Under the bad moon. (nirna)

Under the bad moon. (nirna) Sam 23 Fév 2019 - 20:50

Elle est irremplaçable, mais je m'en rendrai compte seulement quand elle sera partie.

Le quartier plongé sous la nébuleuse, le souffle saccadé à chaque rencontre entre le mégot et les lippes desséchées, Nino est assis, depuis quelques minutes, quelques heures, il n'en sait rien. Ses seuls repères ne tiennent qu'aux faisceaux imprécis des lampadaires qui longent la rue sous la brume et des allers et venus de passants, possiblement locataires de l'immeuble qui lui fait dos, sûrement intrigué par la patience de cet homme accosté au béton. C'est son bilan, quand ils semblent lui proposer parfois de joindre au moins le hall. Frio, froid, kalt. Encore, les comprendrait-il. Encore; les écouterait-il. Le froid n'est pas un problème pour lui; il pourrait attendre là et las, sans bouger d'un poil, jusqu'à l'aurore. Il pourrait s'amuser à analyser chaque parcelle de ces petits brouillards que lui offre l'alliance de son souffle et des températures, pour faire passer le temps, mais les sens aiguisés ne sont pas à l'ordre du récréatif pour le moment. Est-il à la bonne adresse ? Les informations de Levi sont-elles au moins bonnes, ou a-t-il juste trouvé le moyen de se débarrasser de son compère le temps d'une soirée en charmante compagnie ? Non, impossible. Ce n'est pas comme s'il n'avait jamais entraperçue la façade de cet immeuble. Une fois, deux fois. Les rares fois où il a réussi à la suivre, jusqu'à cette porte, sans jamais la rattraper au pas, invisible, incertain. Et si ce soir, les plans changeaient, pour elle ? Si elle était dans les bras d'un autre, à l'instanté, qu'est-ce qu'il ferait donc, Nino ?

Il n'y pense pas. Non, cela vaudrait mieux, pour lui en premier lieu. Il sait où la trouver depuis qu'il a débarqué. Maintenant, il ne lui reste plus qu'à lui faire comprendre que la tendance s'est inversé. Qu'est-ce que tu me fais faire, bordel. Le temps s'est figé il y a déjà bien longtemps. Ils n'auraient jamais dû poursuivre cette nuit, ni celles qui ont suivit. Elle n'aurait jamais du rentrer dans sa vie, ni elle, ni personne. Nino a longtemps marché au chacun pour soi ; à partir du moment où plus personne ne pouvait dépendre de lui. Bien trop borné, bien trop aveuglé pour comprendre lui même le reflet de ses actes, il est là, pourtant, là à l'attendre, comme un con. Il porte en horreur ce sentiment de faiblesse, ce réflexe à frapper du pied dès que quelque chose le démange, dès qu'il se met à réfléchir à son désavantage. vida había sido una mierda. C'est toujours plus simple ordinairement, mais cette fois-ci, la situation n'arrange en rien. Et si elle s'enfuit en apercevant sa silhouette, comment réagirait-il ? Comme un fou, probablement. Et il ne veut pas, il ne veut plus. Ils n'ont pas d'assiettes à se balancer dessus, pas de murs en plâtre à briser. Mais Nino a la flasque dans l'autre main, cette ultime gouttelette qui le déride en coulant le long des papilles. Et tout ce qu'il souhaiterait, de manière utopique, serait d'éviter les esprits échauffés. Il ne peut pas oublier ce qui l'amène ici. Non, il ne l'oubliera pas.

Le palpitant du mexicain s'agite soudainement quand sa silhouette se dessine au loin, mais il ne hausse même pas le sourcil. Il écrase la fin de sa cigarette sur le muret, sans ne jamais dévier le regard de sa cible. Maintenant qu'elle est là, elle doit y rester. Nino ose même s'avancer vers elle, de quelques petits pas, mains dans les poches, le regard faussement acéré qui en dit suffisamment long, pas un seul son ne sort de sa bouche; juste le bruit de la bourrasque vient bercer leurs corps immobiles.

Le palpitant qui s'agite, toujours un peu plus vite.

Re: Under the bad moon. (nirna) Dim 24 Fév 2019 - 19:32

› the night is dark, as our past..

— Nino & Erna

L'air frais s’entremêlant dans ses cheveux, elle lâchait un léger soupir. Elle ignorait l'heure exacte à laquelle elle venait de finir son travail. À cet-instant précis, elle n'avait qu'une seule envie : retrouver son lit. Parcourant ce petit chemin habituel, seuls les lampadaires l'aidait à distinguer convenablement sa route. Cela faisait bientôt deux mois qu'elle était arrivée dans cette ville. Pensant que cette nouvelle vie l'aiderait à oublier son passé à Paris, celui-ci finissait toujours par la rattraper. Erna se contente pourtant de chasser de ses pensées l'homme qu'elle a quitté sans quelconques explications du jour au lendemain. Mais au fond, elle en est incapable. Il s’immisce dans ses rêves et dans sa tête sans qu'elle ne puisse y faire quelque chose. Sa démarche était devenue plus rapide et plus elle avançait, mieux elle pouvait apercevoir l'immeuble dans lequel se trouve son appartement. Ses derniers pas lui semblaient être indéterminable. Fatiguée de la soirée qu'elle venait de passer. Cherchant dans son sac à main ses clés, elle l'est trouvée assez rapidement. Levant son regard vers l'entrée du bâtiment qui s'étendait sous ses yeux. Elle haussait les sourcils, intriguait par l'ombre d'une personne se tenant à quelques mètres de sa position. Son cœur se mit à battre à cent à l'heure. Ne pouvant s'imaginer qu'il pourrait éventuellement s'agir d'un agresseur. Remarquant ce dernier s'approchait d'elle. La brune ne savait que faire, devait-elle reculer et s'enfuir ? Le néon de ce vieux candélabre se mit à clignoter. Cette scène ressemblait digne à un film angoissant. Et, pourtant, la jeune femme était loin de se douter que cet inconnu qu’apparaissait peu à peu sous ses yeux n'était autre que "lui". Son corps tout entier se figeait sur place et son pouls ne cessait d'en faire des siennes. Ses paupières cillaient tant qu'est plus n'arrivant pas à imaginer qu'il se trouvait tout juste devant elle. Comment avait-il fait pour la retrouver ? Immobile, aucun mot ne voulait sortir de sa bouche. Seules les émotions se mélangeaient dans sa tête. Le regard brillant, elle se sentait totalement vulnérable. Ne trouvant aucun moyen d’échappatoire. Le dernier souvenir qu'elle avait de lui remontait seulement à quelques mois. La veille de son départ. Il avait été beaucoup trop loin, et la jeune femme se souvient de ce geste déplacer de sa part. L'homme qui semblait être son petit ami avait lever la main sur elle. L'alcool n'était plus une excuse, non, elle en avait eu assez de tout ceci, tous ses problèmes à répétition. Cette impression d'être heureuse à ses côtés, n'était qu'une image. Elle s'était accrochée à lui, espérant qu'il changerait. Se laissant entraîner par cette folie interdite. Elle a fait partie de ses histoires aussi suspectes les unes que les autres, elle a vendues de la drogue à ses côtés, elle a suivi et obéit à tous ses ordres. Est-ce qu'au fond il a fait d'elle ce qu'il désirait ? Probablement. La lumière qui éclairait leur visage disparu subitement. Seul la lune assistait désormais à leurs retrouvailles. Erna ne pouvait plus reculer. Il était temps pour elle de l'affronter. S'approchant, elle ne tardait pas à se retrouver face à lui. Il ne restait peu de distance entre eux, suffisamment pour que les yeux de la brune sculptent les moindres traits du visage de Nino. Elle aurait pu se laisser emporter par ce souvenir lointain en se remémorant la première fois où elle a plongé ses yeux dans les siens. Seulement, elle essayait en vain d'être forte et de contrôler difficilement l'état dans lequel elle sombrait petit à petit. - Qu'est-ce que tu fais ici ? d'une voix tremblante, elle ne s'était jamais imaginé ce moment. Elle n'avait jamais songé au jour où ils se retrouveraient de nouveau face à face. Et pourtant, tout semblait clair, il était revenu pour elle.

MAY

Re: Under the bad moon. (nirna) Lun 25 Fév 2019 - 3:00

" - Qu'est-ce que tu fais ici ? "
Finit-elle par rompre le silence.

Un agréable silence durant lequel le brun s'est laissé bercer d'un élan de nostalgie, les bons moments en apogée, les minutes ternes floutées, comme si la situation actuelle et ce qui les a amené jusque là semblaient dérisoires. Il n'a qu'à se perdre dans ce visage d'ange aux ailes arrachées pour que tout lui remonte à la surface ; sa question est incertaine, à l'instar de cette attitude en retrait ; comment pouvait-il lui en vouloir ? Parce qu'il pense ainsi. Tout lui semble redevable. Pourtant, Erna est bien la seule à pouvoir lui faire perdre la raison, comme ce soir-là. Comme aujourd'hui. Car ce regard, cette crainte est tout ce qu'il redoutait de sa part, cette méfiance qu'elle accorderait sûrement à n'importe quel inconnu qui viendrait l'accoster à une heure aussi tardive, lui transperce la poitrine d'une intensité similaire à celle d'une lame aiguisée. Nino n'est pas un intrus. Non, il ne l'est pas.

" - Ravi de te revoir également. " en toute honnêteté.

C'est plus fort que lui, alors qu'automatiquement, sa mâchoire se resserre, son attention particulièrement ébranlé par ses pensées actuelles et le nombre de ressentis divers qui s'en émane. Nino est tiraillé, par une joie sûrement factice, celle d'avoir retrouver sa trace, d'avoir été jusqu'au souhait de ses espérances ; par un sentiment de colère, de haine, pour elle, lui, eux, cette mascarade qui aurait dû prendre fin bien avant de finir irrévocablement insatiable ; par la satisfaction de voir ses membres trembler par le désarroi qu'elle tente tant bien que mal de refouler à son insu ; par la frustration, la culpabilité. Le fait de rester fidèle à lui-même et de savourer autant qu'il subit le moment.

"- Je te retourne la question.. "

Le peu d'écart se retrouve désormais bafoué par l'effronterie, alors que le brun n'hésite pas à tâter le terrain, rechercher dans le vitreux des yeux de la jeune femme un reflet qui lui ferait rebrousser chemin. Lui-même aimerait comprendre, comment a-t-il pu en arriver là ? A remuer ciel et terre pour une confrontation de la sorte, pour agrémenter un peu plus son ego d'orgueil ou simplement pour elle, il ne sait pas. Peut-être finira-t-il par y trouver une réponse. Peut-être finira-t-elle par la lui donner. Et si l'envie lui vient alors de vouloir s'échapper de son emprise, Nino la resserrera davantage. Et elle le sait.

Re: Under the bad moon. (nirna) Mer 27 Fév 2019 - 19:33

› the night is dark, as our past..

— Nino & Erna

D'une voix tremblante, elle venait de briser ce silence qui lui sembler durer une éternité. Erna était encore totalement sous le choc de le voir devant elle. Il ne s'agissait pas d'un rêve, mais bien de la réalité. Inconsciemment, elle repensait aux moments à ses côtés. Il lui avait apporté quelque chose qu'elle ne pourrait expliquer. Trop têtu pour admettre qu'au fond elle ressentait de réels sentiments à son égard. Elle aurait pu remuer ciel et terre, pour lui. Se laissant emporter par l'univers dangereux de Nino. Elle s'était abandonné à lui, en se perdant peu à peu dans cette folie. La brune aimerait effacer de sa mémoire ses histoires farfelues dans lesquels elle y avait été présente. Seulement, ce sont souvent les pires souvenirs que l'on ne peut oublier. Pourquoi, pourquoi, est-ce que leurs relations a déraillé totalement ? Lâchant un profond soupir, elle ne savait que faire à cet-instant précis. Se retrouvant de nouveau à affronter l'homme qui l'avait manipulé d'une certaine manière durant toutes ces années. - Comment tu m'as retrouvé ? laissait-elle échapper en haussant les sourcils. La brune avait besoin de savoir et de comprendre. Dans cette situation la communication était très importante. Mais ceci étant que ce froid qui régnait entre eux, n'allait pas être évident à briser. En le quittant si précipitamment, elle n'avait rien laisser derrière elle. Ne serait-ce qu'un mot d'adieu. Elle avait été parfaitement consciente que si elle restait, elle tomberait à nouveau sous l'emprise de ce dernier, et Dieu c'est à quel point elle devait se libérer. En fin de compte, le passé finit toujours par refaire surface. Le regard brillant, elle ne trouvait plus les mots. Que lui dire, que faire ? Tous deux se retrouvant dans une pénombre absolue, seule la lune éclairait distinctement leurs visages. Serrant ses bras contre elle, d'une manière à former une carapace, mais aussi à se réchauffer de l'air frais de la nuit, elle ne pouvait détacher son regard du sien. Il n'avait pas changé, il était exactement lui, le même homme. - Il est tard, il fait froid, et ce qui est le plus étrange dans tout ça, c'est que pour une fois tu n'es pas défoncé... Il s'agissait bel et bien d'une remarque. Peut-être que le jeune homme se contenterait de faire abstraction sur ce sujet, ou pas. Elle voulait à la fois lui faire comprendre qu'elle avait le besoin qu'il disparaisse de son champ de vision et qu'elle puisse rentrer à son appartement en essayant de continuer à croire qu'elle l'a oublié. Mais pourtant d'un autre côté, elle voulait rester ainsi. Debout immobile en lui offrant l'opportunité de se justifier et d'être à son écoute. La nuit s'annonçait être longue, mais cette fois-ci la jeune femme était bien décidée à le confronter.

MAY

Re: Under the bad moon. (nirna) Mar 12 Mar 2019 - 1:45

Une demi-seconde pourrait lui suffire à rebrousser chemin, se préparer au mieux pour une rencontre qu'il avait pourtant tant attendu. Mais la fuite n'est pas la solution ; elle ne l'a que rarement été dans le cas du mexicain. La vérité est telle qu'il se sent probablement aussi oppressé de voir son ancienne amante, désenchantée. Il ne s'attendait évidemment pas à ce qu'elle lui saute dans les bras, cela l'aurait d'ailleurs sûrement apeuré plus qu'autre chose. Car s'il était certain de son côté que leur relation n'était pas déracinée, la surface avait été arraché. Et ils ne juraient que par cette surface, à l'époque. Ils n'étaient pas faciles à s'amadouer, pas faciles à s'aimer, pas faciles à se dompter, et c'est peut-être ce qu'ils aimaient le plus l'un chez l'autre, au fond ; ce manque d'aisance, ce portrait sans dessus dessous d'une alchimie pourtant évidente.
(Te quiero). Nino l'avait pensé si fort, à de maintes reprises, sans jamais n'avoir eut le courage de franchir le cap. Puisse n'être qu'une illusion de plus.

" Le hasard fait juste bien les choses. " Ou pas. Faut dire qu'en mentionnant à leur tout premier jeu de séduction cet ami vivant en Allemagne, il était resté vague. Peut-être aurait-elle prit ses précautions, au lieu de s'installer à quelques rues de son domicile.

La vérité était pourtant devant ses yeux; évidente sans pour autant le laisser indifférent. Erna était la seule à deviner ce qui pouvait bien se cacher sous l'épaisse carapace de la bête; à le comprendre, lui et son système de défense parfois offensant. Une confiance brisée, trop tard pour faire machine arrière. Il n'y a pas de remèdes pour les souvenirs. Ils se fixent, s'abîment rien qu'à ça. Erna demeure sa faiblesse, son talon d'Achille. Elle le bousille ainsi. Sa présence suffit et pourtant, le brun ne peut s'en disparaître; sinon, que ferait-il ici ? La pique est rude. Il n'y a que la houleuse qui résiste, ajoutée la perfidie révélée par les zygomatiques.

" Tu ne m'as pas non plus laissé le temps de m'ex..pliquer. " S'excuser, oui. Mais cela sonnerait faux. Pour les deux. " Autant le faire au plus vite, tu ne penses pas ? " Car si ce n'est pas ce soir, ce sera demain. Ou après-demain. Ou le jour d'après. Et ainsi de suite. Erna le connait assez bien pour s'en douter.

Doigts baladeurs, mouvement défensif négligeable, la nuque aux taches prunes, libérée de tout tissu alors que les premières hypothèses du bruns se veulent fâcheusement fondées. Le cœur qui sort de la poitrine, pour peu y était-il encore bien ancré.

" A moins que t'ais prévu de t'amuser un peu ce soir ? Visiblement, t'as pas perdu ton temps. " Mais qui était-il donc, pour penser que ces trois dernières années aurait pu suffire à l'enclaver ? Le ton change pourtant, radicalement; et pas de la meilleure des façons.

Re: Under the bad moon. (nirna) Jeu 14 Mar 2019 - 1:09

› the night is dark, as our past..

— Nino & Erna

Le regard perdu, elle ignorait qu'est-ce qu'elle devait faire et comment devait-elle agir face à ses retrouvailles inattendues. Elle ne s'était jamais imaginé qu'il viendrait jusqu'ici, qu'il oserait lui faire face, après le mal qu'il lui a fait ce soir-là. Il avait été trop loin et peut-être que la brune également en haussant la voix. Il ne s'agissait aucunement d'un hasard. Submerger par toutes ses émotions qui se bousculèrent dans sa tête, les yeux brillants, elle passait à côté de lui en effleurant légèrement son épaule. Son parfum si agréable venant lui chatouiller le nez, lui fit repenser que c'était celui qu'elle lui avait offert. - Viens... d'une voix tremblante, elle l'invitait à venir dans son appartement. C'était une façon à elle d'accepter l'opportunité qu'il puisse s'expliquer. Malgré cette atmosphère pesante, elle s'apprêtait à ouvrir la porte de l'immeuble, alors que la voix du jeune homme résonnait une nouvelle fois. Se retournant pour lui faire face à nouveau, elle le regardait cette fois-ci fixement et avec insistance. - Je ne vois pas de quoi tu parles... Si tu es venu pour me faire des reproches, ce n'est pas la peine de me suivre d'un ton sec, elle se raclait finement la gorge avant de poursuivre machinalement ce qu'elle était en train de faire précédemment. La porte ouverte, elle ignorait s'il la suivrait. Marche par marche, elle arpentait ses escaliers qui lui semblait être indéterminable. La boule au ventre, elle sortit les clés de son sac à main en tournant celle-ci à double tour dans la serrure. Remarquant qu'il se tenait juste derrière elle, elle le laissait entrer dans sa demeure. Ce minuscule appartement mal organisé. Des cartons encore emballés traînés dans la pièce principale, des piles de photos étaient éparpillés sur la petite table du salon. Retirant son manteau, elle le déposait en vrac sur l'accoudoir du canapé. Dévoilant son petit corps fragile, celui que connaissait par cœur Nino. Pourtant, sa corpulence s'était aminci, affaibli. La lumière du salon reflétant sur son visage pâle et épuisé, elle croisait les bras contre elle, de façon à former telle une carapace. À cet-instant précis, elle aurait pu lui dire que c'était vrai, elle voyait quelqu'un d'autre, que cette personne lui changeait les idées, se montrer affectueux avec elle. Mais cela n'aurait fait qu'empirer les choses, il était venu pour discuter et elle avait accepté de l'écouter. - Je t'écoute ne quittant son regard, ils se retrouvèrent une nouvelle fois debout face à face. Relâchant finalement ses épaules en lâchant un profond soupir, elle s'installait sur le sofa en le laissant en faire de même. Jetant un coup d’œil rapide vers la petite table où étaient situées toutes ses photographies, elle distinguait parmi l'une d'entre elles, un portrait d'eux deux devant la Tour Eiffel, à Paris. Cette journée ensoleillée où il avait accepté de se laisser entraîner par Erna en allant se promener au lieu de rester enfermer ou bien faire que ce qu'il l’intéressait. Ce jour-là avait été unique en son genre, il avait été fabuleux. Cette photo en montrait la preuve. Tournant son visage vers le sien, elle attendait qu'il brise à nouveau ce silence.

MAY

Re: Under the bad moon. (nirna) Ven 5 Avr 2019 - 2:12

La blessure est encore vive, pour l'un comme pour l'autre. Il aurait remué ciel et terre pour retrouver sa trace, si le destin n'avait pas été si conciliateur. Il se disait même étonné de croire davantage au coup du destin qu'à un simple hasard, comme pour chaque décisions prises, bonnes ou mauvaises, ces dernières souvent et regrettablement constaté dans son cas. Ça l'arrangeait bien avant, de jouer les esprits cartésiens. Il avait tout pour être heureux, Nino. Il aurait pu reprendre l'affaire de Paris, redorer scrupuleusement son image et réapprendre de ses erreurs. Mais il manquait une pièce à l’échiquier ; elle était devant lui, distante, désenchantée, brisée ; là, à le rendre misérable. Étonnamment pourtant, Erna s'ouvre, ou du moins, propose d'ouvrir la discussion.. ou les hostilités. Il n'en sait rien, Nino; il n'a pour seul source ce constat pessimiste et le gout amer de leur toute dernière soirée ensemble. A côté, leurs vieilles joutes verbales quasi-quotidiennes ne représentaient pas grand choses. Erna à la réplique facile ayant toujours eu une grande facilité à faire sortir des gonds le jeune homme à une époque où leur influence mutuelle tendait sur du néfaste. Cette fois-ci, il se contente de mordre sa lèvre inférieure, sans répliques piquantes ou désastreuses et la suit jusqu'au palier de sa porte d'entrée qui dévoile le nouvel antre de la brune, signe de son implantation, son indépendance, le point de non-retour. Les murs sont blancs, la peinture encore fraîche, le silence, pesant. Pourtant, l'attention du mexicain se retrouve rapidement porté sur un tout autre détail, alors qu'il ne peut s'empêcher, malgré lui, de contempler la silhouette qui lui fait face, ternie par la lumière et d'une vitalité amoindrie. Il n'était pas stupide.

" Tout va bien ? " Question idiote. Tellement, que sa salive se ravale aussitôt. Bien-sûr qu'elle ne va pas bien idiot, et t'es sûrement responsable d'un grand nombre de ses maux.

Comme si le monde tournait autour de lui. Nino n'a aucune idée de ce qui se trame dans l'air et du diagnostic de la maladie de son ex-compagne -et heureusement-. Alors, il se contente de baisser les yeux sur la mosaïque de photos éparpillées sur la table basse, pour cacher ses scrupules, en premier lieu. L'odeur agréable de la brune vient lui titiller les narines, sa promiscuité ne lui ait pas désagréable, bien au contraire. Il désire simplement rayer les dernières semaines de leurs vies respectives, tout recommencer, du début à la fin. Mais un grand fossé sépare la réflexion de la parole, dans le cas de Nino, indubitablement, cela a toujours été le cas. Et ce soir ne dérogera sûrement pas à la règle, l'amour-propre piqué par le ton glacial de la brune, employé quelques secondes plus tôt. Tenant à tout prix à gagner du temps et un avantage considérable sur son irremplaçable proie, l'irascible pioche dans le tas de clichés celui qui se démarque inévitablement, le contemplant sous tout ses angles, esquissant un mince sourire qui se voudrait perfide, pourtant sincère.

" On aurait pu en faire des dizaines, voir des centaines comme celle-ci..mais ton départ précipité me contredit. " Le regard qui divague, les prunelles qui se rencontre, l'assurance à l'épreuve. " Tu as fui si facilement, sans m'écouter.. que je me suis dis que ça ne devait pas représenter grand chose à tes yeux. Juste une photo. "

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