernièrement que j'étais pas bien sûre que le fait que je fume l'étonnerait vraiment... D'autant que je le lui avais déjà balancé à la tronche au détour d'une dispute pour le plaisir de le faire enrager. Ca avait relativement bien marché mais il s'était surtout arrêté sur le fait que je couchais, même si à l'époque c'était pas encore vrai. Je m'amusais juste à le lui faire croire histoire de le faire enrager, puisque lui avait semblé prendre un malin plaisir à me pourrir la vie en m'empêchant de sortir à la soirée du port où tout le monde serait.
Bien entendu j'y étais allée quand même ! J'avais piqué une robe dans le dressing de maman puis j'avais fait le mur et j'avais rejoint mon amoureux là bas, avant de rentrer totalement saoule à la maison, mon père assis sur le canapé m'attendant un verre de whisky à la main... Notre engueulade avait été sacrément violente ce soir là... avant que je finisse à vomir dans les toilettes et qu'il me porte à ma chambre pour me border comme lorsque j'étais petite et que tout était encore parfait...

Bon ok je raisonnais un peu comme une peste mais franchement, j'étais énervée !
Je ne prêtai pas vraiment attention à la suite du cour, préférant ruminer et griffonner distraitement sur ma feuille. Au pire je piquerai les notes de quelqu'un. Je répondis discrètement aux textos de Ida et Saskia sur notre conversation de groupe toute l'heure durant et lorsque la cloche sonna, je me levai aussi vite que tous les autres élèves.
J'avais clairement pas l'intention de rester ! Si quelqu'un devait se prendre une remontrance, c'était Julia, pas moi ! Ok j'étais arrivée en retard mais c'était franchement pas si grave ! J'étais arrivée tout pile à l'heure pour remplir la fiche de présence du coup Simmer pouvait pas rapporter que j'étais pas arrivée à temps en cours ! Même si c'était un peu vrai...
Le soucis quand on s'installait toujours au fond de la classe, c'était qu'en général du coup on était dans les derniers à sortir... Et merde quoi ! Lorsque je relevai le nez, la prof était entre la porte et moi avant de s'adresser à mes deux amies déterminées à me soutenir. C'était comme ça on était toujours là les unes pour les autres.

- Ida, Saskia, je pense que Mme Gerber n'apprécierait pas de vous voir arriver en retard à son cours. Et je ne vais certainement pas vous faire un mot. J'irai personnellement la voir pour vérifier que vous étiez bien en cours sinon ça sera l'exclusion pour toutes les deux, compris ?

On échangea un regard entre nous, pensant visiblement la même chose. Elle avait quoi avec l'exclusion aujourd'hui ? En tout cas, la menace marcha car les filles m'offrirent un sourire désolé avant de filer au cour suivant après un " à tout' " compatissant.
C'était à chacune son tour de se faire reprendre par les professeurs cette semaine apparemment... Lundi c'était Saskia, avant hier c'était Ida, aujourd'hui, c'était mon tour. Chouette...
Avec un soupire, je regardai Mme Simmer fermer la porte et revenir s'acculer à son bureau avant de planter son regard dans le mien. Je posai mon sac sur une chaise et fit de même, visiblement peu déterminée à faire le moindre effort pour être ouverte à la conversation.

- Je ne suis pas votre ennemie Gabi.

Je levai au ciel et déformai ma bouche en une petite moue dubitative... Elle allait vraiment me sortir cette tirade là ? Je suis pas votre ennemie, je veux vous aider blablabla ? Genre les profs de ce genre d'établissement étaient là pour autre chose que le gros chèque à la fin du mois... Clairement ça payait mieux ici que dans le public hein !

- Mais vous ne pouvez pas continuer comme cela toute l’année. A un moment ou à un autre, le lycée sera obligé de convoquer vos parents et je vous assure que même avec toute l’influence du monde, ils ne pourront rien pour vous. Et ça serait dommage de se faire exclure du lycée pendant votre dernière année avouez-le…

Je ramenai mes yeux bleus vers elle, douteuse.
C'était pas vrai ce qu'elle disait... hein ? Papa était super influant il pouvait tout. Notre relation avait beau être très compliquée, au delà du compliqué même... je comptais toujours sur lui pour me sauver de tout... Il restait mon héro malgré tout...
Jamais il me laisserait être exclue du lycée il ferait le nécessaire pour empêcher ça si ça devait arriver. En dehors de l'avocat d'Etat brillant qu'il était, il avait l'argent et les contacts pour influencer les plus grands.

- Je ne vais pas vous servir le discours de vous êtes intelligente blablabla parce que vous ne faites rien pour me montrer que vous l’êtes.

Mais je t'emmerde oh !

- Mais ce que je sais c’est que vous êtes plutôt maligne et ça c’est plutôt une bonne chose. Maintenant reste à savoir si vous êtes intelligente…

Evidemment que je l'étais...
Mais je ne faisais pas grand chose pour le montrer elle avait raison... J'étais pas l'élève la plus assidue ni clairement la plus sérieuse en cours, pourtant j'avais toujours des supers notes. C'était injuste pour certains, mais j'avais toujours été ainsi. J'avais la chance de ne jamais avoir eu besoin de trop étudier pour retenir les trucs. Je retenais toujours tout très vite c'était comme si mon cerveau était une véritable éponge et ce, depuis l'enfance. Tonton Oli disait toujours en riant que j'étais trop intelligente pour mon bien lorsque j'étais petite.
A l'école, j'étais capable de faire beaucoup plus mais je préférais faire le stricte minimum et j'avais la chance que ce soit généralement suffisant...

- Vous voulez que je dise quoi ? Je suis arrivée en retard c'est pas la mort vous aviez même pas fini de faire circuler la feuille de présence ! me défendis-je. Puis je suis pas la seule à fumer dans le lycée hein et j'étais dehors en plus... Mais bon je le ferai plus si y'a que ça...

Ou mieux planquée...
Je ne mesurai pas que Madame Simmer ne faisait pas vraiment référence à ce qui s'était passé aujourd'hui, mais qu'elle parlait plus précisément de ce qui se passait dans ma vie en général. Je partais en vrille à cause de ma vie perso et apparemment, je ne la trompais pas...

- Je peux y aller maintenant...?

Tout le monde pensait que j'avais tout pour être heureuse, que j'avais une vie de rêve absolument parfaite. C'était ce que je voulais que tout le monde pense et voit de toute façon. Je faisais de mon mieux pour que ce soit le cas au quotidien et sur mes réseaux sociaux.
Mais derrière le masque de fer, il y avait des larmes qui lacèrent... La vérité était tellement éloignée de ce que je laissais percevoir les gens de moi... Oui j'avais les dernières fringues les plus à la mode. Oui j'habitais dans une villa de rêve. Oui je pouvais globalement m'offrir, faire et avoir tout ce que je voulais. Mais j'aurais échangé tout ça contre un peu plus d'attention de papa...
Alors oui, je fumais ! Je buvais ! Je me droguais même et je me laissais entraîner dans les pires plans avec mon chéri et son groupe de pote pour le semple plaisir de me venger de l'indifférence de mon père...

Sauf qu'à me comporter ainsi dans le simple but de le faire se réveiller et me remarquer, c'était moi-même que j'étais en train de saboter...