Darren * On a dit chirurgien, pas flic. TW violence conjugales

C'était le grand jour, la jeune femme ne pouvait plus reculer, maintenant qu'elle avait prit cette décision. Madame Kellermann ne pouvait, de toute façon, pas envisager de rester dans un tel état puisque son mari était capable de la frapper seulement parce qu'elle s'était dégonflé et n'avait pas fait réparer ce nez. Ce nez qu'il avait lui-même endommagé à vrai dire, au cours de l'une de ses colères, comme toujours. Hannah n'a pas d'autres choix que celui de franchir le pas, et ce même soi les ratés potentiels de la chirurgie ne manquent pas de l'inquiéter au plus haut point. La jeune femme pousse pourtant la porte de l'hôpital en ce jour, s'annonçant à l'accueil alors qu'elle a rendez-vous avec le docteur Carrington pour discuter de l'intervention à venir. On lui indique le troisième étage et elle se dirige vers les ascenseur en grimaçant comme sa cheville la fait souffrir après une énième chute mais elle se ressaisit rapidement et appelle l'ascenseur en appuyant sur le bouton. Rapidement, dans un brouhaha mécanique, l'ascenseur atteint le rez de chaussée et ouvre ses porte, permettant à la jeune femme d'entrer. Elle indique le troisième étage et les portes se referment. Elle observe le chiffre des étages qui défile, jusqu'à se stopper. Numéro 3. La jeune femme sort et rejoint le secrétariat du docteur, signalant qu'elle est bien là, avant de prendre place sur un siège en attendant que l'homme vienne la chercher.

C'est un grand brun d'une quarantaine d'année qui finit par s'approcher  de la zone d'attente, portant une blouse blanche. Il appelle madame Kellerman et celle-ci se lève pour lui emboîter le pas et disparaître dans son bureau alors qu'une autre patiente, jusque là, ne manquait pas de la dévisager. Prestement, elle prend place devant le bureau et comme l'homme demande ce qui l'amène, elle désigne rapidement son nez d'un geste de la main. A vrai dire, c'est assez voyant, mais il est vrai qu'elle pourrait venir pour tout autre chose. C'est bien le genre de chirurgien que l'on peut venir voir pour tout et n'importe quoi d'esthétique.

«- Je voudrais arranger ce nez et potentiellement lui rendre son aspect d'origine.» répond la jeune femme en sortant une ancienne photo d'elle. «Si vous pensez être en mesure de le faire ? Et si c'est possible aussi. Je crois qu'il n'est pas trop abîmé mais je ne sais pas s'il est possible de le ravoir à 100%.»

Alors que la demoiselle montre son nez en réponse à l'homme, en soulignant le fait qu'elle souhaite procéder à une rhinoplastie. Elle montre rapidement une photo d'elle avant le petit accident qu'elle a eut avec son mari pour montrer à l'homme comment était ce nez autrefois alors qu'elle souhaiterait qu'il le lui refasse à l'identique si cela est possible. Son physique, son visage tout du moins, ne l'avait jamais complexé, elle s'était toujours trouvé bien comme elle était mains maintenant, avec ce nez partant sur la droite, c'était assez désagréable pour elle. Et perturbant. Elle avait l'impression que cela changeait tout, que ce n'était plus elle. Une situation pour le moins désagréable. C'est fou ce qu'un petit détail peut changer de la perception que l'on a de soit, en fin de compte.

L'homme fait une remarque rassurante, alors, comme il pense être en mesure de réparer le nez d'Hannah, le travail ne semblant vraisemblablement pas être difficile. C'est une bonne nouvelle, qui ne manque pas de soulager la jeune femme alors qu'elle se voyait déjà avec un visage transformé, incapable de redevenir celui qui avait été le sien autrefois. Mais elle n'a pas le temps de parler que l'homme pose des questions, évidemment, pour savoir comme elle a fait ça, comment ce nez a put partir ainsi sur la droite. Hannah ne peut pourtant rien dire. Elle devrait, elle devrait tellement, alors que son mari est responsable de la mort de leur enfant. Mais elle ne parvient pas à le dire comme son monde doré lui a apprit à conserver une certaine pudeur en toutes circonstances. Elle ne peut pas accuser son mari, pas comme ça. C'est trop grave.

«- Malheureusement un mur n'a pas de nez. J'ai fais une descente çà skis totalement incontrôlée et le problème c'est que la piste était relativement courte, j'ai pris le mur de l'une des habitations au pied des pistes.» ment la jeune femme.

Mentir, on lui a toujours apprit à le faire dans la sphère de la haute société où elle a grandit. Mais désormais, c'est un art dans lequel elle excelle. A cause de son mari, pour sauver l'honneur, sauver les apparence, ne pas dire comme elle souffre, comme chaque journée lui coûte, comme elle rêve d'en finir, comme elle a essayé d'en finir, l'an dernier, tout juste âgée de trente ans, alors que la vie semblait trop difficile, trop insupportable, jouée d'avance.

A vrai dire ce que raconte Hannah n'est qu'un demi mensonge. Elle n'avait pas vécut la chose personnellement mais avait en effet vu une femme dévaler une piste de ski en ne maîtrisant pas son tout shuss, faisant ainsi une rencontre malheureuse avec un mur au bas de la piste. Cependant elle portait heureusement un casque, la protégeant quelque peu, mais elle avait dût être évacué par les secours comme elle semblait s'être cassé quelque chose au passage. Hannah n'en avait pas sût plus par la suite, tout ceci ne la concernait pas. Mais elle emprunte cette histoire pour couvrir la sienne et cacher à son interlocuteur les drames qu'elle subit chez elle et qui restent innommables, impardonnables, qu'elle n'ose pas avouer pourtant, comme si elle était honteuse, honteuse de se sentir faible, honteuse de se sentir fragile, honteuse de sentir que l'homme qu'elle avait épousé se permettait tout sur elle. Il faut dire que le monde dans lequel elle avait grandit lui avait apprit à se montrer discrète et pudique sur son existence, ce qui ne facilitait pas les choses. Une fille de bonne famille doit préserver les apparences, toujours. Elle avait grandit ainsi. On ne lui avait pas apprit autre chose, après tout.

«- Je suis mariée oui. Pourquoi ?»

Hannah prend un air détaché mais cette question la met mal à son aise comme elle comprend que l'homme a quelques doutes sur la version de l'affaire qu'elle lui donne. Elle comprend qu'il devine quelque chose, quelque chose qu'elle ne veut pourtant pas confesser. Quelque chose de douloureux mais qui lui donne l'impression de ne regarder qu'elle. Elle comprend cependant que l'homme risque de continuer à creuser dans cette direction, maintenant qu'elle vient d'avouer son mariage et elle songe qu'elle va devoir la jouer fine si elle ne veut pas laisser tout ses secrets être découverts.