Gaspar ♔ Congrats, Dad and Mom !

La douleur est vive. Sarah se crispe, au milieu de son salon. La jeune femme sent son rythme cardiaque qui s'accélère, alors qu'elle sent que quelque chose ne va pas, ne tourne pas rond, avec son bébé. La brunette n'a jamais rien connu de tel. Depuis quelques jours, elle se sent gonflée de partout. Mais elle a mit cela sur le compte de la rétention d'eau. Elle a quelques sensations de vertiges, qu'elle a mit sur le compte de la fatigue. Des mouches devant les yeux, aussi. Une grande fatigue. Des signes qui lui semblent normaux pour une fin de grossesse, à trois semaines du terme.

Elle se tord, pour attraper son téléphone posé sur la table basse et compose le numéro de sa mère. L'appel ne peut aboutir. Grimaçant encore, la jeune femme tente de contacter Lysander, mais ce dernier ne répond pas non plus et la jeune femme suppose qu'il est en réunion éditoriale. Elle va pour appeler Isalyne et se ravise, consciente qu'elle perd un temps fou. Et la douleur est toujours bien présente. La jeune femme hésite quelques instants, avant de composer le numéro des urgences, son cœur battant la chamade, sa main tremblant. On prend son adresse, on lui recommande de ne pas s'inquiéter. Elle raccroche, grimace encore en portant une main à son ventre.

Rapidement, la jeune femme est emmenée à l'hôpital, alors que sa tête se fait lourde et que ses paupières ont du mal à rester ouvertes. Elle a l'impression de perdre pied, dans l'ambulance, pour ne se réveiller que plus tard, dans une salle vide, blanche, aseptisée, à la lumière aveuglante. Une femme entre, dans une blouse blanche, lui adressant un sourire qui se veut rassurant, commençant à examiner la brune, en posant quelques questions à la demoiselle pour s'assurer de son état. Sarah s'inquiète, la questionne quand à son bébé. L'infirmière ne répond pas, plisse les yeux en continuant son observation. Elle affiche un air neutre quand elle se redresse et croise le regard de Sarah. Elle sort, un interne entre, l'observe à son tour. Elle écarquille les yeux, balbutie quelques mots. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, pourquoi on ne lui dit rien. Pourquoi on la maintient dans cette ignorance. L'interne sort à son tour. Sarah reste seule avec ses questions, le regard rivé sur le plafond et les lumières vives, presque aveuglantes.

Elle reste seule un certain temps, sans savoir combien de temps elle reste ainsi à fixer un point invisible sur le mur blanchâtre. On entre enfin de nouveau, on parle de radios. Sarah est ballottée, n'a pas plus d'informations. Autour d'elle, on se presse, on s'active, on ne lui dit toujours rien. Ce n'est qu'au bout d'un moment qu'elle apprend qu'elle va avoir une césarienne en urgence, qu'ils préparent la salle. Hématome rétro placentaire, elle ne sait même pas ce que c'est. Pré-éclampsie ? Quel nom barbare, lui aussi.

Paniquant plus encore, elle demande son téléphone. On finit par le lui donner, après sa quatrième demande, au moins. Elle s'empresse de composer un numéro. Celui de Gaspar. Elle ne sait pas trop pourquoi elle l'appelle lui, en fin de compte. Peut-être parce qu'il est le père de l'enfant. Peut-être parce que ça le concerne. Et qu'elle a besoin de quelqu'un, d'un visage connu, pour la rassurer.

«- Gaspar ? C'est Sarah. Je suis à l'hôpital...» annonce Sarah, le ton parlant pour elle.

@Gaspar Obermayer

La soirée avait été plutôt agréable ce soir pour Gaspar Obermayer. Accompagné de la femme qu’il ne quittait plus, Aurora, il riait haut et fort alors qu’ils étaient sur le point de quitter l’appartement pour se rendre dans un restaurant gastronomique. Le blond avait réussi à en apprendre plus sur elle et était surpris de l’apprécier, bien plus qu’il ne l’aurait pensé. Alors qu’ils prenaient place dans un taxi, il sentit son téléphone vibrer dans sa poche. Regardant par curiosité pensant qu’il devait peut-être s’agir de sa m ère, il fut surpris en lisant le nom de Sarah sur l’écran. Il jeta un œil à la blonde l’accompagnant avant de sortir du taxi dans lequel il venait de prendre place. « Excuse moi, c’est important, j’en ai pour une minute. » Qu’il disait à la jeune femme en s’éloignant légèrement du taxi. « Qu’est qu’il y a ? » Disait-il d’un ton presque agacé avant d’entendre ce qu’avait Sarah à lui dire. Le sentiment qu’il pu ressentir à ce moment était inconnu pour lui, il sentit une vague de panique monter en lui et ne savait pas comment réagir. Il y avait d’un côté sa fiancée avec qui il avait prévu de passer une bonne soirée, qui plus est, ignorait l’existence de l’ex enceinte, non pas qu’il souhaitait ne rien dire, mais il avait suivi les conseils de sa mère qui lui avait conseillé de ne pas en parler. Et de l’autre côté il y avait son ex petite amie, enceinte et sur le point d’accoucher. Il se sentit d’un seul coup perdu et resta silencieux quelques secondes avant de répondre à la brune. « J’arrive au plus vite. » Il avait peur de découvrir son enfant et ne réalisait pas à quel point sa vie pouvait changer à cause de sa présence. Il se pencha dans le taxi en regardant Aurora. « Je suis désolé, j’ai une urgence, je te promet de tout t’expliquer tout à l’heure » Il déposait un baiser sur ses lèvres avant de partir en courant.

Une fois à l’hôpital il se dépecha d’avancer vers l’accueil afin de demander ou il pouvait trouver la future maman. « Bonsoir, Sarah Strauss, s’il vous plaît, elle est sur le point d’accoucher. » La femme derrière le comptoir leva les yeux en sa direction tout doucement, ne prenant pas sa demande comme une urgence, elle regardait son écran d’ordinateur avant de ce prononcer. « Êtes vous de la famille ? » Qu’elle demandait, rendant le blond dingue. « Je suis le père ! » C’était sûrement la première fois qu’il avouait cela avec autant de conviction. Elle ne tarda pas à lui indiquer ou trouver Sarah et c’est en se dépêchant qu’il pu la rejoindre. Observant le mot urgence sur le mur, il comprit qu’il y avait peut-être un problème. Poussant la porte de la chambre en étant presque en sueur, alors que sa tenue était des plus classes possible. « Est-ce que tout vas bien ? » Qu’il demandait à Sarah, se préoccupant réellement de son état.

«- Gaspar !»

Elle est presque sûre de n'avoir été jamais aussi heureuse de le voir que maintenant, alors qu'il entre dans la salle où elle attend, couchée, en sueur, le visage crispé par la douleur qui envahie tout son être. Il est classe. Elle sait que ce n'est pas pour elle. Que son appel a sûrement interrompu un moment romantique avec Barbie. Une pensée qui ne parvient même pas à la révulser aujourd'hui, elle a trop mal pour ça et l'impression qu'elle va crever. Alors qu'il demande si tout va bien, Sarah fait non de la tête, incapable de parler alors qu'une contraction la fait grimacer, hurler.

«- J'sais pas. C'est trop tôt !» annonce la demoiselle.

Non, ça ne devait pas arriver avant la fin du mois. Elle avait encore trois semaines, le terme n'était pas là. Il se passe quelque chose, c'est certain, mais elle ne sait pas quoi. Elle va finir folle, Sarah, à se poser trop de questions, toute seule depuis tout à l'heure. La future maman se sent dépassée par tout ça. Elle voit le personnel soignant venir à elle, l'observer, sortir, sans rien dire, la maintenant dans une ignorance insupportable.

«- Ils me disent rien, ils arrêtent pas de venir, y'en a pas un qui me dit c'qui se passe !» proteste la jeune femme entre deux crises de douleur.

Et elle a peur, dans l'immédiat, peur de perdre l'enfant. Parce que c'est un risque. S'ils ne lui disent rien comme ça c'est que quelque chose ne va pas, forcément. Et le docteur Draxler n'est pas encore venu la voir. Il n'a pas eut le temps. Trop d'accouchements en court, partout. Elle s'en fou Sarah, parce que dans l'immédiat, elle a l'impression qu'elle va y rester. La douleur est sourde, irradie tout son être.

«- J'veux que tu vienne dans la salle.»

Jusqu'au dernier moment, elle avait hésité, ne sachant pas si elle voulait de lui dans la salle d'accouchement, si elle voulait le laisser à ses côtés pour ce moment douloureux. Mais là, tout de suite, face aux faits, elle a l'impression qu'elle ne va pas pouvoir y arriver sans lui.

«- S'ils te demandent, à un moment... si on doit sauver la mère ou l'enfant...» commence la métisse. «Sauve le bébé. Même si t'as peur de pas assurer, peur de devenir père, peur parce que t'es pas prêt... Sauve le !»

Malgré la douleur, la voix de Sarah est assurée. Elle sait que c'est une possibilité. La trentenaire y a réfléchit ces dernières semaines. Elle a pensé à tout les scénarios catastrophes, comme toutes les futures mamans. Sa décision est prise depuis un moment, dans ce genre de situations.

«- Promet que tu m'écouteras !» grimace-t-elle, terrassée par la douleur.

Elle a besoin de l'entendre, besoin d'être sûre que selon les circonstances il respectera son choix. Parce qu'elle ne sait pas comment tout ça va se passer, avec le silence des médecins sur sa situation. Et ça l'angoisse. Elle panique, même, le teint rendu livide.

«- C'est tellement pas comme ça que j'imaginais avoir un enfant avec toi...» confie-t-elle enfin en fixant le plafond.

En colère. Contre elle. Contre Frieda. Contre la vie. Contre l'injustice. Une colère, une déception, un agacement, palpable dans sa voix, dans son ton. Sa gorge est nouée par toutes ces émotions.

C’était le choc pour l’héritier des Obermayer, un choc sans nom. Il avait essayé d’oublier cette mésaventure, en partie dans les bras de blonde qui allait dans peu de temps devenir sa femme, il avait vraiment essayé, mais la brune revenait toujours au galop afin de lui rappeler le rôle qu’il avait à tenir auprès d’elle. Il allait être le père de son enfant, de leur enfant suite à un dérapage imprévisible. Les conséquences étaient bien présentes et il fallait les assumer à présent, malgré lui. Il était allé se confier à sa mère à ce sujet, sa réaction avait été sans surprise, alors qu’elle lui avait demandé d’ignorer la venue au monde de la progéniture qu’il avait engendré. Elle ne voulait plus en entendre parler, c’était un cauchemar éveillé pour elle. Gaspar lui, ne s’avait pas sur quel pied danser, il ne savait pas s’il devait finalement assumer et être présent comme un père ou s’il devait simplement faire l’ignorant et continuer son semblant de vie parfaite loin de tout ça.

Pourtant lorsqu’il avait reçu l’appel de Sarah ce soir-là, il n’avait pas hésité bien longtemps à se joindre à elle à l’hôpital, sans vraiment savoir si c’était pour elle qu’il faisait ça, pour l’enfant ou même les deux. Il avait juste accouru, se présentant comme étant le père à l’entrée de la chambre. Il la rejoignait très vite au niveau de lit alors qu’elle avait l’air de souffrir. Il observait la sueur sur son visage et n’imaginait pas la douleur qu’elle devait ressentir. Il attrapait sa main comme pour la soutenir, bien que ce geste n’allait rien résoudre. « Respire, ça va aller. » Qu’il disait en soutenant son regard. A vrai dire il n’avait aucune idée de la réelle façon qui la ferait se sentir mieux et improvisais comme il le pouvait. Il jetait un œil vers la porte, espérant voir débarquer un médecin, mais était uniquement témoin de nombreux passage devant la porte, sans réelles attentions à ce qui pouvait se passer dans cette chambre. Il levait les yeux au ciel, pensant que ce n’était pas le genre d’hôpital qui convenait pour la venue au monde de sa descendance. La jeune femme lui faisait savoir qu’elle était dans l’ignorance totale sur ce qui se passait. Il était sûrement trop tard pour la transférer vers la clinique privée dont la famille Obermayer avait été de gros donateur, mais il y songeait et ne comprenait pas que les médecins pouvaient délaisser des patients de la sorte. « Si personne ne vient dans les cinq minutes, j’irai chercher quelqu’un. » Il comptait bien se faire entendre auprès du corps médical de l’hôpital.

Puis elle lui demandait de venir avec elle dans la salle d’accouchement, ce qui le surpris en premier lieu. Il ne s’était pas préparé à ça et n’était pas sûr d’être la meilleure personne pour l’accompagner. « Quoi .. Tu es sûr de ça ? » qu’il demandait pour être sûr que c’était bien ce qu’elle voulait. Il n’avait porté aucun intérêt à sa grossesse et n’était pas le meilleur candidat pour la soutenir. Elle lui demandait de sauver l’enfant et pas elle, trop de mots, trop d’émotions d’un seul coup, il ne voulait pas écouter ce qu’elle disait, non, hors de question. Il l’avait aimé de tout son être et se refusait de prendre une telle décision. « Hors de question Sarah, ne me demande pas de prendre ce genre de décision. » mais elle insistait en lui demandant de promettre. Il soupirait, parce qu’il ne voulait pas faire ça, il se fichait de perdre l’enfant, il ne voulait pas la perdre elle, c’était un fait qui le frappa en plein visage. « Je ne te promettrai rien du tout, tout va bien se passer ! » Il était confiant malgré tout et espérait vraiment qu’une situation de ce genre ne pointe pas le bout de son nez. Lui non plus n’avait pas imaginer avoir un enfant comme ça, mais le destin en avait décidé autrement. Il ne répondait pas, ne sachant pas quoi lui dire. « Je vais aller voir ce qui se passe. » Il quittait rapidement la chambre en soufflant, voulant renier toutes les émotions qui avaient pris part de son corps à la recherche de quelqu’un qui pourrait le renseigner. « Excusez-moi, nous aimerions avoir des nouvelles, ça fait un moment qu’elle attend et les douleurs sont insupportable. » L’infirmière cherchait dans son dossier une réponse à lui offrir tout en prenant la parole. « Je suis navré, mais il y a beaucoup d’urgence, il va falloir patienter » Elle était dépassée par les évènements et ça ne passait pas inaperçu. Le blond qui n’était pas habitué à patienter repris la parole sans attendre. « Vous ignorez peut-être qui je suis, mais je peux faire de votre vie un enfer, appelé moi un médecin, tout de suite ! » Il en avait fait peut-être trop, mais avait besoin de se faire attendre et sans surprise la jeune femme couru vers un médecin montrant la porte de la chambre de Sarah du doigt. C’était bon signe, du moins il l’espérait. Il retournait auprès de Sarah, lui reprenant la main. « J’aurai vraiment aimé vivre cet instant différemment, pouvoir être présent à tes côtés tout le long, la voir grandir, être un bon père …  » Si leur couple n’avait pas été détruit il aurait aimé tout ça oui.

L'homme attrape sa main et le cœur de Sarah vacille. Elle l’aime toujours Gaspar, elle le sait, elle l'a toujours sut. Ce n'est pas le manque d'amour, qui les a mis à terre, sûrement pas. Seulement l'égoïsme d'une mère pour qui le mariage entre son fils et la jolie métisse n'était pas envisageable, parce que cette dernière n'entrait pas dans ses codes, dans son moule. Peu importe alors, le malheur qui avait frappé son fils par la suite. Peu importe les mensonges à entretenir pour le soutenir, quand dans l'ombre elle avait seulement réussit son coup. Sarah frissonne. Là, comme ça, ils ont presque l'air d'un couple normal, qui s'apprête à accueillir, trop tôt, son premier enfant. Elle en avait rêvé plusieurs fois, un enfant de lui. Mais pas comme ça. Pas séparés. Pas avec leur histoire brisée. Il soutient son regard, assure que ça va aller et elle ne demande qu'à le croire. Il promet d'aller chercher quelqu'un, si personne ne vient. Sarah acquiesce, d'un mouvement de tête. Avant de grimacer. Parce qu'elle a vraiment mal. Pas comme une contraction. Ce n'est pas la même chose. Elle a mal, tellement mal. Et comme personne ne lui dit rien, comme personne ne veut rien lui dire, elle comprend que quelque chose ne va pas, vraiment pas.

Elle demande qu'il vienne avec elle dans la salle de travail, assister à la naissance de leur bébé. Parce qu'elle n'a pas le droit de l'en priver s'il veut voir ça, s'il veut couper éventuellement le cordon de leur enfant, s'il veut prendre part à cette naissance, alors qu'il a été absent pour la grossesse. C'est le moment ou jamais pour lui de faire les choses biens en fin de compte. Pour lui. Pour leur bébé, aussi. Mais il ne semble pas certain de la demande de la demoiselle, demandant si elle est sûre. Elle l'est maintenant, oui.

«- Certaine.»

Il refuse de sauver le bébé si les choses tournent mal, de la condamner elle. Et pourtant c'est ce que Sarah veut, ce que Sarah désire plus que tout. Elle ne veut pas perdre son bébé, elle ne veut pas vivre dans un monde où elle aura ce poids sur le cœur, dans un monde où elle n'aura définitivement plus rien de lui, que des regrets. Il refuse de prendre ce genre de décision, mais la demoiselle insiste. Il refuse encore, assurant que tout va bien se passer. Elle n'en est pas sûre, Sarah. Vraiment pas. Parce que personne ne dit rien et qu'on la laisse là, dans l'ignorance de ce qu'elle a, à venir l'observer sans rien dire.

«- Mais ça pourrait ne pas bien se passer ! Je ne veux pas perdre ce bébé !»

C'est tout ce qu'elle a encore de lui, en fin de compte et une cargaison de souvenirs, d'émotions vives. Une cargaison de beaux moments à raconter à leur enfant un jour, pour dire comme ses parents se sont aimés. Mais que seraient ces souvenirs, alors, sans une oreille pour les écouter ? Sarah n'ose pas imaginer qu'il puisse y avoir le vide, après le ventre rond, les préparatifs, l'excitation de la naissance. Mais il quitte la chambre, il n'a toujours rien promit, la laissant seule avec ses pensées. Sarah fixe le plafond, grimace encore. Il revient, reprend sa main dans la sienne. Les mots de l'homme lui font mal, si mal.

«- J'aurais aimé tout cela aussi.» elle souffle. «Mais tu seras un bon père.» assure la jeune femme.

Elle le fixe, avant de poser le regard sur leurs mains unies. Elle doit le dire. Elle sait qu'elle le doit. Pour qu'il le sache. Parce qu'il doit savoir. Qu'il a le droit de connaître toute la vérité, de savoir enfin pourquoi il a souffert de son départ. Pourquoi elle lui a fait mal. Si elle meurt. Si les choses ne se passent pas bien. Elle lui doit la vérité. C'est ce qu'Isalyne lui a dit. La vérité. Son cœur bat la chamade. Et pourtant Sarah se lance enfin.

«- Ta mère m'a payée. Pour que je parte. Que je quitte ta vie.» elle lui fait un signe pour qu'il ne la coupe pas pendant qu'elle parle. «J'ai donné le chèque à l'association make a wish. Si tu ne me crois pas, demande leur, un gros chèque signé par Friederika Obermayer. Elle avait pas mis l'ordre, moi je ne voulais pas de cet argent. Tu le sais, j'n'ai jamais voulu profiter de toi, ni de vous... J'étais pas là pour ça... J't'ai laissé.... une lettre. Une longue lettre. Dans la pochette de ce DVD que tu regardais tout l'temps. Et un enregistrement, aussi.» elle se coupe. «Je suis partie... parce qu'elle a menacé mes parents. Elle est venue ce jour-là, a promis de s'en prendre à eux si je ne disparaissais pas. Et.. ils n'ont pas les même moyens qu'elle pour... lutter.» Sarah fixe le plafond. «Si j'te l'avais dis, tu ne m'aurais pas cru. J'suis même pas sûre que tu me crois aujourd'hui....» Sarah grimace de nouveau. «J'aurais tellement aimé... concrétiser tout nos projets... Je t'ai toujours aimé. Et je t'aime toujours.» poursuit-elle en évitant de croiser le regard de Gaspar. Son cœur lui donne l'impression qu'il va exploser dans sa poitrine. «Si ça tourne mal... n'oublie jamais ça... N'oublie jamais que je t'aime.» conclue-t-elle.

Tout devenait confus, tout était sans dessus-dessous dans l’esprit du blond lorsqu’il prit la main de la future maman. Il n’avait jamais imaginé être là ce soir, il n’avait pas pensé pouvoir assumer cette enfant qui était apparu suite à un accident. Un accident qu’il ne regrettait pas, bien qu’il s’était juré de ne jamais revoir Sarah après ça, le destin en avait visiblement décidé autrement. En observant le visage de Sarah, il osait imaginer la scène quelques années en arrière, lorsque tout allait bien entre eux et que personne n’avait mis d’embûche entre eux. Il imaginait être heureux d’avoir une petite fille, heureux de vivre cet instant unique, mais ses pensées prirent rapidement un autre tournant, pensant à sa mère qui était contre la venue au monde de cet enfant, pensant à Aurora qu’il avait planté sans explication. Qu’allait-il faire après l’arrivé de cet enfant ? Il n’en savait rien et c’est bien ça qui l’effrayait.

Elle lui demandait de venir avec elle dans la salle de travail, une demande qui l’avait surpris, mais la jeune femme paraissait sûr d’elle en lui demandant cela et il n’eut vraiment la possibilité de refuser, ne voulant pas la contrarier, sachant que la situation devait déjà être difficile pour elle en ce moment. « D’accord. » Qu’il répondait simplement, examinant la porte avec l’espoir de voir un médecin arriver. Puis elle parlait du fait de sauver le bébé si l’accouchement devait mal se passer, une requête qu’il ne pouvait pas accepter et qu’il ne s’était pas retenu de faire savoir à la brune. Au fond il tenait toujours à elle et il ne voulait pas la perdre, non, hors de question. «Je refuse Sarah, je refuse d’être la personne qui décidera de ne pas te sauver la vie.» Il aurait pu lui faire part du fait qu’il se refusait de la perdre, mais ce n’était pas le moment pour les confessions, du moins c’est ce qu’il pensait.

Il lui avouait regretter de ne pas avoir été présent tout au long de la grossesse, de ne pas pouvoir être le père qu’aurait mérité cet enfant, puis elle lui assurait qu’il allait être un bon père. Il fixait son regard sans un mot tout en espérant qu’elle avait raison. Puis elle se lança dans une confession qui dépassa ses espoirs, lui avouant tout ce que Frieda avait pu faire, des mots qui agissaient comme une baffe qu’il se prenait en plein visage. Il avait l’impression de perdre la tête en entendant tout cela, se demandant comment sa mère avait pu faire ça, sans réellement savoir s’il la croyait ou non. « Attend quoi ? » Qu’il demandait, pensant avoir mal entendu, bien qu’elle disait la vérité, une vérité qui faisait mal, très mal. Il soufflait un bon coup en levant la tête vers le plafond avant de reposer son regard sur elle. « Ma mère n’aurait jamais fait ça … » Il repensait à tout les repas en famille, à toutes les discussion qu’il avait eu avec sa mère par rapport à Sarah, se rendant compte que depuis le début elle avait eu que de mépris pour la jeune femme, rendant son histoire possible. Puis elle lui disait qu’elle l’aimait et ce fut le drame dans son esprit. Il s’asseyait sur le fauteuil présent à côté du lit, préférant ne rien dire, regardant dans le vide, perdu plus que jamais.

Il a prit sa main dans la sienne, Gaspar, pour la soutenir peut-être, à l'heure où elle s'apprête à faire de lui un père. Des mois qu'elle porte cet enfant seule, qu'elle l'assume seule. Quand d'autres peuvent se reposer sur la présence d'un mari, sur le soutient de celui-ci, Sarah n'a put compter que sur elle-même. Sur ses parents et ses amis aussi. Mais ce n'est pas la même chose. Le geste de Gaspar pourrait sembler insignifiant pour quiconque. Mais pas pour elle. Ne serait-ce que parce qu'il était là. Parce qu'il avait prit la décision de ne pas fuir devant la paternité. Il aurait put lui tourner le dos, ne pas être là pour elle ce soir, ne pas être là pour leur bébé. Mais il ne l'avait pas fait. Il n'avait pas choisit la solution de facilité, celle du lâche. Et ses yeux posés sur lui, alors, témoignaient de toute la reconnaissance qu'elle pouvait ressentir sur l'instant, à l'idée qu'il ne l'ait pas abandonné.

Qu'il vienne avec elle dans la salle de travail, qu'il puisse assister à la venue au monde de leur bébé dont ils ne savent toujours pas si c'est un garçon ou une fille, tel est le désir de Sarah. Et elle est sûre d'elle. Pour son enfant. Pour pouvoir lui dire un jour que sa mère n'a rien à se reprocher, qu'elle ne s'est pas mise en travers de son bébé et de son père. C'est à Gaspar de choisir comment il souhaite être avec son enfant. A son enfant de se faire une idée sur son père, sans que l'avis maternel ne l'influence. Mais c'est pour elle aussi. Pour se donner l'illusion, peut-être, d'avoir eut droit à l'accouchement dont ils rêvaient autrefois, avant que d'autres ne s'en mêlent. Parce qu'elle l'aime toujours Sarah. Parce qu'elle a besoin qu'il soit là. Parce que la question ne se serait pas même posée si Friederika Theissen n'en avait pas décidé autrement, quand il avait annoncé vouloir épouser la jolie métisse.

Qu'il sauve leur enfant, si cela doit tourner mal. Qu'il la laisse partir. Telle est la demande de Sarah à l'aube d'un accouchement qui s'annonce compliqué, de par les douleurs qui ne cessent de contracter, de crisper, tout son corps endoloris. Elle a mal Sarah. Elle a peur, aussi. Peur parce que les médecins ne disent rien. Qu'ils ne la tiennent pas au courant. Elle attend depuis longtemps à présent, non ? Trop longtemps. Ce qui ne l'angoisse que d'avantage. Elle peut perdre le bébé au dernier moment ? Sûrement. On pense toujours que le pire c'est pour les autres. Jusqu'au jour où l'autre, c'est nous. Elle peut y rester, aussi. Ça s'est déjà vu.

«- Mais tu ne peux pas accepter d'être celle qui condamnerai la sienne !» objecte-t-elle.

Parce que les médecins pourraient lui poser la question. On demande toujours aux proches, quand il y a un problème. Pour savoir ce que l'on décide de faire. Si le choix doit se présenter. Sarah veut être sûre que tout sera fait comme elle le souhaite. Mais Gaspar refuse de promettre et l'inquiétude de la future mère augmente alors. Elle se crispe de nouveau. Tout les pires scénarios se dessinent dans son esprit. Tous. Alors elle parle, elle avoue tout Sarah. Parce qu'Isalyne lui avait dit de le dire. Et parce que si ça se passe mal... Gaspar a le droit à la vérité. Leur bébé aura le droit à la vérité. A ne pas croire, comme le voudrait sa grand-mère, que sa génitrice n'était qu'une pauvresse désirant tirer profit d'un bon parti.

Il a du mal à réaliser. Et ça ne l'étonne pas. Sarah est même sûre qu'il ne la croit pas. Qu'il va s'énerve. Comme la fois où elle a annoncé être enceinte. Où elle a sous-entendu que la mère de l'homme n'était pas toute blanche. Et le voilà qui affirme que sa mère n'aurait jamais fait ça. La demoiselle l'aurait parié. Et dire que ce n'est ni le moment de la contrarier, ni celui de se disputer.

«- Tu sais bien qu'elle aurait put le faire...» souffle Sarah. «Qu'elle ne m'a jamais aimé. Tu le sais. Je sais ce que tu va dire... toutes les mères détestent la copine de leur fils mais... Mais je suis partie juste après que tu lui ai annoncé ton intention de me demander en mariage, c'est toi qui me l'as dis souviens-toi... Tu ne trouves pas ça étrange toi ?» questionne-t-elle avant de poursuivre. «Et... j'imagine que partant de ce constat selon lequel toute maman n'aime pas la partenaire de son fils, c'est normal, rien de grave, son attitude envers ta... fiancée... est aussi charmante qu'elle a put l'être avec moi ?» suggère la brune en grimaçant encore sous l'effet de la douleur, réprimant un gémissement plaintif.