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 Ludwig * It's not a masterpiece but I'm proud of this book.

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Astrid Morel
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Sam 2 Juin 2018 - 18:33
Les beaux jours revenaient doucement et s'il ne faisait pas aussi chaud qu'en France, dans les rues d'Hambourg, à la même période, les débardeurs commençaient tout de même à pointer le bout de leurs nez dehors dans les rues de la ville. C'était la saison de l'année que préférait Astrid. Les beaux jours, la mer, le sable fin... elle adorait pouvoir écrire sur la plage, laisser son âme se bercer avec les vagues, se perdre dans la contemplation de l'horizon... La demoiselle cependant n'ira pas à la plage aujourd'hui. C'est un petit café qui attire la jeune femme aujourd'hui, avec son calepin et son ordinateur. Installée dans un coin, un café fumant devant elle, la jeune femme aux boucles blondes tape frénétiquement sur son clavier, alors que les mots s'alignent sur son écran et elle donne l'impression de ne même pas voir la valse de ses doigts. La jeune femme se focalise sur ces mots qui s'affichent sur son écran. Pourtant, elle finit par se détourner de ce dernier, attrapant sa tasse de café pour boire une gorgée de sa boisson, avant de surprendre son geste.

Elle sourit en apercevant cet homme assit plus loin, comme elle reconnaît la couverture du livre qu'il tient entre ses mains. Les tourments du temps, son premier roman, publié depuis deux ans et édité en Allemagne par Lysander depuis quelques mois maintenant. La demoiselle observe le visage de ce lecteur en cherchant sur ses traits un témoignage de sa pensée au sujet de cette lecture. Et finalement elle verrouille la session de son ordinateur, referme celui-ci, qu'elle glisse dans sa sacoche et elle prend sa tasse, son sac à main, pour rejoindre cet homme.

«- Permettez ?» demande la jeune femme en posant sa tasse sur la table, son accent français détonnant sûrement un peu dans le paysage, avant de tirer la chaise sur laquelle elle prend place sans attendre que l'homme ait répondu. Et s'installe et reporte finalement son regard sur lui. «Votre lecture est intéressante ?» demande finalement la demoiselle, sans dire qu'elle en est l'auteur, appréciant fortement d'aller à la rencontre de son public, pouvoir échanger avec ce dernier.


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Re: Ludwig * It's not a masterpiece but I'm proud of this book.
Lun 4 Juin 2018 - 13:38
Sous le soleil de juin, l’été s’affichait, impassible et sans vergogne, sur les villes sans merci. Sa chaleur estivale survolait de sa douce grâce, les pays tout entiers. Dans une indiscrétion fatale, elle s’immisçait sous l’intimité de la peau des vivants et s’accouplait, dans une fiévreuse union, avec les degrés Celsius des corps en mouvement.

C’était une rencontre étrange et éternelle qui s’évertuait dans le cycle sans conclusion des saisons. Une rencontre amoureuse des degrés Celsius en chaleur qui avait connu tant de belle histoire autant que de rejet bouleversant. C’était le tête-à-tête de deux forces étrangères en communion : les habitants de la Terre face au soleil ; la température interne face à celle externe ; le micro-organisme face au macro-organisme. C’était seulement une union. L’union entre deux entités stellaires.

Ludwig faisait partie de ces gens qui rejetaient cette force. Il était de ceux qui rejetaient l’ignescence des degrés, qui rejetait l’été. Non pas qu’il n’aimait pas cette saison, mais il ne la supporte pas. C’est un ours des pays du Nord. La chaleur est pour lui un fardeau. Il ne sait comment la gérer. Il préfère largement l’hiver. C’est tellement plus simple de lutter contre l’adversité du froid. Un pull et c’est réglé. Mais l’été…l’été, c’est une saison qu’on ne peut manier. C’est une saison indomptable et fière que seule la mer, la transpiration, les boissons froides et la glace savaient y faire face.

L’été, c’est l’incarnation du pouvoir tyrannique et pourtant neutre du soleil. Un rappel du pouvoir céleste incontestable d’une boule de feu à des millions de kilomètres. Un big-bang de chaleur.

Le ciel s’éveillait aux premières lueurs du quatrième jour de juin et Ludwig avec. La chaleur qu’accompagnait cette matinée de beau matin annonçait dans l’ardeur des degrés, le ton de cette journée estivale. Il ferait chaud aujourd’hui.

Le vieil homme sentait au sein de son corps bouillonnant, la fièvre des températures le tenailler de toutes parts. Il sentait dans son mal-être ardent, la force du soleil intergalactique. Il avait chaud. Il avait soif.
S’habillant dans la sagesse du minimalisme, il s’épargna tout superflu en se contentant d’un jean et d’un t-shirt. Descendant de ses pas lourd que les kilos en trop lui avait imposé, il se rendit dans le grand désert de sa cuisine. Rien n’était prêt pour un café. Plus de filtres, plus de caféine, plus de machine. Des courses s’imposaient, mais la flemme le gagnait. Las, il regardait le soleil se refléter sur le bitume et traverser le rideau de ses fenêtres. Cette blancheur assommante qui créait de leur magnifique beauté, des formes géométriques sur le sol obscur de son salon, l’attirait autant qu’il le rebutait.

Il avait autant envie de profiter de la magnificence du ciel bleu, de la liberté des grands espaces, de l’animation de la vie que de s’épargner le poids de la chaleur et de la nuisance sonore des bruits extravagants. Pourtant, que pouvait-il faire ici ?

Dans un travelling silencieux, l’homme regarda son domicile. A l’extérieur, tout n’était qu’incandescence, alors que chez lui, tout n’était que noirceur. Il était seul. Totalement seul, dans cette grande demeure qui était sienne. Ses enfants n’étaient plus là. Luzia, Melissa et Anton. Ils étaient tous grands. Adultes et responsables, avec leur domicile et leur vie. Et lui, vieil homme de Landshut, était isolé dans l’obscurité de son domicile. Une vague de stress monta dans son cœur. Troes était réapparu dans son esprit. Ses iris bleus que la tristesse d’un espoir éteint avait consumée se reflétait dans ses propres yeux ; sa barbe que les jours avaient grignotés s’embroussaillait sans que personne ne s’en occupât ; ses joues que les calories avaient autrefois arrondies n’étaient plus que squelette supplanté par de la peau ridée.

Ludwig caressa, de ses mains fripées, son visage que l’angoisse tiraillait. Etait-il devenu ainsi ? L’enfant du sud observa son domicile le temps d’un moment. La grandeur de sa vide maison, les échos de ses mouvements disgracieux, les ténèbres de son isolement le frappèrent en pleine face.

Il le craignait.

Une vague de panique se dessina dans son cœur. Troes était dans ses veines. Qu’avait-il fait pour se retrouver ainsi ? A quel moment s’était-il trompé ? A quel moment s’était-il oublié ?
La peur lui broyait le ventre, la fièvre consumait son cerveau, la catalepsie dissimulait sa voix. Il paniquait. Il suffoquait. Et la réponse vint à lui. Calme et silencieuse, elle se dessinait à ses pieds. Certains disaient voir Dieu quand ils sont au fond du gouffre. Lui voyait le soleil. Un astre millénaire d’une incandescence étouffante lui apparaissait comme la solution à tous ses problèmes. S’il ne voulait pas devenir comme son beau-père, alors il ne fallait pas faire comme lui. Il ne fallait pas attendre que la vie vienne à lui. Il ne fallait pas la rejeter. Il faut l’accepter et aller vers elle. Il faut faire le premier pas.

Au contact du reflet du soleil, Ludwig sorti de sa stupeur. Une décision s’imposa. La chaleur était pour lui un calvaire, mais il allait sortir. Le petit garçon allait achever le monstre caché sous son lit, caché dans son cœur. Le monstre nommé Troes.

Prenant le livre de sa table basse, l’entrepreneur fit le premier pas vers la vie. Il franchit le pas de ses angoisses.

Dans les petites rues d’Hambourg, Ludwig retrouvait goût à la vie. Une pluie aux mille couleurs se peignait devant ses yeux éblouis. Ses sens se réveillaient au contact des paysages illuminés par le soleil. Tout était si clair, si lumineux, si vivant.

Le Hambourgeois était apaisé. Sa tranquillité se muait dans sa démarche. D’un pas rassuré, il se baladait tranquillement dans la ville germanique, passant de quartier en quartier, de rue en rue. Il recherchait un lieu calme où il pourrait lire en paix.

Le verdoiement du parc entouré par le chant mélodieux des oiseaux siffleurs et des enfants amusés était une option qu’il avait envisagée mais c’était sans compter sur le souffle chaud d’une étoile dominatrice à 150 kilomètre de là.

Ludwig ressentait le poids de cette gouvernance dans ces veines. Tout son corps semblait pris dans le tourbillon d’une flamme en furie qui embrassait chaque parcelle de son âme.
Il avait chaud.
Si le diabète avait pour pathologie d’assoiffer les patients, cela était sans comparaison avec l’atmosphère saharienne qu’imposait l’étoile solaire. Une douleur rauque assiégeait de ses lances de pique le tunnel organique du vieil homme où sortait habituellement sa voix masculine.
Il avait soif.

Dans les ruelles de la ville flottante, l’entrepreneur cherchait un petit café sans habitants pour pouvoir se poser dans la tranquillité d’un bon roman. Il avait besoin d’un lieu où le règne du silence gouvernait pour que l’immersion dans l’histoire fictionnelle d’un autre être s’accomplisse. Tels étaient ses critères.
Ludwig trouva son bonheur dans un petit bistro au détour d’une rue. Sa grande vitrine de verre laissait entrevoir ses locataires : une serveuse, un barman et deux clients. Peu de monde. C’était l’idéal.

Pénétrant le petit commerce, l’ancêtre observa plus attentivement les lieux. C’était une petite salle cosy et chaleureuse qui n’avait que pour seul grief son emplacement mal placé. Un préjudice qui faisait tout son charme par son isolement mystérieux promettant un havre de paix mais qui avait pour inconvénient de se cacher aux yeux des clients et de leur porte-monnaie.

Accueilli par la politesse convenue des commerçants, Ludwig s’assaillit à une table isolée et commanda dans son harassante soif un verre d’eau non pétillante et un thé noir. Il aurait bien pris un café mais par expérience, il savait que le café noir des commerçants était trop amer pour son palais gustatif. Le sucre, le lait et autres accompagnements lui étant déconseillés, il préféra s’abstenir de toutes boissons répulsives. Le thé avait au moins le mérite de s’alléger au contact de l’eau et de faciliter sa digestion. Il faisait certes bien chaud pour commander un tel breuvage, mais le temps et l’eau sauraient refroidir la fournaise de ce liquide noirâtre.

Après réception de sa commande, Ludwig but de son liquide transparent, soulageant d’un geste simple, une douleur si présente.

Son besoin urgent étant accompli, Ludwig sortit l’ouvrage qu’il avait commencé la veille. Les Tourments du Temps, un titre qui lui semblait tellement évocateurs, tellement vrai, tellement Troes. Il avait choisi ce livre non pas pour son titre qui faisait cohésion avec sa vie et sûrement de celle de beaucoup d’autre, mais parce que cette œuvre avait eu de bonne critique de la presse et qu’elle était bien vendue au pays des Lumières. Tout semblait prometteur dans son ouvrage, au même titre que sa jeune autrice.

Le vieil homme n’avait à peine lu trois lignes qu’une jeune femme s’approcha de lui et s’invita sans commission à sa table dans un français parfait. Ludwig dévisagea de ses yeux sexagénaires la source de cette soudaine interruption. C’était une belle jeune femme blonde aux yeux d’azur qui s’évertuait dans une innocente élégance et dans l’indomptabilité de la jeunesse de lui demander son avis sur ce roman à peine commencer.

Après un petit moment d’attente où une broussaille eue le temps de faire son chemin dans ce lieu peu fréquenté, le lecteur repris ses esprits et tacha de répondre à cette question si impromptue. Si son français était parfait, témoignant des vestiges de son lointain passé de voyageur, son accent était plus prononcé, laissant entrevoir ses origines assez évidentes.

"Eh bien si l’avis d’une personne ayant à peine commencé le livre vous intéresse vraiment, je dirais que l’autrice à un bon style. Un style fluide qui rend agréable la lecture et qui ne s’embarrasse pas de détail inutile. Mais honnêtement, beaucoup d’auteurs ont cette qualité et ce n’est pas suffisant pour pouvoir se démarquer des autres. Si le titre laisse présager une certaine poésie mêlée de réalisme, son contenu est bien plus fantastique qu’il ne laissait le présager. Un certain surréalisme sur fond historique, ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus en temps normal, mais ce livre à le mérite de bien harmoniser les deux univers. C’est un étrange mais beau mélange que celui du fantastique avec la réalité. La frontière entre les deux est floue, c’est son grand avantage, mais c’est également un risque. A ne pas affirmer clairement son genre, on risque de perdre les deux parties : ceux qui aiment le fantastique et ceux qui aiment le réalisme historique. Ce fut le problème de Crimson Peak d’El Toro à mon sens. Mais en soit, ce n’est que subjectif. - C’est un très bon roman, du moins pour l’instant. Surtout pour un début. Ludwig feuilleta les premières pages pour voir les autres romans de l’autrice. -J’espère que ce livre saura répondre à mes attentes, mais j’avoue que je suis un peu compliqué dans ce domaine." Il rigola d’un petit rire gêné.

L’homme regarda la jeune femme, cherchant dans ses yeux tout indice d’adhésion ou non. Il était surpris qu’une personne aborde un individu sur un roman aussi rapidement. Après réflexion, il lui demanda tout haut ce qu’il pensait tout bas.

"On n’aborde pas un individu qui vient à peine de commencer un livre pour lui demander son avis si on n’avait pas soi-même connaissance de ce roman. Alors dites-moi, et vous ? Quel est votre avis sur ce livre ?"

Le vieil homme pris de sa tasse de thé, rinçant dans son breuvage diététique, ses lèvres assoiffées. Il observait patiemment son invité, attendant sa réponse calmement.
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Lun 4 Juin 2018 - 17:10
La question d'Astrid naturellement n'était pas désintéressée et la demoiselle était curieuse de découvrir ce que l'homme pouvait penser de son texte. Elle n'avait seulement pas réalisé qu'il était seulement au début de l’œuvre encore. En soit elle avait surtout était surprise par l'âge de son lecteur, car ce n'était pas la cible première de son texte évidemment, son public normal étant plus ou moins du même âge qu'elle, parfois plus jeune. C'était sa cible première quoi. De fait la blondinette n'avait pas put s'empêcher de le rejoindre et de le questionner, parce que c'était pour elle l'occasion d'obtenir un nouveau point de vu sur son texte, même si elle songeait que le parti serait peut-être déjà prit et que l'homme avait déjà un avis plus ou moins tranché sur le genre. Après tout, la jeune femme n'ignorait pas que le style, que le thème, pouvaient ne pas coller pour lui, qu'il pouvait être plus difficile à convaincre, contrairement aux jeunes gens qui sont généralement moins pointus. De fait la demoiselle voyait cela comme une chance et discuter avec cet homme pouvait être très instructif pour la suite de sa carrière, parce qu'il serait peut-être plus exigent et pourrait relever ce que les plus jeunes n'avaient pas spécialement remarqué.

Elle sourit comme l'homme lui fait l'état de sa pensée sur le roman qu'il lit et elle opine de la tête quelques fois, en admettant qu'elle a effectivement prit un risque dans son texte en souhaitant ainsi faire une frontière si mince entre le réel et le fantastique, qui pouvait déplaire aux fervents défenseurs de ces genres, comme il pouvait peut-être les rassembler. C'était en somme à double tranchant. Heureusement pour la demoiselle, la formule s'était révélé être efficace puisque le livre était devenu un best-seller et qu'il avait franchis les frontières de son pays, la France, pourtant si compactes quand il s'agit de culture.

Elle a un petit rire comme l'homme lui demande son avis sur le texte en supposant qu'une personne qui aborde un inconnu pour parler d'un ouvrage a forcément lu celui-ci ou connaissance de son contenu. Il est vrai que s'il avait lu un ouvrage dont elle ne connaissait rien, la demoiselle ne se serait pas attardée, ne serait même pas venu le voir. Mais ici les choses sont différentes et la blondinette se doute que l'homme ne s'attend pas à ce qu'elle soit, en réalité, l'auteur de ce roman.

«- Vous avez sans doute raison pour le genre, il est vrai que cela aurait put dérouter quelques lecteurs, on ne sait plus bien, finalement, ce qui est réel et ce qui ne l'est pas.»

Mais c'était exactement ce qu'elle avait voulu faire, l'idée qu'elle avait voulu transmettre en soit, que l'on ne distingue plus le rêve de la réalité et elle était heureuse de constater qu'elle semblait avoir rencontré le succès dans cet exercice qui s'était annoncé, dès le départ de l'écriture du roman, comme le point sensible, le plus délicat, qu'elle aurait à traiter.

«- Mais je crains que mon avis sur le livre ne soit pas très objectif, si je devais répondre à votre question. Astrid Morel, enchantée. C'est toujours un plaisir de rencontrer ses lecteurs et d'obtenir un avis honnête sur nos textes !» répond la demoiselle, pour justifier qu'elle ne se soit pas révélée plus tôt.

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Dernière édition par Astrid Morel le Lun 4 Juin 2018 - 20:10, édité 1 fois
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Lun 4 Juin 2018 - 18:24
Ludwig resta silencieux un moment en dévisageant la jeune blonde qui lui faisait face. Elle était l’auteure. L’auteure était en face de lui. Il en resta consterné.
On dit qu’avec la vieillesse vient la sagesse et qu’on s’étonne plus de rien, mais cette femme faisait l’effet d’une bombe. Il venait de conseiller voir de critiquer le plus naturellement du monde l’œuvre de son créateur. Une nouvelle qui avait de quoi dérouter.

L’homme reprit ses esprits pour la seconde fois et encaissa dans un bref "Oh" la nouvelle. En tant que commercial, il savait retomber sur ses pattes face aux informations impromptues, mais étant un jour de repos, il ne s’était pas mis dans le moule de l’adaptabilité. Pourtant, il n’avait guère le choix et dans la contrainte des nouvelles, se lotit du rôle d’un lecteur rencontrant un auteur.

"Oh, je suis Ludwig. Ludwig Schreiber. Enchanté. J’espère que je ne vous ai pas offensé, loin de moi une telle idée. Je respecte beaucoup de travail et j’apprécie vraiment cette incapacité à distinguer la réalité de l’imaginaire. On se croirait dans Inception. Ça témoigne de toute la complexité de votre œuvre et c’est sûrement ce qui vous a value tant d’éloge, mais je voulais juste vous avertir qu’à l’instar de Crimson Peak, l’utilisation de deux genres peut exclure votre lecteur par une rupture du contrat d’adhésion. - Le vieillard sentait que ce qu’il pouvait dire semblait confus ou difficile à saisir, non pas qu’il sous-estimait l’intelligence de son interlocutrice, mais il se méfiait de sa propre formulation. - C’est-à-dire que lorsqu’une personne commence à lire un livre ou regarder un film, il accepte le temps du récit de croire à cette histoire et son univers. Mais par contre, au moindre élément superflu, ce contrat peut être rompu. L’utilisation de deux genres peut engendrer cela. Prenons le cas de Crimson Peak, ce film n’était pas assez film d’horreur pour ceux qui aiment ce genre, il n’était pas non plus assez fantastique pour les adeptes de ce registre et il était trop des deux pour ce qui n’aiment pas l’un ou les deux genres. Pour votre cas, ça s’est bien passé car vous avez bien harmonisé les deux registres et je vous en félicite, mais c’était un pari risqué. Le recours à plusieurs styles peut exclure le lecteur lors du passage à un autre genre. Votre livre est bien, du moins de ce que j’en ai lu, parce qu’il sait passer de l’un à l’autre et c’est en cela que votre histoire est complexe et donc intéressante. Ce n’est pas la seule façon de rendre une ouvre complexe mais cela en est une. Je vous respecte."

Ludwig prit sa tasse de thé et la suréleva légèrement pour imiter le geste d’un toast en signe de respect. Puis il lui sourit avant de reprendre un peu de son breuvage amer.

"Vous travaillez sur un autre ouvrage ?"
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Mar 5 Juin 2018 - 2:13
Astrid ne prend pas mal les mots de l'homme et sa sincérité à l'égard de son œuvre. Après tout c'est exactement ce qu'elle a cherché et elle ne va pas mal le prendre alors qu'elle sait parfaitement le succès qu'elle a eut malgré tout. D'autant qu'on ne peut naturellement pas plaire à tout le monde, elle le sait fort bien. Alors elle ne prend pas mal les commentaires de son interlocuteur, après tout il a le droit d'avoir son avis et ce n'est pas comme s'il avait fait une critique négative, il s'est contenté de donner un avis et de donner des indications à la demoiselle, donc son argumentaire est constructif. Elle ne va pas mal le prendre alors qu'il lui a donc donné exactement ce qu'elle voulait en venant le voir comme cela, découvrant qu'il était l'un de ses lecteurs. Mais l'homme pour sa part semble mal à son aise d'avoir parlé si franchement devant l'auteur de l’œuvre et se justifie, alors qu'il n'en a pas besoin aux yeux de la blondinette, sauf qu'il ne lui laisse pas le temps de parler, de le rassurer. Patiemment, la demoiselle attend donc la fin de l'intervention de son interlocuteur, en demandant à la serveuse qui passe une part de gâteau, avant de reporter son attention sur lui, comme il termine de parler.

«- Ne vous en faites pas, vous n'aviez pas besoin de tant vous justifiez. Chacun est libre de panser ce qu'il veut et la critique n'était pas méchante, bien au contraire. D'autant plus qu'une critique construite et constructive est toujours quelque chose de positif pour un auteur vous savez.» répond la demoiselle comme on apporte sa part de gâteau. «Et puis si je n'avais pas voulu de franchise, si j'avais voulu qu'on réponde positivement à ma question, je me serais tout de suite présenté mais disons que mon but n'est pas de me faire lécher les bottes, elles sont suffisamment étincelantes sans cela.» répond la jeune femme amusée.

Sa cuillère coupe un morceau du gâteau, qu'elle porte délicatement à ses lèvres avant de reposer le couvert dans son assiette, se délecter de cette bouchée et finalement, l'observer de nouveau comme il lui a tout de même demandé si elle était en train d'écrire autre chose.

«- Oui, quelque chose de tout à fait réel cette fois, dans notre univers et à notre époque. Sur une jeune fille malheureusement amoureuse. Malheureusement car elle aime un ami, qui se trouve être homosexuel et en couple.» répond simplement la jeune femme.

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Re: Ludwig * It's not a masterpiece but I'm proud of this book.
Lun 11 Juin 2018 - 18:35
Ludwig regardait cette jeune femme se délectant de son gâteau. Il était amusé de son franc parlé et de son ironie, mais les beaux yeux turquoise de son interlocutrice l’alléchait bien moins que son gâteau. Il avait faim. L’écume aguichait ses babines. Qu’est-ce que son gâteau lui donnait envie. Sa pâte moelleuse, son sucre saupoudré à l’image de la finesse d’une neige, sa fringante odeur écumant ses narines enfiévré. Il en avait envie. Il en rêvait. Il le désirait. Mais les mots du médecin étaient plus fort. La crainte des conséquences le tenaillait. La douleur était plus redoutable que la faim, que l’envie, que la mort. Ludwig le savait. C’était un bonheur empoisonné. Un magnifique poison, mais un poison. Il se souvenait si bien de la souffrance qu’il avait ressentie en 2011, il se la remémorait, la revivait, la craignait et la maudissait. Elle était là, dans son passé et dans son futur, qu’une simple faiblesse raviverait de toute sa vigueur. Pourtant, l’envie le poignardait. Insoutenable et inconsistante, elle se mouvait librement dans la profondeur de son esprit assailli. Vicieuse et scélérate, elle cherchait dans sa perfidie malsaine, la faille pécheresse, le chemin de la dépravation et de l’avidité. Alors elle restait là, patiente, tapis dans l’ombre, caché dans le couloir du subconscient, s’alliant vicieusement avec le péché de la gourmandise en n’attendant qu’une chose : l’heure à laquelle elle pourrait dénicher par son vice, sa proie terrassée. C’était un cauchemar, une hantise, un monstre au mille visages qui s’insinuait à chaque coin de rue, à chaque rayon de supermarché, à chaque appétit. L’envie était devenue son serpent démoniaque, le sucre sa pomme empoisonnée et la douleur son épée de Damoclès.

Comme cela lui manquait. Le sucre se déversant sur sa langue en babine, mélangé dans la douceur d’une boisson chaude, dans les profondeurs d’un biscuit fondant, dans les caresses d’un yaourt coulissant. L’homme éleva ses yeux au contact du couvert argenté sur la rayonnante pâtisserie. Il suivait de son regard ancestral le mouvement pinchard de la cuillère s’élevant dans les airs et se glissant délicatement entre les lèvres écarlate de son interlocutrice. Que c’était enivrant l’idée de manger un tel délice ; que c’était douloureux de percevoir l’interdit se mouver devant ses yeux ; que c’était ironique de voir la vie se jouer ainsi devant lui. Il se sentait en décalage avec la société. Tant de plaisir lui était interdit et pourtant, tout apparaissait si normal. Le sucre, le sel et le gras étaient devenus le quotidien de la civilisation. Et lui, il en était privé. À vie.

Le vieil homme observait de ces pupilles expérimentés, la sournoiserie de ce spectacle. Un spectacle qui prit fin au moment où, de ces lèvres pourpres où s’insinuait le péché capital, une douce voix réveilla de sa clarté cristalline, la conscience assiégée du vieil homme. Les péchés de l’envie et de la gloutonnerie avaient échoués dans leur assaut incisif. Ils se voyaient damner le pion sous la mélodie des paroles rassurantes d’une dame aux cheveux d’or. Ludwig considérait de ses yeux de dinosaure, la jeune femme libératrice. Elle le rassurait et maintenant, elle répondait à sa question. Une femme amoureuse d’un homosexuel en couple, tel était le sujet de son prochain livre.

Le vieillard encaissa l’information. L’approche autobiographique s’insinua dans son esprit mais il conserva cette interrogation pour lui. Par contre, il cherchait comment exprimer ce qu’il ressentait. Sa réponse ne lui plaisait pas, il n’était pas satisfait, non pas en tant qu’interlocuteur, mais en tant que lecteur. Il trouvait cette base trop légère. L’intrigue lui semblait trop évidente et trop expéditive.

“Je suis désolé si je vous offense, mais j’ai du mal à voir comment on peut faire un livre avec ça. Je suis un grand adepte du réalisme et votre histoire est tout à fait vraisemblable, mais ça me semble trop facile, trop simple. Je ne comprends pas comment vous espérez attirer le public comme ça : l’histoire d’une simple femme amoureuse d’un homosexuel en couple. L’intrigue et la fin semblent trop évidentes. On s’imagine tout de suite une romance impossible avec une fin larmoyante. Je ne dis pas que c’est ce que vous allez écrire, loin de moi une telle pensée, mais je pense que c’est ce que va s’imaginer le grand public. Les gens sont en contact avec beaucoup d’histoires : des livres, des films ou des séries. Même s’ils ont une imagination peu fertile, ils feront le lien avec d’autres fictions et s’imagineront une fin. Bien sûr, vos fans et quelques critiques liront votre livre, non pas parce qu’elle est intéressante, mais parce que vous en êtes l’auteur. Ils chercheront dans cet ouvrage, la spécificité de votre premier roman. L’élément qui les avait tant charmés et qui faisait de votre livre, une oeuvre à part entière. Vont-ils la retrouver ? Vont-ils être déçus ? Vous avez déjà un lectorat de base grâce à votre premier roman, mais vous risquez de les décevoir. Ce n’est pas grave, du moment que vous en gagnez un nouveau, mais je vous avoue que j’ai du mal à voir comment vous allez vous y prendre. Le grand public est saturé de livres et d’histoires en tout genre, or de ce que vous me dites de votre futur roman, il n’a pas l’air de pouvoir sortir du lot. Je ne dis pas qu’il n’est pas original et que c’est une mauvaise idée, je dis juste que ce n’est pas suffisant. Les gens ne s’investissent pas dans un livre dont ils croient pouvoir imaginer l’histoire et la fin, ils s’investissent dans un roman qui attise la curiosité et le mystère. C’est ce que faisait votre premier livre et c’est aussi pour ça qu’il a aussi bien marché. Alors dites-moi, comment compter vous séduire le grand public ? Qu’est-ce qui fera que ce livre sera différent d’un autre livre romantique ?”

Ludwig se doutait qu’il venait peut-être de vexer son interlocutrice. En même temps, il venait de dire à une auteure qu’il respectait que son idée pour son prochain roman était peut-être à revoir. En plus, il n’avait fait preuve d’aucune concession, mais comme elle l’avait dit elle-même, ses bottes étaient assez propres comme ça.
L’homme avait conscience que ses propos ne prenaient pas en compte la volonté d’un livre d’auteur mais qu’au contraire, il s’inquiétait de l’aspect commercial. Ludwig est un entrepreneur, un commercial et un homme d’affaires, tout l’aspect mercatique était indispensable à ses yeux. Il ne voulait pas que cette femme se noie dans l'océan de la créativité. Il avait vu tant d’artistes se lancer dans la conquête de la mer des Art, en quête de gloire et de réussite, pour s’échouer par la suite sur le rivage de la grande marée. Ils étaient tels les marins d’autrefois, s’aventurant dans la conquête des 7 mers et des illustres dangers, dans l’espoir d’une terre promise, mais qui furent oublié à jamais, dans le catacombe des naufragés. Il ne souhaitait pas que cette jeune dame rejoigne sans savoir, les victimes du génocide des rêves brisés.

Alors, il l’interrogeait, sans concession et sans détour, sur ses attentes futures, brisant éventuellement ses espoirs, avant que la réalité de la vie le fasse, dans une cruelle indifférence.
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Lun 11 Juin 2018 - 21:42
La demoiselle n'a pas conscience de la torture qu'elle inflige en ce moment même à l'homme qui lui fait face. La jeune femme ne se doute pas que ce dernier ne mange pas de pâtisseries non pas parce qu'il n'en a pas l'envie mais parce que cela lui a été déconseillé vivement par son médecin en raison de ses problèmes de santé. Alors elle se délecte de ses bouchées sans imaginer comme cela torture l'homme en face d'elle. Sans voir le regard qu'il pose sur sa pâtisserie. Et la demoiselle est si gourmande pour sa part qu'elle ferait certainement la même tête si elle était privée de ces douceurs et que l'on en mangeait devant elle. Ce genre de têtes où la personne semble vous maudire de tout son être en soit. La demoiselle pour sa part ne s'en rend pas compte, toute à sa dégustation et à leur discussion.

Comme l'homme la questionne sur son prochain livre, elle ne manque pas de répondre à son interlocuteur mais la réaction de ce dernier ne manque pas de la surprendre quelque peu. En soit l'homme n'a pas tord si l'on regarde cela d'un côté du pur business, ce n'est pas forcément une bonne idée, un bon investissement de temps. Mais Astrid pour sa part est une artiste et ces derniers ne voient pas les choses de la même façon. Ils ne pensent pas seulement au rendement mais à leur inspiration après tout. Les métiers de l'art ne peuvent pas s'encombrer de pensées aussi terre à terre. Aussi la jeune femme ne lui en veut pas de se montrer si honnête mais elle compte bien tout de même écrire ce livre et pour des raisons fort simples.

«- Je dois admettre que sur un point purement stratégique et financier vous avez raison, cependant pour ma part je pense que l'inspiration est ce qu'elle est et il est important pour les artistes de se laisser porter par leur créativité, qui est ce qu'elle est malheureusement. Mais pour moi c'est notre meilleur outil. J'ai l'impression que vous raisonnez comme un homme d'affaire qui doit juger si l'investissement est valable ou non et je ne doute pas que ce soit très efficace dans le monde des affaires mais pour ce qui est de la création... De plus je pense que la communauté LGBT+ est justement en recherche de représentations, on le voit avec l'explosion de ces personnages aux cinémas. J'écris pour les jeunes principalement, et les jeunes veulent trouver des personnages à qui s'identifier, des personnages qui leurs parlent.» répond posément la jeune femme sans s'agacer de la remarque de l'homme au contraire. «Je pense que les auteurs doivent écrire ce qu'ils ont envie d'écrire simplement, parce que cela ne peut rien donner de bon à mon sens si l'on écrit pas de prime abord pour soit. Ce n'est sûrement pas l'histoire la plus originale qui soit encore que quelques rebondissements sont au programme mais c'est en tout cas l'histoire que je souhaite écrire. Hors je pense que l'idée ne m'abandonnera pas tant qu'elle n'aura pas été satisfaite d'une part. Et d'une seconde, il me semble plus aidé d'écrire sur quelque chose qui nous motive, nous passionne vraiment. Certes les passionnés de fantastiques n'apprécieront pas l'ouvrage et ne le liront probablement pas. Mais le livre s'adresse dans un même temps à la même tranche d'âge et à un autre public. Du reste, Before Me, Call me by your name montrent bien que les histoires de romances ont encore de beaux jours devant elles.»

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Mar 12 Juin 2018 - 0:40
Ludwig entendait tous ses arguments. L’écriture était son vecteur, sa passion, mais au fil de ses mots, au fil de ses paroles, l’homme craignait pour l’histoire. A trop suivre le fil de l’eau, on s’y perd. Tel est le risque de l’inspiration : la confusion. Si le vieillard avait confiance en cette femme sur sa capacité à organiser son roman pour l’avoir déjà fait, il n’en restait pas moins sceptique. Il cernait mieux la personnalité de son interlocutrice et surtout sa méthode de création. Si sur le long terme, cela tenait la route, son fonctionnement trop impulsif entrait en collision avec sa mentalité terre-à-terre et réfléchit d’homme d’affaires. D’ailleurs, un sourire esquissa ses lèvres quand elle mentionna sans le savoir sa profession. Une ébauche qui s’éteignit rapidement face à la tournure plus sérieuse de la conversation. La cause LGBT. Un combat dont Ludwig ne s’était jamais vraiment investi, non pas qu’il n’était pas d’accord, mais parce qu’il ne se sentait pas à sa place. La différence de génération l’envahissait. Il avait l’impression que c’était la lutte d’une nouvelle société, d’une société meilleure, d’une société dont il faisait parti du passé. Pourtant, Ludwig l’acceptait. Il acceptait le fait d’avoir fait parti de cette génération de tabou et de silence contentieux. Il n’y adhérait pas forcément et s’il devait choisir, il aurait été du côté des LGBT, mais le vieil homme n’avait pas la force, il n’avait plus l’énergie pour s’investir dans une cause. Pour lui, les seuls combats pour lesquels il mobiliserait son ardeur, c’était pour celui du bonheur de sa famille et du divorce de Brecht et Luzia. Le reste n’était pas de son ressort. Il ne saurait quoi en faire.

L’homme sourit à son interlocutrice. Un sourire triste, un sourire fatigué. Ce n’était pas un geste de politesse ou d’amusement, c’était un geste de lassitude. Une crainte de s’investir dans un débat d’attaques et de défenses, dans un marathon au temps indéterminé, dans un combat d’opinions. L’énergie n’y était pas. L’été s’affaissait de toute sa pesante chaleur sur son corps affaibli par le poids des excès du passé. Ludwig ne se sentait pas en mesure d’affronter des idées sur une pente à risque. Il savait pour quelle cause il était et il ne doutait pas de son approbation avec celle de la jeune auteure, mais la possibilité d’une délibération contentieuse, vigoureuse ou prolongée le terrassait. Sa jeunesse était révolue, il n’avait plus la force pour cela. Pourtant, Ludwig s’y engouffra la tête la première, non pas pour protester ou réfuter, mais pour encourager et améliorer. Il s’y précipitait sans savoir les conséquences que cela aurait pour la suite de la conversation et dans la plus profonde espérance que cela n’achèverait pas toute son énergie.

"Vous dites que vous souhaitez défendre la cause LGBT à travers votre livre et que vous écrivez par inspiration au nom de l’art. J’ai beau vous trouver admirable pour cela, je n’en reste pas moins méfiant et prudent. C’est bien beau de vouloir écrire à l’inspiration, mais à trop se reposer sur les sentiments et le moment présent, vous perdez la beauté et la richesse de la réflexion. Je ne parle pas du contenu que je vous juge suffisamment apte à réfléchir à ce sujet, mais je parle de votre style. Bien sûr que lorsque vous êtes inspirée, les mots et les idées viennent à vous au gré du vent, mais lorsque le souffle s’éteint, lorsque la panne intervient, n’avez-vous pas peur que les mots deviennent plats, même si le sujet vous motive ? N’avez-vous pas peur que le style varie entre deux périodes d’écritures, entre deux vagues d’imaginations ? Que lorsque vous vous relisez, vous vous décevez ? Ce n’est là qu’une question de forme…Mais peut-être que vous faites partie de ces artistes qui ne rencontrent pas ce problème, même si je vous avoue que j’ai du mal à croire qu’il existe de tel écrivain."

Le vieillard fit une pause, réfléchissant un court instant, sur la façon d’aborder le sujet. Quand les mots lui vinrent à l’esprit, il leva les yeux et les planta dans ceux de son interlocutrice. Un échange océanique s’évertua entre les deux couleurs de ces iris. Le bleu atlantique rencontrait le bleu pacifique dans le croisement d’un simple regard.

"Sur le contenu en lui-même, vous me parlez de la cause LGBT et je vous rassure, je vous rejoins tout à fait sur ce point. Je vous respecte d’ailleurs pour cet engagement. Mais pourtant mademoiselle, votre héroïne est hétérosexuelle. Alors si vous souhaitez vraiment vous investir dans cette cause, ne devez-vous pas faire de cet homme gai qui est en couple et qui est pris entre l’affection sentimentale d’un conjoint et d’une amie qu’il respecte, votre protagoniste principal ? Je vous avoue que je n’ai pas vu ce film dont vous faites la mention donc je ne sais pas si en vous entendant me raconter le pitch de votre future fiction, je devais faire un lien avec cette histoire, mais je vous confesse que lorsque je vous ai entendu m’expliquer votre prochain roman, je n’avais pas senti l’engagement LGBT qui était derrière."

Ludwig s’animait un peu au sujet de la cause LGBT, non pas que ses opinions étaient vectrices de polémique, mais l’inquiétude d’une incompréhension ou d’un débat éreintant le stressait. En tant que commercial, il savait relativiser et il était tout de suite entré en matière en rappelant sa position, mais la vieillesse était là et aussi irrationnelle soit-elle, l’inquiétude d’un épuisement le tenaillait. Une inquiétude qui s’était manifestée au fil de son discours, par un langage plus soutenu qui faisait un peu tache à son goût.

L’aïeul chercha alors du réconfort dans une gorgée de sa tasse de thé qui apaisait ses lèvres asséchées et qui avait pour mérite, d’occuper ses mains nerveusement inertes.
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Mar 12 Juin 2018 - 10:42
La demoiselle prend une nouvelle bouchée de son gâteau alors que l'homme reprend la parole en lui faisant remarquer quelques points qui pêchent peut-être un peu dans son futur roman, auquel elle n'a pas fait attention. Parce que la jeune femme se place dans les yeux de l'auteur, naturellement et n'a pas forcément la capacité, avec son livre, avec son travail, de se mettre à la place de ses lecteurs. D'autant que ses propres lectures sont très hétéroclites en soit, très variées. Alors ce n'est pas forcément facile pour elle d'imaginer que l'on puisse n'être accroché qu'à un seul genre et être dérouté quand l'auteur part dans un autre genre. La blondinette apprécie tout les genre ou presque, il n'y a que l'horreur qui n'est pas pour elle. Elle apprécie de voir les gens écrire par passion, et pour elle cela fait de prime abord la qualité d'un livre.

«- Je ne parle pas tant d'écrire tout le roman à l'inspiration sans le réfléchir, mais pour moi je veux dire que ce n'est pas parce que mon premier livre était d'un genre spécial que je dois me cantonner à ce genre pour toujours. Je veux dire que si j'ai envie d'écrire sur autre chose alors je peux le faire, parce que me forcer à rester dans un genre précis serait à mon sens contre-productif. Cela n'empêche pas de réfléchir à son texte. Je parle uniquement de la base en soit et pas du travail de réalisation. Personnellement, je ne sais pas comment font les autres auteurs, mais je commence par écrire un premier résumé, assez court de mon histoire, tel qu'il me vient sur le moment, à l'inspiration. Puis je vais le réécrire en l'étoffant, le faisant plus détaillé. Mais j'ai au moins ainsi une certaine trame. D'autant que le projet étant tout neuf, on est généralement en plein boum d'inspiration, les idées viennent vite et l'histoire pour moi se construit comme ça. Une fois que ce résumé détaillé est fait, je le découpe en sortes de pré-chapitres. Je vais alors étayer les lignes de tout ces chapitres pour approfondir le contenu du dit chapitre, prévoir les trames sous-jacentes à la trame principale.»

Astrid travaille ainsi, elle ne sait pas si c'est la meilleure des méthodes mais ce découpage du travail lui permet en soit de jouir de l'inspiration, sans laisser quoi que ce soit au hasard. Et le fait d'&avoir une ligne directrice permet ensuite d'écrire le livre plus facilement à son goût. Parce que l'on sait où on va, on sait pourquoi on fait telle ou telle chose et l'écriture vient naturellement. Pour elle, ce découpage permet d'éviter la page blanche, la panne d'inspiration. Elle n'a publié qu'un seul roman, mais elle a toujours fonctionné comme cela. Après elle n'écrit pas forcément pour faire des best-sellers en continue, elle écrit pour elle, aussi. Si elle voulait faire du commercial, elle prendrait uniquement des thèmes qui cartonnent sans trop d'efforts, tels que le sujet trop récurent des vampires par exemple, qui continu pourtant à séduire et donc beaucoup de textes ont marqués les lecteurs.

«- J'ai dis qu'elle est amoureuse d'un homme en soit, cela ne fait pas d'elle, forcément, une hétérosexuelle. Cette simple synopsie ne fait pas tout le personnage. Elle pourrait tout à fait être bisexuelle en ce qui la concerne. Maintenant il est vrai que je peux écrire en faisant de l'homme mon sujet principal. Ma crainte est toutefois, en me basant sur ce point, de faire une caricature de ses pensées, de la vision du personnage. Je ne veux pas que l'on puisse me reprocher un tel impair. Et il est facile de tomber, malheureusement et malgré soit, dans ce genre de caricatures.»

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Mer 20 Juin 2018 - 18:20
Ludwig l’écoutait silencieusement tandis que son interlocutrice lui expliquait son mode de fonctionnement dans la conception d’un livre. À chacune de ces étapes, il acquiesçait d’un geste simple mais discret. Sa méthode était logique et bénéficiait d’une ligne directrice continue, mais un point le chiffonnait. Un point dont il reviendrait plus tard, songeait-il.

Tandis qu’il buvait une nouvelle gorgée de sa tasse bouillonnante, Ludwig regardait cette jeune femme devant lui se confier spontanément. Il n’était qu’un étranger pour elle et peut-être pas des plus agréables, et pourtant, elle se confiait à lui. Certes, ce n’était que des confidences en surface, loin des confessions intimes hyper personnelles, mais c’était déjà un début et cette surface de sentiment lui suffisait. Elle, qui n’était qu’une étrangère, lui faisait par d’une crainte légitime de tomber dans la facilité des clichés et des faux-semblants et alors qu’il l’écoutait, ce père de famille songea à ses filles. Ces soirées au lit où l’une de ses princesses venait le voir pour lui confier ses doutes, ses craintes, ses joies et ses peines. Ces soirées de discussion autour de souvenir commun ou distinct qui laissait choir toutes une pluie d’émotions nées de conséquences prévues ou imprévues. Et dans cette marre de souvenir, Ludwig se sentait paternaliste en cette belle mâtiné d’été.

Alors qu’il entendait dans le flot des bruits quotidiens, des oiseaux en émois et des cafés en fabrication, les inquiétudes de cette jeune auteure, un conseil venait s’immiscer à son esprit. Un conseil tout simple qui pourrait peut-être répondre au problème et qui aurait au moins le bénéfice d’assurer à son roman une qualité exemplaire. Alors dès lors que le silence reprit son règne absolu, Ludwig lui en fit part.

"J’entends ce que vous dîtes, mais je pense que vous pouvez prendre ce problème dans l’autre sens. Le principe même des caricatures, c’est que ce sont des clichés et que c’est visible. Tout le monde les connait et c’est tellement récurrent que cela en devient gonflant, excusez-moi pour mon langage. La répétition du même trait de caractère ou de situation affilié à un type de personnage précis dans plein de fiction est la nature même de la naissance d’un cliché. Par conséquent, vous êtes en mesure quand vous écrivez, de distinguer quand vous tombez dans la facilité. Une sonnette d’alarme sonnera dans votre esprit et si ce n’est pas le cas, votre correcteur ou éditeur vous le dira. Mais si j’ai un conseil à vous donner et qui est valable pour tous les personnages que vous créerez, c’est de les faire comme tout le monde. Rendez-les humains. Donnez-leur des défauts, des qualités mais surtout des tics, des habitudes, des réflexes et des réflexions ambivalentes. L’être humain est un être complexe, pleins de vices et de qualités, mais surtout contradictoire. L’homme se trompe, fait des erreurs, tente de se corriger, aggrave ou non les choses, tombe et retombe dans ses travers, pleure, crie, hurle, panique, déprime, se réjouit ou se plaint, mais il avance toujours…ou du moins il essaie. Un héros de roman pour moi est un individu qui quoiqu’il arrive, continue d’avancer, encore et encore, peu importe les bombes qui lui explosent au visage. Ça peut se finir mal, mais au moins, il aura essayé. Si vous restez dans la superficialité des sentiments de votre personnage, c’est là que vous tomberez dans des travers de clichés. Renseignez-vous au maximum sur votre sujet, rencontrez des gens, parlez avec eux et enrichissez-vous de toute l’expérience que vous pourrez. Même si vous décidez de ne pas faire du garçon votre héros, la richesse que vous donnerez à votre personnage influencera la qualité de votre livre. Vous avez peur des caricatures, alors ne faites pas de lui un genre ou juste un personnage, faite de lui un humain, avec toute sa complexité et sa psychologie alambiquée. Entrez dans la psychologie humaine. C’est le meilleur conseil que je puis vous donner. Mais surtout, faites ça avec tous vos personnages, même si ce n’est que le concierge du coin visible pendant deux-trois pages. Les êtres humains ne sont pas fait d’une, deux ou trois couleurs, ce sont des peintures vivantes. Mille couleurs se dessinent sur leur peau et leur visage que la surface ne fait qu’apparaitre que deux ou trois couleurs. Une surface qu’il faut gratter pour découvrir la richesse, la complexité, la beauté et mocheté de l’être humain. Mais si jamais vous ne restez que sur la façade de l’être humain, si vous ne restez que sur ses deux ou trois couleurs, alors c’est là que vous tomberez dans les clichés. Ne craignez pas d’aller dans la profondeur de la psychologie humaine, de détailler ses sentiments et ses pensées, c’est là que vous le rendez merveilleux. Faites de lui un individu, pas un personnage."

Ludwig s’arrêta là, il se sentait redondant dans ses propos mais cela l’importait guère, il sentait que son message était explicite. Le vieil homme songeait qu’il n’avait pas abordé le premier point qui le titillait toujours, mais il se disait que le temps de l’effleurer viendrait bien à un moment ou un autre. Pour le moment, il devait se concentrer sur les craintes et les inquiétudes de son interlocutrice. C’était le plus urgent. À trop se perdre dans deux filets différents, la conversation deviendrait tortueuse et difficile à suivre.
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Jeu 21 Juin 2018 - 1:32
Naturellement la jeune femme se pose plein de questions pour son livre, comme toujours, parce qu'elle ne veut pas faire de faux pas, pas faire de caricature. Cependant c'est un risque pour ce nouveau roman car elle s'engage sur une pente glissante, sur un sujet délicate te que dès qu'il est question de traiter l'homosexualité dans un ouvrage, celui-ci est passé au crible pour découvrir tout ce qui ne va pas, déceler tout ce qui pourrait relever de la caricature et nombreux sont les auteurs qui se sont cassés la face là-dessus et ce sans avoir voulu mal faire mais seulement parce que le public aime bien trouver la petite bête, la chercher surtout, et ce notamment dans ce genre de situations délicates. De fait la demoiselle redoutait de se casser les dents sur cette pratique et ce même si elle savait parfaitement que les homosexuels sont des personnes comme les autres et qu'il ne faut pas, justement, chercher à leur donner un «caractère d'homosexuel». Après tout elle était bien placée pour savoir qu'ils sont loin d'être tous efféminés, que c'est loin d'être une généralité d'ailleurs. Elle pense naturellement à se calquer sur Lysander, elle ne connaît pas le petit ami de ce dernier mais Lys est un merveilleux sujet pour son livre même si cela confère à son texte une dimension nouvelle, dans un même temps.

Alors qu'elle confie ses doutes à son interlocuteur ce dernier ne manque pas de lui donner quelques conseils et de dire, finalement, exactement ce qu'elle compter faire. Ne pas seulement définir les personnages par leur statut sexuel et leur donner une profondeur, évidemment. Leur ajouter des tics, des manies, des problèmes du quotidien et ce sans faire l'impasse sur le regard que les gens portent encore sur l'homosexualité et les répercussions que cela a sur la vie de tout les jours. La demoiselle prend tout ceci en note car cet homme a raison elle le sait bien et confirme ce qu'elle songeait déjà elle-même. La profondeur. Donner de la perspective, du relief à ses personnages, pour que les gens trouvent en eux beaucoup plus qu'une simple identité sexuelle. La demoiselle peut faire ça et dans un même temps le livre sera de toute façon largement relue et étudié avant qu'elle ne le publie. Sa maison d'édition le vérifiera sûrement. Quand à Lysander, il reliera évidemment le texte de la demoiselle en avant première et sera le premier à lui faire part de tout comportement, ou trait, grossier et inadaptés qu'il pourrait trouver elle le sait. Mais cela la dérange, aussi, d'imaginer qu'elle puisse contrarié son ami en se plantant sur son ouvrage à propos des gens comme lui.

«- Oui naturellement, je ne compte pas faire d'eux uniquement des homosexuels et je ne gommerai pas les tracas qu'ils rencontrent et qui sont normaux, que les gens ont tendances à oublier en idéalisant le couple homosexuel en oubliant que ce sont des couples comme les autres et qui sont soumis aux mêmes problèmes, en plus du soucis évident du regard que les autres, que la société, porte sur eux et qui, si effectivement les comportements changent un peu, ne sont pas tout à fait abolis non plus, ce qui conduit encore à ce que dans de nombreux pays, ou états, les hommes n'assument pas leur attirance pour un autre homme. Ou une femme pour une femme enfin, vous m'avez comprise.»

La jeune femme achève sa part de gâteau comme elle finit de parler et un serveur arrive pour débarrasser cette assiette, aussi vite que si elle avait été dans un buffet à volonté chinois. Reportant son attention sur son interlocuteur, elle passe une main dans ses cheveux en souriant.

«- Du coup, cela vous semble un peu plus clair, un peu plus... profond ? »

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Re: Ludwig * It's not a masterpiece but I'm proud of this book.
Jeu 21 Juin 2018 - 15:33
Ludwig n’avait de yeux que pour cette confiserie qui partait si vite sous ses yeux alanguis. Elle le mangeait, le léchait, le savourait quand lui ne rêvait que du souvenir du doux goût du sucre fondant sur sa langue en babine. Le trésor d’Eden s’élevait dans le ciel quand le serveur récupéra cette assiette où ne gisait que des miettes d’un produit sacré consumé. Il ne pouvait guère se tourner vers le réconfort des traces éphémères des sucreries d’antan, ne se contentant que de profiter de son parfum persistant. Que c’était alléchant, cet air de gourmandise raffinée. Que c’était douloureux, ce péché interdit où la mélancolie gisait sur son cœur diminué.

L’homme rêvassait, plongé dans la nostalgie des joies d’antan, quand les mots de son interlocutrice caressaient l’air de sa douce mélodie. Elle lui expliquait dans un calme pacifique, sa détermination à agir dans le sens du conseil du vieillard. Conseil qu’elle appliquait déjà, selon ses dires. Ludwig ne pipa mots, il attendait seulement la suite des événements. Un événement qui se concrétisa seulement par une question, courte et simple : était-ce clair, était-ce profond ?

L’homme resta silencieux, rien ne lui avait jamais semblé compliqué, lui qui n’était qu’un être extérieur à tout ça. Ce n’était pas lui qui était confronté au problème de l’écriture d’un roman, du jugement d’autrui et de caricatures possibles. Lui n’était qu’un client de plus dans un café d’Hambourg, au détour d’un chemin que l’aurore illuminait de sa beauté incendiaire. Lui, il n’était personne. Qu’une croisade, qu’une passade. Un être qu’on croise et qu’on oublie. Un fantôme du passé piégé dans le présent. Un présent que les secondes transforment en passé. Un passé qu’on délaisse comme on délaisse les tombes des aïeuls. Ludwig sentait que cette discussion n’était qu’un mirage de plus dans l’océan de souvenir de cette jeune femme, un mirage qui s’effacera au détour d’une rue, et pourtant, ce mirage était important. Il l’était dans le moment présent. Et c’est ce qui le motivait à prendre au sérieux ce futur écho du passé. Cet écho qui lui faisait oublier, le temps d’un instant, sa solitude vieillissante. Il se sentait, pour une fois, important. Il n’était plus un inconnu méconnu. Il était un individu à qui on posait une question. À qui son opinion comptait. Le temps d’un instant, le temps d’un moment, mais c’était son moment. Le sien et à personne d’autre.

Ludwig se sentait fantôme, mais un fantôme important. Et dans la sagesse des êtres terre-à-terre, il lui répondit dans une logique impassible.

"Certes, c’est clair et dans l’idée, c’est profond, mais ce ne sont que des intentions. Pour le moment, personne ne peut juger de la clarté et de la profondeur d’un projet sur la simple base d’un pitch. Ce n’est pas l’idée qui fait la profondeur d’une œuvre, c’est la manière dont on l’exploite. Bien des histoires ont des synopsis basiques, mais dont la profondeur est établie par sa simple évolution, par son simple scénario. C’est aussi ça qui rend l’œuvre unique. – Ludwig fit une pause qu’un geste d’épaule prévenait de son incertitude – Vous me demandez si c’est profond et clair, je ne peux vous le dire, je le saurai que lorsque j’aurai lu votre livre. Mais ce n’est encore qu’un projet. On est encore au stade de l’embryon."

Le vieil homme ne cherchait pas à être désagréable ou désobligeant, mais il ne cherchait pas non plus à être conciliant. L’auteure lui posait une question et lui, il lui répondait. Gentil ou pas, peu lui importait, il n’y a que la vérité qui peut aider. Il ne souhaitait pas être responsable des illusions chimériques de son interlocutrice. Alors la vérité éclatait, froide et limpide, elle aspergeait tout sur son passage, même les egos.
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Ven 22 Juin 2018 - 3:30
La jeune femme questionne son interlocuteur, demande des précisions sur ce qu'il pense de son œuvre prochaine, de ce qu'elle lui résume, même si un résumé ne fait pas un ouvrage. Il est un bon indicateur toutefois parfois de la qualité à venir du bouquin, principalement lorsque l'auteur n'en est pas à son coup d'essais. On sait un peu ce que vaux la plume de l'auteur et même si personne n'est à l'abri d'un foirage, en général cela reste un bon indicateur tout de même tu potentiel de l'ouvrage à venir. La jeune femme l'interroge donc, puisqu'il ne cesse de la conseiller depuis tout à l'heure, s'impliquant dans ce prochain texte, disséminant quelques recommandations au fil de cette discussion, que la demoiselle prend avec beaucoup de sérieux comme elle a conscience que son public et les critiques constructives peuvent l'aider à avancer.

Mais sur cette question l'homme n'est guère engageant alors qu'il rappelle qu'un résumé n'est jamais qu'un résumé et que, par conséquent, il ne peut se confier sur la profondeur du livre à venir, à ce stade de ses connaissances. Certes, mais la demoiselle aurait supposé qu'il avait tout de même une vague idée de ce à quoi il pouvait s'attendre et ce même si en effet elle n'écrira rien dans le même genre que la fois précédente mais un ouvrage réaliste, plus terre à terre, pour s'attaquer à des problèmes de société. Oui, ce livre était certes très autobiographique du fait qu'elle-même nourrissait une passion interdite pour un homme, homosexuel et heureux en ménage qu'elle se refusait à draguer, mais c'était aussi un ouvrage qui avait pour vocation de faire avancer la pensée sur la question des homosexuels et de permettre à ces derniers de s'identifier à de nouveaux personnages dans la littérature. De plus, le fait d'être soutenu par une auteur qui était mine de rien reconnue pour sa première œuvre pouvait fournir une assurance auprès de la majorité des adolescent qui avaient aimés son premier livre et qui seraient peut-être sensible au second et par extension, sensibilité aux problèmes de la question homosexuelle et, au-delà, LGBT+

«- Oui naturellement je comprend ce que vous voulez dire il est délicat de se prononcer sur la seule base de ce que je raconte ici et l'avis final, définitif dirais-je ne pourra se construire qu'au moment de la lecture, de la découverte. Cependant, à ce stade et avec mes éclaircissement, que pensez-vous finalement de e texte sur lequel vous étiez au début, à priori quelque peu sceptique ?»

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Ven 22 Juin 2018 - 18:11
A ce moment précis, Ludwig se sentait père. Non pas que son interlocutrice lui rappelait ses filles ou qu’il se sentait paternaliste envers elle, mais parce qu’il avait l’impression qu’il devait rassurer cette femme comme on rassure un enfant. La peur qu’elle ressentît d’un potentiel échec ou d’un livre sans saveur tiraillait la jeune femme selon lui. Son souci de profondeur et de clarté était admirable aux yeux de Ludwig mais tout n’était que subjectivité.

Fixant cette demoiselle où les rayons du soleil se reflétaient sur ses cheveux miel, il percevait dans ce regard scrutateur où le ciel s’épanouissait dans la beauté de ces iris, l’attente interminable d’une réponse libératrice. Ludwig avait le pouvoir. Et toute la pression qui va avec. Il sentait sous ses fines lèvres le poids des mots qu’il s’apprêtait à dire. La pesanteur d’une décision lourde de sens. Il n’avait pas le contrôle sur la vie d’autrui, mais il pressentait son influence potentielle. Elle était palpable. Concrète. Il pouvait la toucher du doigt. Et pourtant, elle était fictive.

Il allait la décevoir.

"Vous l’avez dit vous-même, il est délicat de se prononcer sur la seule base de ce que vous racontez ici. Bien sûr, de nouveaux éléments sont intervenus et tout ce que je peux vous dire, c’est que c’est une piste à creuser. Est-ce que c’est la bonne ? Est-ce que c’est la mauvaise ? Je n’en sais rien. Par contre, ce que je sais, c’est que mon opinion n’a pas tant changé que ça. Si l’histoire que j’imagine est la même que vous allez écrire, alors oui, votre histoire est bien. Mais ce ne sont que mes attentes. Des attentes illusoires. Et mon opinion, je ne la base pas sur ça mais sur ce que vous avez dit que vous allez écrire. Et ce n’est pas encore suffisant pour me convaincre entièrement."

Ludwig se pencha en avant, écartant son thé et son eau de ses bras, il scruta de ses yeux sexagénaires, ceux océans de son interlocutrice et d’une voix feutrée, il reprit son monologue.

"Si vous voulez réellement savoir si votre livre répondra à des critères de profondeur, de clarté ou du moins à mes critères, il y a un moyen très simple de le savoir : soit vous me raconter l’intrigue et la fin mais vous me gâchez la joie de découvrir votre livre, soit vous me raconter la 4ème de couverture comme si c’était un lecteur qui le lirait dans une librairie."

On pourrait appeler ça du sadisme, mais Ludwig savait que c’était un bon exercice. En faisant prononcer à voix haute, les idées qui allaient constituer le cœur de son roman, l’auteur pourrait percevoir la pertinence de son intrigue. Si jamais rien ne se passait de ce côté-ci, cela clarifiait au moins la vision de l’homme face au propos de la romancière. Tout au long de leur conversation, il avait cerné que le point de vue de son interlocutrice sur son livre évoluait, mais à aucun moment, il n’avait senti la concrétisation de cette évolution. L’idée de la romancière s’affinait quand la sienne restait floue.

Ludwig la décevait sûrement, mais au moins, il était honnête. Elle essayait de savoir si sa piste était bonne. Qui sait ? Elle essayait de savoir si Ludwig était un lecteur potentiel qui deviendrait lecteur officiel à la sortie du livre. Peut-être.

Ludwig ne sait pas. Ludwig n’en sait rien, mais il est franc.
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Sam 23 Juin 2018 - 2:10
La demoiselle le questionne, encore, pour tenter de clarifier ses pensées, s'assurer de la justesse de ce qu'elle souhaite transmettre et traiter. La jeune femme se confie à lui puisque l'homme lui répond, même si elle espère ne pas l'agacer par toutes ses questions. Après tout il a été le premier à l'interroger sur son prochain livre, le premier à montrer de l'intérêt pour la question. Ayant manifesté son inquiétude par la suite, il est vrai que la demoiselle cherche maintenant à le convaincre, de peur peut-être qu'il ne juge l’œuvre avant que celle-ci ne soit écrite. Tout auteur a toujours peur de se planter probablement et ce n'est pas parce que la demoiselle a écrit des nouvelles avant cela, qu'elle a moins peur en soit. Elle se pose toujours un tas de questions quand elle écrit et sentir que son œuvre est déjà plus ou moins négativement jugée avant d'être écrire ne manque pas de la perturber, de la déstabiliser.

Alors elle l'interroge, cherche à en savoir plus, défend son ouvrage et ce qu'elle projette pour celui-ci en en disant toujours un peu plus à son interlocuteur, sans parvenir cependant à satisfaire ce dernier, de toute évidence. La jeune femme essaie, pourtant, en dévoilant chaque fois un peu plus sur ce qu'elle espère faire. Et finalement il demande le résumé complet du livre, alors qu'elle ne l'a pas écrit, alors qu'elle est loin encore, elle-même, d'en connaître tout les tenants et les aboutissants, même si elle a une idée de ce qu'elle veut faire. Ce n'est rien de bien précis encore pour le moment et elle n'est pas plus capable de faire une quatrième de couverture là tout de suite dans l'immédiat.

«- Ce sera difficile pour l'un comme pour l'autre car je n'en suis aux débuts de ma pensée je n'ai pas encore pensé à toute l'histoire pour vous en faire un résumé, ni même à toute la trame pour vous parler de la quatrième de couverture, je m'occupe de cela toujours plus tard, quand j'en suis à un stade d'écriture un peu plus avancé.» annonce la demoiselle en adoptant un sourire légèrement gêné comme elle regrette de ne pas pouvoir lui en dire d'avantage pour le moment, non pas qu'elle ne le veuille pas mais elle n'a pas tout les éléments en main pour le faire. Écrire un livre prend du temps, évidemment. «Et vous alors, que faites-vous dans la vie ?.»

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Jeu 28 Juin 2018 - 20:01
Qu’est-ce que vous faites dans la vie. Une phrase toute simple qui montrait le changement de tournure dans la discussion. On ne parlait plus du livre, on ne parlait plus d’elle, on parlait de lui. Un être qu’on croise et qu’on oublie. Un ancêtre qui, le temps d’un instant, n’est plus qu’un vieil homme, mais aussi un individu, avec toute son histoire et toute sa personnalité. Ludwig sentait la fierté et la joie se manifester dans son cœur, mais il savait qu’il n’était qu’une personne de plus dans le génocide des oubliés. Que cette conversation était l’unique moment de son existence dans l’esprit de son interlocutrice avant de redevenir poussière. Pourtant, il devait en profiter. Une occasion ne se représente pas deux fois. Mais était-ce vraiment judicieux ? Etait-il vraiment de nature à rendre cette conversation intéressante ? Le vieillard allait répondre puisqu’une question posée amène un retour, mais il ne se sentait pas l’âme d’un sujet de conversation.

"Je suis un entrepreneur. J’ai une agence de voyage sur Bergedorf. C’est pour cette raison que je suis tant attaché à l’aspect marketing de votre roman. Je suis un vendeur et mon métier est la vente. Votre livre n’est pas différent d’un produit qu’on trouve dans les supermarchés. Dans le monde capitaliste que nous sommes, les éditeurs et les librairies ne vendent que les livres porteurs pour le commerce. Un roman sans attrait commercial sera refusé ou non mis en valeur. Il est déjà très compliqué de séduire les clients potentiels qui lisent au moins 4 ou 5 quatrièmes de couverture avant de choisir un livre, alors autant mettre toutes vos chances de votre côté en séduisant aussi les commerciaux. Vous avez du succès et de la renommée, c’est déjà ça mais ce n’est pas suffisant. Si votre quatrième de couverture n’est pas attractive, votre livre sera relégué au profit d’un autre, peut-être moins bon, mais plus vendeur. Mais je ne suis pas écrivain, donc peut-être que ce que je dis est à prendre avec des pincettes. Et si ça se trouve, je ne suis tout simplement pas la cible de votre prochain livre. Donc qui suis-je pour parler ? Ne faites pas attention, je ne suis qu’un vieil homme de plus dans un café."

Ludwig regretta cette dernière phrase. Il venait de se réduire à tout ce qu’il refusait d’être uniquement. Il avait une histoire, des sentiments, des objectifs, un rêve et un futur, aussi court soit-il. Il était un individu comme les autres. Avec toutes les palettes de couleur de son existence. Et lui, il venait de le renier. Et pourquoi ? Pour ne pas vexer cette parfaite étrangère.

Ludwig allait arranger ça. Il ne pouvait se redonner de l’importance aux yeux de la romancière, il n’avait pas ce pouvoir-là, par contre, il pouvait s’épargner les phrases de complaisances hypocrites, et offrir à cette femme, un sujet qui pourrait davantage lui plaire. Ce qu’il avait appris dans sa vie, c’est que les gens aiment parler d’eux-mêmes, tant qu’on aborde les bons angles. Le vieillard en était la preuve vivante. Il avait ressenti de la joie quand le sujet s’était porté sur sa vie, mais il avait du mal à croire qu’il pourrait se rendre intéressant aux yeux de cette femme. Son métier était de se rendre sympathique, mais là, il n’y avait aucun enjeu. Il avait chaud. Il avait faim. C’était un homme avec une tasse de thé diététique en face à face avec un être mangeant des gâteaux tout sauf diététique. Pourquoi lutter ? Pourquoi se vendre quand il ne recroiserait plus cette dame ? Pourquoi peindre son existence quand le temps allait gommer sa toile. Il n’était qu’une âme du passé. Alors faisons que ce passé soit attrayant pour les deux parties.

"Comme je vous l’ai dit, je ne suis pas écrivain donc peut-être que c’est une question idiote, mais vous m’avez dit que vous écrivez à l’inspiration. N’avez-vous pas peur d’oublier des éléments qui pourraient rendre votre livre encore plus intéressant si vous avez laissé le temps jouer son rôle ? Prendre du recul peut permettre de trouver de nouvelle idée ou les améliorer, comme un élève qui ne se souvient après avoir rendu son contrôle, une réponse qui pourrait améliorer sa note. N’avez-vous pas peur qu’en ne prenant pas de recul, vous oubliez des idées ? Si vous relisez votre premier roman, le referez-vous réellement de la même manière, mot pour mot ou feriez-vous quelle que modification ?"


Là était le sujet qui turlupinait l’aïeul, il s’était promis de revenir dessus, alors il le faisait. C’était pour lui une promesse d’une délivrance. Une idée qui le sauve d’un précipice. Une roue de secours qui le libère d’une situation compromettante. Celui de l’ennui. L’ennui d’ennuyer son interlocutrice par sa vie de voyageur au cœur brisé, aux peurs inavouées, aux embûches surmontées et aux plans florentins.
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Ven 29 Juin 2018 - 0:18
La demoiselle le questionne, finalement, curieuse de découvrir le métier qui peut occuper un tel homme chaque jour, même si elle en a une vague idée, en se basant sur le discours qu'il ne cesse d'avoir depuis tout à l'heure, évidemment. La jeune femme attend sa réponse, patiemment et son hypothèse s'étoffe mentalement alors que le silence glisse entre eux pendant quelques secondes. Quelques secondes qui permettent à la demoiselle d'avoir d'autres idées sur le métier que cet homme peut exercer, même si elle le voit vraiment bien dans le monde des affaires. Peut-être parce que sa pensée est vraiment très différente de celle de la demoiselle. Qui est une artiste et a grandit dans un tel milieux, auprès de parents eux-même artistes.

Elle l'avait supposé, l'homme le lui confirme. Il a une agence, à lui, à Bergedorf, une agence de voyage. Pour lui ce qui compte c'est la rentabilité. C'est le bénéfice, le profit. C'est ce qui fait que l'un et l'autre ne seront jamais totalement d'accord sur la question de l'art. Là où l'homme voit de la rentabilité, Astrid voit l'expression d'un sentiment, d'un message à transmettre, d'une sensibilité à laisser fleurir. La demoiselle pense d'abord à l'imagination, parce que c'est son moyen de travailler et que l'art pour elle ne résulte pas de quelques calculs d'investissements que ce soit. L'art, s'il est trop réfléchis, peut-il encore demeurer de l'art ? Il ne faut pas que le contenu soit vide, mais Picasso, Van Gogh... seraient-ils les hommes que l'on connaît s'ils avaient respectés les codes, suivis les valeurs sûres des normes de l'époque ? Ils ne seraient plus de grands noms, ils n'auraient rien amenés à la peinture. Ils ne seraient plus qu'un nom dans un dictionnaire d'art, seulement ouvert par quelques étudiants une à deux fois l'an.

«- Mon livre est totalement différent, en fait, d'un produit que l'on trouve en supermarché monsieur. La différence entre votre vision et la mienne réside dans ce capitalisme, justement. Pour vous un livre doit forcément rapporter du bénéfice et c'est normal, vous êtes un homme d'affaire, c'est ce que les gens comme vous savent faire de mieux, en somme. Vendre. Générer du profit. Mais je suis une artiste, je suis née dans une famille d'artistes et j'imagine que ce sont deux pensées qui ne peuvent pas tout à fait s'accorder. L'art est pour moi l'expression d'une imagination, de sa sensibilité propre mais... ce n'est pas la réponse à un algorithme quelconque ou une étude de marché savamment réalisée.» objecte la demoiselle.

Les deux visions étaient peut-être trop opposés pour qu'ils tombent d'accord sur ce point, ce qui ne l'empêchait pas d'écouter les conseils de l'homme et de les garder dans un coin de sa tête, à toute fin utile, parce que cela pouvait toujours servir. Parce que tout conseil est, en soit, bon à prendre, tout du moins à écouter.  La demoiselle lui adresse un hochement de tête comme elle allait le questionner de nouveau, mais le voilà qui la devance et reporte la conversation sur le métier de la demoiselle et l'écriture de son prochain livre.

«- En soit, comme je travaille d'abord la trame, que j'étoffe ensuite en rajoutant des intrigues sous-jacente ect, je passe pas mal de temps à établir le synopsis, le fil de l’œuvre, je reviens ainsi plusieurs fois dessus et je rajoute des choses au fur et à mesure, donc je ne dirais pas vraiment qu'il n'y a pas de recul. C'est quand-même malgré tout quelque chose de travaillé, de réfléchis et je pense que je rajouterais forcément de nouvelles choses, parce que l'imagination est en perpétuelle évolution, regardez J.K Rowling, elle ne cesse d'alimenter son univers, en permanence. Mais je pense que malgré tout, je referais pratiquement la même chose, à quelques virgules près. J'aime l'histoire que j'ai écrite, j'ai pris plaisir à l'écrire et je pense que c'est le plus important en fin de compte. Toutefois..... vous ramenez la conversation sur moi, en la détournant de vous-même... Pourquoi ce métier ?»

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Lun 16 Juil 2018 - 22:44
Le soleil se mouvait dans son cycle éternel du jour et de la nuit sous le regard indifférent de deux individus occupés. L’un aux doux cheveux de neige écoutait inlassablement le flot de paroles de la belle aux jais ensablés. Son calme olympien contrastait avec la sectorisation de ces propos. Aucun mal ne sortait de ses lèvres et pourtant, ses verbes étaient si binaires. C’était là la rencontre immuable et classique du commercial et de l’artiste. Éternelle et récurrente, ses visions divergentes se retrouvaient tant de fois, dans la fatalité des liens, que la destinée remettait inlassablement sur le chemin de l’histoire. Combien d’artistes s’étaient vus recaler par le manque d’attractivité commerciale de leur œuvre, combien de vendeur s’était vu offrir une œuvre qui était si peu racoleur, combien de créatif s’était vu relayer sur le pan de la porte, là où leur art aurait révolutionné le monde. Bien des artistes ont failli, certains en ayant eu leur chance, d’autres après avoir connu la joie du succès et les derniers cas se sont échoués avant même de pouvoir commencer, les portes fermées devant leurs yeux désemparés. Aucun n’avait tort. Aucun n’avait raison.

Aux yeux du monde, les commerciaux sont les moutons noirs de la société. Capitaliste et froid, ils refusent la beauté de l’art au profit du verdoiement des montagnes de dollars. Mais la réalité est-elle aussi cynique ? Il est si aisé d’en vouloir à ceux qui disent non, mais prenons-nous réellement en compte toutes les raisons du refus. Les commerciaux ne refusent pas que pour des aspects financiers, ils refusent également par considération envers les clients. Bien sûr, il y aura toujours des producteurs qui produisent que pour l’attrait des billets verts, mais ne répondent-ils tout simplement pas aux attentes de la société ? Ne produisent-ils tout simplement pas ce que les gens veulent trouver ? Être submergé de mauvaise œuvre parce que des artistes pensent avoir raison et être digne d’avoir une chance au nom de l’art, ne provoquerait-il pas un dégoût de l’œuvre en général. De l’art en lui-même ?

Bien des artistes pensent que leurs créations sauront toucher la société, révolutionner les mœurs, trouver son public, mais la réalité est-elle aussi simple ? Croire que notre vision est partagée par autrui est une grande erreur. Croire qu’elle va être acceptée, reconnue et adoptée par les autres, c’est une illusion. Tant d’hommes ont cru que leur vision du monde était la bonne, que ce soit dans les milieux de la politique, les arts ou même les affaires. Mais quand le jour se lève, quand les rêves s’éteignent, y croient-ils toujours ?

Personne n’a raison. Personne n’a tort. Les commerciaux décident des œuvres dites de qualité qui seront présentés au grand public, mais comme tout être humain, ils se trompent parfois. Les artistes s’emballent et proposent leur art, mais comme tout être humain, ils se fourvoient parfois. Ludwig entend les propos de son interlocutrice. Il la comprend, il sent l’artiste en elle, il la reconnaît, mais c’est un commercial, il se méfie des grandes inspirations qui ne reste qu’au stade des bonnes volontés. Heureusement pour elle, il n’a aucun pouvoir, mais le grand public, lui qui a le pouvoir, est-ce qu’il l’acceptera ? L’homme restait sceptique tandis qu’elle répondait à sa question sur sa méthodologie de travail.

Sa méthode ne lui disait rien. Il n’était pas écrivain, il ne pouvait en juger. Etait-ce la meilleure approche, était-ce la mauvaise ? Qui était-il pour le dire ? C’était pour lui qu’une méthode parmi tant d’autre. Une façon d’agir qu’il ne ferait jamais.

Et tandis qu’il terminait sa tasse de thé que le temps avait apaisé de sa chaleur, l’homme sentit la conversation prendre un virage délicat.

"Pourquoi ce métier ?"

Une simple question en apparence, anodine, innocente et banale qui pourtant était si ombrageuse dans l’esprit du vieil homme. Comment pouvait-il parler de ce père prétendument disparu et dont les grands oiseaux de métal et les voyages le faisaient naïvement croire qu’il se rapprochait de lui ? Comment parler de Troes, cet individu qui incarnait à lui seul la solitude des êtres vieillissants. Comment exprimer les rêves d’enfant brisées par la réalité de la cruelle vérité ? Raconter dans la banalité des conversations de trottoir, les déboires du passé ? Ludwig ne s’y risquerait pas. Même à 63 ans, il y a des sujets qu’on ne peut pas parler ; que les cicatrices des temps anciens ne sauraient disparaître. Même à 63 ans, on peut encore souffrir.

"J’ai un diplôme en administration des affaires, j’avais envie de créer ma propre entreprise et le marché du tourisme était en plein essor. J’ai donc saisi ma chance et depuis, je prospère. Fin de l’histoire."

L’entrepreneur résuma la consécration de sa vie par cette simple phrase. Si en temps normal, il aurait pu en parler pendant des heures, il sentait que l’aspect commercial n’était pas un sujet très racoleur pour son interlocutrice alors il lui épargna ce calvaire. Il savait si bien le poids des conversations non désirées.

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Mar 17 Juil 2018 - 0:33
Ils étaient tout deux bien différents, très différents, peut-être trop à vrai dire. L'artiste et le commercial, deux âmes qui ne pouvaient pas forcément coller ensemble. Les artistes sont ces êtres rêveurs qui ne demandent qu'à s'exprimer selon leur bon droit, selon leurs désirs, selon leurs rêves. Lui voyait forcément beaucoup plus l'aspect financier et le simple fait de vouloir offrir « le meilleur» à sa clientèle révélait surtout l'envie de lui offrir ce qui pourrait la contenter le mieux. Les commerciaux s'attachaient surtout à ce qui se vendrait le mieux, pas à ce qui était de meilleure qualité. C'est comme cela en tout cas que bien des gens voyaient ces capitalistes. Astrid ne pouvait pas être sur la même longueur que lui, parce qu'elle n'avait pas ce désir de plaire forcément au plus grand nombre, mais seulement le désir de pouvoir créer et s'exprimer en toute indépendance. Elle trouverait bien un public pour ce qu'elle faisait, après tout. Ce n'est pas la quantité de vos followers qui compte, mais leur qualité.

«- Excusez moi, prenons le problème autrement, si vous le voulez bien.. Peut-être que vous comprendrez davantage ce que je veux dire. Vous savez, par exemple, que Marcel Proust avait d'abord été refusé par les maisons d'éditions ? Pour du côté de chez Swann qui est publié à compte d'auteur, plus tard, chez Grasset. Le succès a provoqué les remords d'André Gide, lui aussi grand auteur Français. Mais le cas se représente pour Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell, refusé par Gallimard en 1936, avant d'être racheté à Hachette par ce même Gallimard et le livre est tiré à 385 000 exemplaire, en 1939. Stephen King a eut le même problème, c'est trente auteurs qui l'ont refusé... Quand à Harry Potter, de J.K Rowling, qui est probablement l'oeuvre qui a faillit ne pas être publié et qui a fait le plus de bruit au cours des dernières années, douze maisons d'édition l'on refusé. Aujourd'hui, derrière Marvel, c'est toujours l'oeuvre qui fait le plus de bénéfices du fait des rééditions de livres, des films et multiples produits dérivés.» fait observer la demoiselle. «Aussi quelques fois, je pense que les artistes devraient se faire plus confiance. Si ceux-là avaient abandonnés, cela n'aurait-il pas été dommage ?» fait-elle remarquer.

Elle comprend le point de vu des commerciaux, mais pour autant sait qu'ils peuvent faire des erreurs et quand bien même une œuvre n'a pas le même succès qu'Harry Potter, vaut-elle pour autant de ne pas être publié ? C'est aussi une question de sensibilité, pour tout ce qui relève de l'art. Quoi qu'il en soit elle se questionne sur l'homme et sur ses choix de vie. Pourquoi un tel métier. La réponse de l'homme est brève, comme s'il voulait s'en débarrasser et de nouveau il refourgue la question sur la jeune femme. Evidemment. C'est elle qui se trouve interrogée, de nouveau.

«- Oui toujours ! Enfin presque, mais du plus loin que je me souvienne j'ai toujours plus ou moins écrit. Adolescente, déjà, pour des concours de nouvelles ou de romans, sans les publier par la suite, mais c'était un bon entraînement malgré tout. » répond la jeune femme en passant une main dans ses cheveux. «Vous n'aimez pas parler de vous, je me trompe ?»

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Jeu 26 Juil 2018 - 17:56
Au fil de leur conversation, l’homme ne fut pas un seul instant perdu par le flot d’informations qui s’échangeaient entre eux. Et pourtant, une simple phrase avait su chambouler tout son rythme, toute sa pensée. Une simple chaîne de mot et de verbe qu’une femme sortait au détour d’une discussion. Une simple accroche amorcée par une excuse. On venait de revenir dans le passé. En un instant, on venait de remonter deux minutes plus tôt. Ludwig ne s’y attendait pas. Il n’était pas prêt, et dans le roulement des machineries à la peine, son cerveau cherchait à reprendre le fil de leur discussion.
On était de retour sur le conflit sempiternel des commerciaux et des artistes, avec en prime, une apologie des erreurs monumentales des commerciaux avec les artistes. Pourtant, Ludwig persistait à penser que tous n’étaient pas des erreurs. Certes, avec ces artistes-là, oui, mais avec tous les artistes non.

Alors que la conversation vaguait sur le passé d’écrivaine de la jeune femme avant de s’orienter de nouveau sur lui, Ludwig sentait la nécessité de répondre à la protestation de la demoiselle dans leur débat animée.

"J’ai déjà admis que les commerciaux pouvaient faire des erreurs. Pourquoi revenir dessus et appuyer sur ce point alors que je l’ai déjà concédé ? C’est faire la condamnation de cette profession. Bien sûr, ces auteurs ont bien fait de refuser d’abandonner, mais est-ce que tous les écrivains amateurs sont aussi talentueux qu’eux ? Je ne pense pas. S’il n’y avait pas de commerciaux dans les maisons d’éditions, le marché du livre se retrouverait affublé de mauvais romans au côté d’excellent livre. Est-ce là ce que vous prônez ? Et puis pourquoi ces tous les livres devraient être publiés ? Juste parce que des gens ont pris le temps de l’écrire ? Parce qu’ils ont écrit un livre donc ils seraient des artistes ? Au nom de l’art ? L’art n’est-il pas justement appelé « Art » parce qu’il est sélectif ? De plus, les éditeurs refusent également des romans au nom de leur charte éditorial. Ils ne vont pas publier des romans noirs alors qu’ils sont spécialisés dans des livres jeunesses. Parfois, le refus ne vient pas de l’artiste ou d’une erreur du commercial, mais du mauvais choix d’éditeur. Quant à savoir pourquoi je parle peu de moi – Ludwig passa une main sur son visage. Il sentait le poids tropical de la chaleur sur son corps fripé. Alors d’un simple mouvement, il évacua, dans une veine illusion, la chaleur de son être et répondait, dans une voix lasse que la fatigue des degrés Celsius accablait, à la jeune femme patiente. – C’est juste que je suis un commercial et que cette profession ne semble pas vous enchanter, donc je préfère éviter de vous ennuyer avec ce sujet en mobilisant notre conversation sur ça. Je ne tiens pas à tous gâcher."

Même s’il songeait qu’il l’avait peut-être fait en étant en désaccord avec elle. Pourtant, Ludwig ne s’avouait pas vaincu. Il connaissait son opinion et l’affirmait. Il souhaitait juste qu’elle admette que sa vision des artistes n’était pas aussi bucolique que ce qu’elle semblait affirmer. C’était peut-être un objectif ambitieux, un espoir insensé, mais s’il ne pouvait gagner la guerre, il voulait au moins gagner cette bataille. Ne serait-ce que par orgueil.
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Re: Ludwig * It's not a masterpiece but I'm proud of this book.
Jeu 26 Juil 2018 - 21:01
La jeune femme passe une main dans ses cheveux alors que le débat se fait passionné, chacun défendant sa position, sa vision des choses, alors qu'ils ne semble pourtant pas en mesure de tomber d'accord l'un avec l'autre, chacun ayant sa propre vision des choses et un métier pour impacter cette vision dans un même temps. Ils sont peut-être de deux mondes beaucoup trop différents pour parvenir à trouver un accord sur ce sujet de conversation et ce même si la demoiselle admet volontiers que l'homme est de bon conseil sur la portée de son roman et la manière dont ce dernier sera sélectionné. Et dans un même temps la jeune femme soutient pour sa part le droit à la création, à l'imagination, à la non conformité. Si l'art doit entré dans un cadre, peut-il rester de l'art ? Les codes sont-ils à ce point clairement définis ? Le fait que les commerciaux cherchent à trouver uniquement ce qui va bien se vendre n'est-il pas un frein à la liberté de création ?

Elle hausse les épaules, à la question de l'homme, comme ce dernier demande si elle souhaite que tout les livres soient publiés, même les mauvais, sous prétextes qu'ils sont été écrit, que les gens ont passés du temps dessus. Ce n'est pas tout à fait ce que pense la demoiselle mais elle ne peut pas non plus dire qu'elle ne pense pas ainsi. C'est plus compliqué que cela.

«- Je pense que tout le monde a ses chances et que l'art n'est pas seulement un moyen de faire de l'argent, que c'est avant tout un épanouissement personnel, il n'y a pas d'art si l'on aime pas ce que l'on fait. J'en dis que l'on peut ne pas vouloir nécessairement vendre beaucoup, mais vouloir écrire ce qui nous plaît. Les commerciaux vendent pour faire du profit, c'est là leur métier. Et la qualité reste, au demeurant, bien suggestive. Je ne parle pas des lignes éditoriales pour le coup, naturellement. Ce que je veux dire c'est que l'objectif du commercial et de l'artiste n'est pas forcément le même. Ils ne poursuivent pas forcément le même but, d'après moi. Sinon, bon nombre de peintres n'avaient rien compris.» fait remarquer la jeune femme.

Combien, en effet, sont devenus célèbre de leur vivant à une certaine époque ? Van Gogh était l'exemple frappant de cet artiste qui ne s'était pas plié aux codes, qui avait fait ce qu'il souhaitait, envers et contre tout, malgré les finances amoindries. Il était devenu célèbre dans sa mort finalement, parce que ses œuvres sortaient du cadre, n'étaient pas ce que l'on attendait. Pourtant aujourd'hui on admire son génie et son nom est passé à la postérité.

«- Je comprends ce que vous voulez dire. Maintenant si je pose la question c'est qu'en parler ne me dérange pas vraiment.» répond la jeune femme en le gratifiant d'un sourire. «Nous avons je crois bien trop parlé de moi, déjà.»

♔♔♔


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