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 the war is a ticking bomb in the head ~ lili-eva

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gare à la crise de la quarantaine
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the war is a ticking bomb in the head ~ lili-eva
Sam 5 Mai 2018 - 2:28
the war is a ticking bomb in the head


Des images horribles. De guerre principalement. Du sang, beaucoup de sang. Ton meilleur ami, son regard, toi. Puis, plus rien. Le Néant... Driiiing... Bruit de réveil. Tu l'entends, tes paupières s'ouvrent vivement et tes poings serrent les draps. Tu es en âge. Comme d'habitude à ton réveil, tu es en sueur, angoissé et affolé. Tu regardes du côté gauche, ta femme dort encore. Cette fois, tu n'as pas fait de dégâts. Tu éteins vite le réveil pour ne pas la réveiller et tu lèves. Ta journée commence, six heures et quart du matin. Entraînement des jeunes le matin. Tu as noté sur ton agenda à quinze heures, le rendez-vous que tu as pris au groupe de paroles des vétérans. Tu n'en es pas un, mais c'est ouvert aussi à ceux qui ont vécu la guerre. Tu as décidé de faire cela suite aux conseils de Lisa, de te remettre en main pour apaiser ces cauchemars sinistres qui hantent tes nuits et s'emparent de ton âme. L'heure arrive vite, tu conduis ta moto jusqu'au quartier de Bergedof, suivant l'adresse où se trouve le groupe de soutien. Discret bâtiment, tu gares ta moto sur le parking à cet effet. Tu entres. L'endroit est vierge, blanc. Il vient d'ouvrir, on dirait. Tu avances, puis tu arrives à la porte où les gens, certainement ceux qui constituent le groupe, sont assis en rond. Stéréotype du groupe de soutien comme les alcooliques anonymes qui se réunissent, vérifié. Tu prends place sur une chaise. Les gens défilent. Tu n'es pas encore passé mais c'est au tour d'une femme qui doit se confier. Tu l'as remarquée jusqu'à présent. Tu la connais. De la guerre. Justement. De la Syrie, celle qui a déclenché tous tes maux.
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Re: the war is a ticking bomb in the head ~ lili-eva
Jeu 10 Mai 2018 - 3:52
J’avais fixé la poignée de porte pendant un bon quinze minutes incapables d’avancer ma main vers la porte extérieure de la salle. C’était un groupe de soutien pour les vétérans. Je n’avais pas ma place… Bon d’accord, c’était médecins sans frontière qui m’avait conseillé d’aller y jeter un coup d’œil ayant eu vent que j’avais choisi de ne pas prendre le poste en néonatalogie à l’hôpital d’Hambourg qu’ils m’avaient trouvé mais que je n’arrivais pas à reprendre principalement parce que je ne me voyais pas mettre les pieds dans un hôpital où mon mari n’était pas. Ça ne nous était jamais arrivé en près de vingt ans de fréquentation. Il était en traumatologie et moi en pédiatrie. Deux univers qui ne se croisaient théoriquement jamais… Mais nous avions travaillé ensemble dans des zones de guerre, des zones ou nos univers se croisaient parce qu’il existait des horreurs en pédiatrie dans des pays plus que défavorisés.

C’était peut-être ce qui distinguait la Syrie de cette intervention au Mali que nous avions eu. Pour une rare fois, le défi était plus grand. C’était une véritable intervention de guerre. Les blessés, les victimes collatérales d’une guerre civile à laquelle nous avions involontairement choisi de nous impliquer.

Mais ça ne voulait pas dire que j’étais en train de complètement perdre la tête parce que mon conjoint n’était plus là… n’est-ce pas? Ça ne voulait rien dire que pour la première fois depuis mes vingt-cinq ans quand nous avions choisi que nous voulions des enfants j’avais bu plus que nécessaire, que je refusais de mettre les pieds dans l’hôpital dans lequel nous avions fait notre résidence, que je refusais d’admettre que j’avais du retard, que je me levais avec des nausées.

M’assoir sur une de ses chaises ne voulait pas dire que je croyais vraiment que j’avais besoin d’aide. Mais il n’empêcha pas que j’avais la gorge sèche lorsque l’on me demanda pourquoi j’étais là après qu’une personne venait d’expliquer d’avoir vu mourir des gens. Ma gorge était serrée : « J’étais pédiatre pour Médecins sans frontière avec mon conjoint depuis… longtemps… Nous avons accepté le poste en Syrie et il s’est aventuré hors du… campement sans supervision. Je n’ai vu personne mourir sur les camps de bataille. Mon mari est juste disparu… et… j’avais besoin de faire du sens. Mais je ne sais pas si j’ai ma place ici. » déclarais-je doucement en allant prendre une petite gorgée d’eau.
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