Sept jours exactement que je suis sorti du centre de désintoxication. Une semaine, donc, que le retour à la réalité m'a frappé au visage. Si j'ai réussi à reprendre pied assez rapidement et que je profite à fond de ma nouvelle liberté, il y a plusieurs nuages noirs qui commencent à se former à l'horizon. Le plus gros étant celui des démarches pour trouver du boulot qui se révèlent infructueuses. J'envoie des tonnes de CV, suis invité à quelques entretiens qui se finissent toujours avec la même réponse : « on vous rappellera ». Et tout le monde sait à quoi s'attendre avec cette réponse. Mais pourquoi ? Est-ce simplement parce que je n'ai pas réellement de qualification ? Que mon seul diplôme est le bac ? Ou peut-on lire sur mon visage que je suis un ancien drogué ? Ce n'est pas à exclure non plus. Aujourd'hui, dimanche, est donc ce genre de jour où, n'ayant rien à faire, je me retrouve seul avec mes pensées et mon esprit qui me dit que je ne suis qu'un bon à rien et que je ferais mieux d'aller voir Hans, le dealer que j'allais retrouver dès que j'avais besoin de quelque chose.
Mais je n'ai pas envie de replongé. Alors je frapper Bertha II, le sac de boxe que j'ai acheté dès ma sortie du centre. C'est d'ailleurs la première chose que j'ai acheté et la première chose que j'ai emménagée dans mon appartement. Depuis 2h maintenant je frappe ce sac, de plus en plus en fort et j'ai déjà dépassé le stade où mon épaule me hurle d'arrêter. Après un dernier cris, autant de douleur que de rage, je me laisse glisser au sol. Agenouillé sur le parquet du salon, une main agrippant mon épaule et les yeux fermés, je peine à reprendre ma respiration tant la douleur est importante. Le médecin du centre m'a bien interdit de faire quelques mouvements de ce genre jusqu'à mon prochain rendez-vous avec le chirurgien, soit demain. Mais j'avais besoin de ressentir cette douleur physique afin qu'elle cache la douleur mentale, l'envie et le manque.
Je n'ai, malheureusement, pas le temps de reprendre totalement mes esprits, que j'entends la sonnette de la porte de mon appartement qui retentit. Soupirant, je suis un instant tenté d'ignorer la personne qui pourrait se trouver à ma porte, mais je décide finalement de me relever. Grimaçant lorsque je me redresse, pliant mon bras afin de le garder dans une position peu douloureuse, je me dirige vers la porte et l'ouvre.
Et quelle n'est pas ma surprise lorsque mon regard se pose sur Bennet qui, sans plus hésiter, passe à côté de moi pour entrer dans l'appartement en me disant que j'ai bonne mine. Je fronce les sourcils et l'observe alors qu'il regarde autour de lui, trouvant que je suis bien installé. Je souffle par le nez d'un air dédaigneux mais retient une réponse cinglante, me détournant simplement « Si tu le dis » dis-je doucement, regardant autour de moi. Certes, j'ai un bel appartement -merci héritage de papa- mais je le trouve beaucoup trop grand pour moi. « Qu'est-ce tu fous là ?» demandais-je en posant à nouveau mon regard sur mon frère. Mais, sans attendre sa réponse, je fini par soupirer et me dirige vers la cuisine «Tu veux boire un truc ? » demandais-je, me dirigeant vers le frigo « J'ai du jus de cranberry, du coca, de la bière sans alcool, de l'eau, du lait ...» ce disant, je sors la bouteille de jus et, la posant sur la table, essaie de l'ouvrir. Mais, n'ayant aucune force dans le bras droit et d'horribles douleurs dès que je force un peu trop, je fini par abandonner et ouvre simplement le robinet pour me servir un verre d'eau.
gare à la crise de la quarantaine
Invité
Invité
Re: Family affair (Oliver)
Jeu 14 Fév 2019 - 12:50
gare à la crise de la quarantaine
Invité
Invité
Re: Family affair (Oliver)
Jeu 7 Mar 2019 - 13:19
Je souffle avec dédain lorsque Benett me dit qu'il est venu ici pour prendre de mes nouvelles et roule des yeux. Connaissant mon frère, je me doute bien qu'il ne soit pas venu ici juste pour ça et sans doute son 'm'assurer que tu ailles bien' se traduirait pas 'je voulais juste m'assurer que tu ne prennes pas de drogue à nouveau'. « Je suis toujours clean si c'est ce que tu veux savoir» dis-je, sur a défensive, lançant un coup d'oeil à mon frère alors que j'abandonne la bouteille de jus sur la table et que je me dirige vers l'évier pour nous servir un verre d'eau. Du coin de l'oeil je remarque que mon aîné a attrapé la bouteille pour l'ouvrir, ce qui me fait grincer les dents. Malgré tout, je me suis toujours comparé à mon grand frère qui a toujours été meilleur que moi en tout. Qu'il souligne ainsi une faiblesse me déplaît fortement.
«Dans un bras » dis-je, brièvement « les douleurs dans mon épaule se sont réveillées au centre et ont augmentées aujourd'hui» reprenais-je, passant sous silence le fait que je l'ai pas mal cherché aussi. «J'ai rendez-vous chez le chirurgien demain donc ça va aller, ce n'est sûrement rien » assurais-je, alors que dans le fond j'ai la très nette impression que ce n'est PAS rien.
Je rejoins ensuite mon frère dans le salon et m'installe dans le canapé alors qu'il reprend la parole, me posant toutes les questions que je me pose moi-même. « Oh bien sûr je vais reprendre ma vie d'avant. Celle qui est rythmée par les drogues et le fait d'être high toute la journée hein» répondais-je avec ironie avant de soupirer, reprenant mon sérieux « non en vrai je ….j'essaie de me remettre sur le droit chemin» dis-je, plus doucement sur le ton de la confidence «Mais c'est pas simple » avouais-je, déviant le regard et me massant l'épaule «Je veux dire … j'envoie je ne sais combien de CV par jour pour postuler dans des job de merde, mais je ne reçois que des réponses négatives. Comme si … comme si tout Hamburg savait que je suis un déchet ambulant » je soupire et hausse les épaules «En même temps je peux pas leur en vouloir, qui aurait envie d'employer un junkie hein ? » je n'ai pas l'habitude de m'apitoyer sur mon propre sort mais je ne vois absolument aucune solution.